Si mon fils me demande ce que signifie le mot zèle, j’aurai un parfait exemple à lui donner : alors que l’État voulait demander 40 millions d’euros d’économie au conseil régional des Pays de la Loire (demande pourtant pour l’instant caduque pour cause de budget retoqué par l’Assemblée Nationale), sa Majorité en propose carrément 100 millions, de son propre chef, en gelant dès 2025 la quasi-intégralité des subventions pour la culture, le sport, l’égalité homme-femme et le planning familial. Bon, il faudra peut-être que j’explique bien la différence avec le fayotage parce que c’est quand même très proche. Mais, en attendant, cet excès de gel va mettre en péril des dizaines de lieux culturels dans la région (dont bien sûr Le Chabada (= – 40 000€, soit la totalité de la subvention régionale), Le Quai, Le Théâtre du Champ de Bataille et tant d’autres…), des centaines d’actions ou événements (le festival Levitation, Premiers Plans…) qui créaient du lien entre les gens et bien entendu des milliers d’emplois (qui permettaient à des familles de consommer des choses très éloignées de la culture ou de la politique). Notre sort sera scellé le 19 décembre prochain lors du vote en conseil régional. D’ici là, si vous vous sentez concerné·e, vous pouvez signer une pétition ou contacter vos élu·es pour leur expliquer que la culture rapporte beaucoup plus qu’elle ne coûte…
Bref. Passons à autre chose, je sens que je vais m’énerver. Quelqu’un veut un Sandwich ? Pas le casse-dalle, hein, le groupe ! Le quatuor vient de sortir « Womm », un nouveau single toujours aussi frais, dans la plus pure tradition des groupes indie-dance-punk (LCD Soundsystem, Franz Ferdinand, Bloc Party…). Le truc à jouer bien fort en sautant dans tous les sens pour tromper votre envie de tout casser autour de vous. Un titre qu’on risque donc de beaucoup écouter ces prochaines semaines.
Dans Sandwich, il y a entre autres le chanteur Maxime Dobosz que vous entendez aussi dans San Carol et Big Wool. Dans Lowpkin, vient d’arriver le batteur Vincent Lechevallier (également dans Big Wool, mais aussi Pony Pony Run Run ou GIL) en remplacement de Baz, le batteur originel. Si les deux hommes ne font pas exactement le même gabarit, vous n’entendrez pourtant pas de virage radical dans la musique de Lowpkin : le nouveau single du trio sonne toujours aussi classe, entre electro-dub et noisy rock sexy, comme si Mogwai s’était fait vampiriser par Zenzile.
Là non plus, pas de virage radical mais un propos qui se bonifie au fil des sorties. Bermud annonce un deuxième album pour le 7 février prochain, et décoche d’ores et déjà un nouveau single, « Ghost Cry », qui impose encore un peu plus la patte des Angevins : une pop shoegaze qui maîtrise sur le bout des ongles ses influences grungy et britpop des 90s, jusque dans la voix trainante et les arpèges psychédéliques des guitares. Voilà qui donne envie de passer tout de suite à Février !
En voici une autre qui fait des pas de géant·e à chaque nouvelle apparition : CJ Beth vient de sortir « Ego », un nouveau single, dans laquelle sa voix si singulière vous ensorcelle de plus belle. Entre nu-soul, blues électronique et hip hop downtempo, la chanteuse tient quelque chose de très fort qui remue tous les gens qui croisent son chemin. Vous avez envie d’en entendre davantage ? Allez donc faire un tour sur la live-session que CJ Beth a offerte à la radio nantaise Sun il y a quelques semaines…
CJ Beth est entrée dans notre Équipe Espoir l’an dernier. C’est également le cas d’Ennio. Le rappeur a récemment lâché deux nouveaux morceaux, « Domani » et « Va Fa ». Lui aussi impose peu à peu sa marque de fabrique avec ses parties rappées en italien de sa voix rauque et ses samples de musiques méditerranéennes qui créent une véritable atmosphère cinématographique très sombre, tendance films de mafieux. Capisce ?
Je ne sais pas si Titi Robin a déjà écouté Ennio, mais ce n’est pas impossible que ça lui parle. Déjà, parce que Titi est un grand fan de rap, même si ce n’est pas la première chose qu’on imaginerait de lui (le bonhomme est plein de surprises). Et ensuite parce qu’il est un très fin connaisseur des musiques méditerranéennes justement. C’est peu de le dire. Le guitariste vient de sortir son 22ème album sur le sujet, et il ne compte plus les concerts et les collaborations tout autour du monde depuis longtemps. Dans ce nouveau disque intitulé « Le sable et l’écume », Titi a convoqué trois vieux amis, tous solistes comme lui, à venir improviser sur ses thèmes, un peu comme un quatuor de jazz en pleine Mésopotamie. Et c’est comme toujours très beau et hors du temps. Puisqu’on parle de Titi Robin, on vous conseille de garder l’œil ouvert demain (jeudi 12/12) vers 19h puisque paraîtra alors la dernière de nos Chabada Sessions spécial 30 ans, où Des Lions Pour Des Lions et Gondhawa revisiteront ensemble une des toutes premières compositions de Titi. Vous avez d’ailleurs été nombreux·ses à nous féliciter pour la qualité de ces Chabada Sessions, nous vous en remercions. C’est typiquement un projet qui aurait été impossible à mener sans argent public…
DJ Spok connaît bien les Chabada Sessions lui aussi, puisqu’il officiait aux platines lorsque qu’Odor et deux MCs de Nouvel R ont ré-imaginé ensemble un titre de Soul Choc. Spok rejoint cette fois-ci la chanteuse Lulla Sauvage pour son premier album « Voyages OrganiK EleKtro ». Tout est plutôt bien résumé dans le titre de l’album : des musiques ethniques avec ses instruments et mélopées traditionnelles vs beats, scratches et nappes électroniques. Quelque part entre Orange Blossom, Dead Can Dance et Natacha Atlas. Un disque qui nous aidera peut-être à rester zen ?
« Dis, Papa, à quoi il sert ce tube de zèle ?? »
Rédaction : Kalcha