Eustache

Chronique d’une (dé)conversion musicale

29.10.2025

Si, comme moi, vous faisiez partie des chanceux et chanceuses présent·es ce mardi 7 octobre 2025 au Chabada, vous n’avez sûrement pas oublié la performance du duo justement nommé Nova Twins.

Car oui, il y avait ce soir-là quelque chose venu d’ailleurs dans leur show : un style radical, viscéral, qui prend aux tripes.

Depuis le bord de la scène, j’ai pu voir toute l’énergie débordante d’Amy Love, guitariste et chanteuse, et de Georgia South, bassiste virtuose. Nos deux Anglaises ont bondi, rugi et fait trembler les murs pendant tout leur set.

Certain·es objecteront — à raison — que leur musique est bourrée d’effets (un nombre de pédales à faire pâlir un·e ingénieur·e du son). Mais au regard de leur formation minimaliste — elles deux et un batteur — ces artifices servent surtout à créer un son dense, brut et un show dont on ne décroche jamais.

On dit de leur musique qu’elle oscille entre punk et grime. Peu importe l’étiquette : ce soir-là, dans la grande salle du Chabada rempli de fans de métal, punk ou rock bruyant, tout le monde s’est laissé embarquer par cette furie de guitares et par la voix parfois hurlante d’Amy.


Nova Twins – Octobre 2025 © David Pillet

C’est toute la force d’un lieu comme le Chabada : faire découvrir au plus grand nombre des styles auxquels on n’aurait peut-être jamais prêté attention à la radio. Et c’est aussi la magie du live, celle qui balaie les préjugés : qu’on aime ou pas un genre, on ne peut qu’être admiratif·ve devant la conviction d’un·e artiste qui défend sa musique sur scène.

Je ne suis pas un très grand fan de métal (et je renonce à en définir les sous-genres tant le champ est vaste). Pourtant, en février 2018, malgré une mauvaise volonté évidente, j’ai assisté à un concert au Chabada de deux groupes « références » dans le métal comme il est dit : les Nantais d’Ultra Vomit et les Rennais de Tagada Jones.

Salle comble, ambiance électrique, et des verres de bières qui ne demandaient qu’à voler… Mais, et surtout, c’était EXCELLENT ! Ça envoyait du bois !! 

Derrière les gros riffs saturés et les coups de batterie furieux, il y avait une technique de dingue et une énergie qui emportait tout. Et qui plus est, avec Ultra Vomit, on s’est bien marré. Première claque.

KAMMTHAR – Ultra Vomit – 17 février 2025 © coralieguerin5916

Quelques mois plus tard, 1er Hellfest. Et là, deuxième claque dans la tronche ! Le lieu, l’ambiance, la diversité des scènes : le Disneyland des métalleux·ses s’offrait à moi et me permettait de découvrir des univers musicaux que je n’aurais jamais explorés seul. Je n’ai pas tout aimé, mais j’ai appris à écouter autrement — à sortir de ma zone de confort sonore.  Suis-je devenu un fan absolu de métal ? Non. Mais suffisamment pour retourner à Clisson une seconde fois et surtout à ne plus enfermer mon esprit dans un style musical prédéfini.

Camille Diao, animatrice sur France Inter, dans un post récent sur Instagram (@camillediao), parlait du snobisme musical — cette tendance à s’enfermer dans un genre ou à dénigrer la musique populaire. Peut-être qu’en excluant certains styles de rock et en étant sévère avec la variétoche qui passe sur les grandes ondes nationales, j’étais moi-même devenu un peu snob sans m’en rendre compte. 

Mais peut-on vraiment se dire amateur·rice de musique si l’on refuse d’en explorer toutes les facettes ? Aimer la musique, c’est accepter la diversité de sons et des émotions qu’ils génèrent. Du métal au rap, du classique à la variété, chacun peut trouver son compte à condition de rester curieux. Et les concerts live — qu’ils soient dans une salle intimiste ou dans un festival géant — sont les meilleurs terrains de jeu pour s’ouvrir, sans préjugé, à d’autres horizons sonores. 

Alors, foncez voir des artistes inconnu·es, osez les styles différents, perdez-vous dans des lieux où vous n’allez jamais. Vous y ferez probablement des découvertes que vous n’auriez jamais imaginées.

Jul passe quand, déjà ? 

Rédaction : Arno
Arno est un ado des années 90, amateur du rock des années 60/70 et boomer selon ses propres enfants !! N’a jamais pu trancher entre les Beatles et les Stones alors a décidé d’aimer les 2. 

Eustache
Eustache, le Fanzine des bénévoles du Chabada, s’intéresse à celles et ceux qu’on n’entend pas forcément au Chabada. Vous ! Les usager·es de ce lieu. Spectateur·rices, passionné·es, musicien·nes amateur·rices, membres de la scène locale, ce Fanzine veut mettre en lumière tout ce qui vous fait aimer cette salle qui vient de fêter ses 30 ans.