UNE BONNE VOIX POUR TOUS·TES

26.11.2025

Un récent article du journal Libération documente les débats houleux des fans de Radiohead au sujet de la justesse du chant parfois aléatoire de son frontman Thom Yorke, lors des concerts de reformation du groupe ces dernières semaines. Outre que ça fait bien déjà 20 ans que ces débats se tiennent en ce qui concerne le chanteur oxonien, cette anecdote nous fait nous demander si à l’heure de l’IA et de ce qu’on pourrait pudiquement appeler le « support vocal » (qui permet par exemple à certain·es artistes sur scène de pouvoir chanter haut et fort (et toujours juste !) tout en se lançant dans d’époustouflantes chorégraphies échevelées, le micro parfois à 70cm de leur bouche) on n’aurait tout simplement pas un peu oublié que la voix est humaine, comme l’erreur. Et qu’elle est donc faillible. Mais elle est également souvent le vecteur d’émotions incroyables qui réussit à faire vibrer collectivement des foules de gens qui n’ont parfois aucun autre point commun que cette corde sensible qui nous diffère encore un peu -du moins pour le moment- d’une machine sans âme. Preuve par l’exemple avec quelques voix angevines portées par l’actualité…

Aucun besoin de support vocal et des émotions à foison dans la voix d’Aurélie, la Grise de Grise Cornac, comme vous pourrez le constater lors de cette captation live de leur magnifique « Pluie » pendant la release-party au Chabada le mois dernier. Le duo est entré en osmose avec son public, Grise guidant les montagnes russes émotionnelles des gens dans la salle à grand force de cris, de murmures, de hoquets, de rires, de complaintes, d’hymnes à l’amour et à la liberté, et nous en sommes tous·tes ressorti·es un peu transformé·es, amélioré·es. J’espère que vous étiez là…

On retrouve également Quentin, le Cornac de Grise Cornac, aux arrangements d’un nouveau titre de leur copain Bastien Moh, aux mêmes préoccupations météorologico-existentielles. « Temps Mieux » est en effet une chanson à tiroirs sur nos variations climatiques intérieures comme extérieures. Et finalement, c’est vrai que c’est lorsque le soleil rencontre la pluie que cela crée le plus bel arc-en-ciel ?

On reste en bonne compagnie et en poésie avec Da Pontcé. Le trio a enregistré un nouveau titre en mode live-session dans l’antre magnifique de la Galerie David D’Angers. Entre electro retro-futuriste à la John Carpenter, krautrock à la Zombie Zombie et chanson dadaïste à la Forever Pavot, ce « Salon De Coiffure » a embarqué l’auditoire dans une comptine anti-guerre sous le regard approbateur de statues plusieurs fois centenaires.

Il y a un nouveau single également pour Sweet Gum Tree. Le projet du chanteur/guitariste Arno Sojo poursuit son chemin parsemé de clins d’œil à ses inspirations pop anglo-saxonnes, des 60s à nos jours. Comme souvent avec Sweet Gum Tree, on découvre d’ailleurs dans l’ombre de prestigieux invités internationaux, cette fois-ci le chanteur Ed Harcourt (ici à la batterie et aux claviers) pour un « Velvet Underkill », sorte d’hommage au célébrissime Chelsea Hotel de NYC. Fans de Tindersticks, The Smiths ou REM, vous seriez donc bien inspiré·es de cliquer sur la video ci-dessous.

Dans les starting-blocks avant son concert aux Bars en Trans à Rennes la semaine prochaine, Dorrr en profite pour sortir un nouveau single. « I Might Be Weird » est donc le troisième extrait de son EP à venir, et le niveau ne baisse clairement pas : on reste dans une pop langoureuse et torturée, comme si The Kills fricotaient avec Elysian Fields, devant un Tricky un peu concupiscent en arrière-plan. On a hâte de découvrir l’EP entier en tout cas !

Cela faisait plusieurs années qu’on n’avait plus trop entendu parler de Zalem. Le groupe a remanié ses rangs et revient aujourd’hui avec la promesse d’un nouvel album au printemps 2026. En attendant, vous pouvez toujours patienter avec « Icarus », un premier morceau en live-session, plutôt fidèle au souvenir qu’on a de Zalem : un post-metal puissant et psychédélique, qui prend son temps (13’28 min !!) pour être bien sûr que personne ne ressortira indemne. OK, vous avez (encore) gagné, les gars, on va s’entraîner pour l’album !

Cerbère fait le Maître de Cérémonie pour l’Open Mic Tour co-organisé par Le Chabada (en plus de tas d’autres projets autour de l’Action Culturelle), mais il a quand même trouvé le temps de bichonner un EP très personnel (et on a eu ouïe dire que d’autres allaient rapidement sortir !). Cet « Âge de Glace » est porté par un single éponyme détonnant, presque rap indus à la Dälek ou Techno Animal, en tout cas ce qu’à fait Cerbère de plus dark et de plus froid depuis qu’on le connait. Le reste de l’EP est davantage fidèle au boom bap chéri de l’auteur, florilège de samples de jazz détournés, de flows en cascade, de rimes riches et de caisses claires qui claquent le cul.

Kick The Bucket surprend aussi en clippant « Pleasure », issu d’un mini-EP de 2023. Le groupe semble s’éloigner du rock-grunge-fusion très 90s qui le caractérisait jusque-là et paraît s’amuser beaucoup dans ce morceau power-punk efficace où tout est fait pour que le public en concert puisse lui aussi donner de la voix !

Rédaction : Kalcha