Depuis quelques années, la pop chantée en français semble enfin se débarrasser de son complexe d’infériorité vis-à-vis de sa cousine anglo-saxonne, et des dizaines de groupes aux idées ambitieuses déboulent désormais des six coins de l’Hexagone, souvent repérés en premier lieu par le label fureteur La Souterraine, dont les excellentes compilations ont été récemment saluées jusqu’au très branché webmedia américain Pitchfork. C’est donc un sérieux gage de qualité pour 2024 qui se voit offrir la possibilité de sortir son premier album sur le label parisien. Il faut dire que ce nouveau projet de Thibaut Kret (Bud McMuffin, Blind Bud & The Loire Valley Calypsos) est rapidement addictif. Malgré des arrangements très sophistiqués, chaque titre n’a besoin que d’une poignée d’écoutes pour coller au ciboulot pendant des jours («Pré-Histoire», «A La Dérive», «Éprouvette», «Talismans»…). C’est que 2024 a l’art du gimmick autocollant et de la mélodie chewing-gum. Ce qui ne signifie pas que le groupe privilégie l’efficacité à l’originalité. Si «Abel et Mélissandre» et «Les Temps Heureux» sont très gainsbouriens (période «L’Homme à Tête de Chou»), le reste de l’album zigzague entre les références 60s et 70s sans qu’on arrive trop à lui coller la moindre étiquette. Écoutez «Zéphyr» et son hallucinante montée psychédélique, «L’Horizon» et son esprit garage, ou encore ce superbe «Oh Tu Sais» aux guitares velvetiennes : 2024 donne envie de croire en l’avenir.