COUPE BUDGÉTAIRE

16.10.2024

Ouaaaaais, on a (encore) gagné une coupe budgétaire ! Vous avez vu ça, le nouveau gouvernement, sans doute pris d’une soudaine nostalgie olympique, a récemment décerné ses plus belles coupes à ses secteurs préférés : l’environnement, l’éducation, le social, la culture… Franchement, ça fait plaiz. Merci à nos familles, nos entraîneurs, la fédé, tout ça. Bon, une médaille aurait sans doute suffi, hein, on n’est pas si gourmand. Mais rassurez-vous, tout ce succès et cette reconnaissance ne nous monteront pas au ciboulot, et on va continuer de tout donner, comme au premier jour. La preuve, on est encore allé vous dénicher la crème de la crème de la scène locale. C’est à lire et à écouter/voir ci-dessous !

On ne sait pas trop si c’est le contexte morose global (pour rappel : les guerres, le racisme ambiant, la connerie humaine, les violences sexistes, le climato-scepticisme, les podiums budgétaires…), mais même The Loire Valley Calypsos, qui ne sont pourtant d’habitude pas les derniers à sauter à pieds joints dans la gaudriole, ne semblent plus tellement avoir envie de rigoler. En tout cas si on en croit leur dernier très beau single (et le précédent). « S’ouvrent les nuages », avec son petit air japonisant, appelle plutôt à l’introspection en regardant l’immensité du ciel et poursuit tranquillement la mue du groupe vers quelque chose de beaucoup plus pop que tropical, même si ça chaloupe toujours d’une certaine façon, mais de manière moins exubérante. Leur prochain album sort le 8 novembre prochain, et on est très pressé de l’écouter !

© Carmen Lambert

Avec Chahu, au moins, pas de surprise. Le bonhomme n’a jamais eu pour ambition avec ce projet solo de squatter vos playlists de teuf. Ou alors ne nous invitez jamais à vos teufs. Parce que Chahu, c’est de la musique triste à voix grave. D’ailleurs son premier album s’appelle « Tristo Bambino ». Et dire qu’il est addictif est un doux euphémisme. Rien qu’aujourd’hui, on doit en être à la douzaine d’écoutes du magnifique « Déjà donné » avec ses chœurs si beaux qu’on dirait son copain Nerlov (mais en fait, non). Et si encore c’était la seule merveille du disque… « Réussi », « Les Ch’veux », « Le vrai » feat. Anna Bozovic d’Oda., « Inconsolable », « Rêves d’avant », « Décidément », « Overdose »… Pfffff, toutes en fait ! Bon, en vrai, on n’est même pas surpris, ça fait un bail qu’on sait que Chahu est un futur grand. C’est pas pour rien qu’on l’a invité à travailler une reprise de Grise Cornac avec le violoniste de Lo’Jo pour une de nos Chabada Sessions qu’il faut impérativement regarder !

Ah, on oubliait, un des plus beaux titres de l’album de Chahu s’appelle « Paradis ». Mais on ne l’a pas cité plus haut, parce qu’il est en duo avec Bash Barrow, qui vient, lui, de sortir un nouvel EP, intitulé « Pas vu tomber l’averse ». Vous sentez venir que ça ne sera pas encore la grosse rigolade pour tout de suite… Bien vu. Bash Barrow, on l’a pourtant d’abord associé au hip hop à l’ancienne parce qu’il fait partie du crew du Bayou Bambou Club, mais le bonhomme sait aussi manifestement chanter. Ou plutôt chantonner. Ou slammer. On ne sait pas trop. Il a en tout cas un grain de voix qui ne laisse clairement pas indifférent (pas si éloigné d’Arthur H, vous voyez le genre bien classe). Ses cinq titres ont le potentiel pour toucher un très large public, et on sera là quand ça arrivera pour vous rappeler qu’on vous l’a prédit en premier !

Chahu, Bash Barrow et pas mal d’autres de la scène angevine actuelle sont quelque part des petits enfants spirituels de Jean-Phi Vergneau. Le chanteur à la voix rauque était en effet déjà là aux premiers pas de la scène angevine au tout début des années 80 (voire même un poil avant). Depuis quelque temps, le virus de la chanson s’est fait plus virulent, obligeant Jean-Phi à rappeler de vieux copains pour élaborer ce nouvel album qui n’aidera pas à le débarrasser de son éternelle comparaison avec Alain Bashung. Mais après tout on a connu des comparaisons plus honteuses. Pour les fans de chanson qui lorgne en même temps vers la poésie et vers le rock !

Daria, c’est plutôt pour les fans de rock qui lorgne en même temps vers le rock et vers le rock ! Le 6 décembre prochain, le groupe des frères Belin sortira donc son premier album de sa vie d’après (LANE), mais cinquième album en vrai. Épaulés d’Arnaud, leur batteur le plus emblématique, et de PeeWhy, leur collègue bassiste chez LANE et ex-Les Thugs, les deux frangins ont donc pu revenir à leur marotte de toujours : le rock écorché, mélodique et bruyant. À l’écoute de ce nouveau single, on peut avancer sans trop prendre de risque qu’ils n’ont pas perdu la main. Ce « Cognac » bien corsé et brut de décoffrage brûle un peu par où il passe mais laisse quand même un petit goût de revenez-y très appréciable. On sera là le 6/12.

© Ameline Vildaer

Hyper Jacuzzi ne joue pas du rock mais le groupe vient pourtant de sortir une nouvelle live-session tournée dans un endroit où les Daria ont passé des centaines d’heures : le studio Black Box. Le trio de techno jouée main pond encore une sacrée belle plongée dans les abysses de l’âme humaine avec ce « Umiditate » très cinématographique (pensez plutôt à une scène de tension ou de poursuite, hein) où les racines jazz du trio viennent apporter juste ce qu’il faut de respiration salutaire dans ce cloaque électronique.

Du jazz et de l’électronique, c’est aussi le propos de « Fantômes… électriques », l’album de remixes du premier opus de Kham Meslien. Quelques titres avaient déjà percé (les remixes de Paul Kendall, Souleance, Chapelier Fou…), et on peut enfin découvrir aujourd’hui les excellentes relectures du batteur Franck Vaillant (avec qui Kham a récemment constitué un trio) et de Zenzile (dont le saxophoniste joue aussi avec Kham dans Sweet Back), mais également celles des gagnants du concours de remix lancé par le label Heavenly Sweetness. Jetez notamment une oreille à l’étonnante version de Osabaz 842 qui fait skanker le titre « Gnawen » avec les « Les Mots Bleus » de Christophe.

On termine avec celles et ceux qui méritent réellement une coupe, en or celle-ci, pour leur longévité. Lo’Jo vient en effet de sortir son treizième album en plus de 40 ans de carrière sans interruption, ornée de centaines de concerts tout autour du monde. Qui dit mieux ? Le groupe continue donc dans « Feuilles Fauves »  son voyage sous toutes les latitudes, grappillant des souvenirs musicaux au gré de ses pérégrinations : du maloya ici, de l’afro-jazz là, de l’électro ailleurs encore, de la poésie partout. L’odyssée de Lo’Jo n’est manifestement pas près de s’arrêter. Vous pourrez célébrer la sortie de ce nouvel album avec le groupe en live le 8 novembre sous les dorures du Grand Théâtre d’Angers.

Rédaction : Kalcha