Eustache

Manu, sans pression

29.04.2024

« Hé Manu tu descends ? Pour quoi faire ? Prendre un verre pardi ! »

Manuel, Manu pour les intimes du Chabada, loin d’être un inconnu. Un pur jus Made in Angers, un local tout comme les boissons qu’il sert sur zinc. Lorsque je pense aux milliers de spectateur·rices, fidèles ou occasionnel·les qui lui ont adressé la parole, le vertige me vient. Combien sont-ils·elles à lui avoir demandé une boisson du coin : bière « La Piautre », cola de « La Loère » ou un jus de fruits de l’association « Espoir Jus de Fruits » à Écouflant. Après pas mal de boulots et une tentative artistique comme chanteur dans le groupe Triple X, c’est en 2015 que Manu revient à sa première vocation, barman. Adolescent déjà, il l’exerçait au « Snooker » et au « Dupont » devenus « La villa Toussaint ». La voix n’était pas sa voie. En tant que manager de Triple X, c’est lors d’une repèt. à la Cerclère que Mathieu, un des membres du groupe Zenzile et ami lui présente quelques années plus tard sa compagne Loeïza. Un bon manageur, Triple X se produira en première partie de Lofofora le 17 mars 1995 au Chab’, un bébé d’un an. Loeïza, responsable du bar, lui propose d’intégrer la team des serveurs en 2015 ; Manu lui succédera en 2021 en prenant sous son aile aussi ferme que bienveillante et affable l’équipe composée, suivant l’affluence, de 6 à 7 personnes.

Depuis il assume ce poste loin d’être de tout repos. C’est toujours deux heures en avance qu’il rapplique au « Chabarda », de quoi s’échauffer avant le rush des assoiffés de la soirée programmée. Ses journées de nuit exigent une bonne forme. Toujours debout, il piétine pour servir les bibines. Pas moins de 870 client·es qu’il fallut réhydrater dans la salle de concert et en extérieur, avec plus de 300 fûts lors d’un Festival Levitation en Open Air au Chabada où plus de 2000 personnes vinrent ; pas le temps de planer, ni de s’éclater durant ces longues nuits de Rock psychédélique où Manuel assura le service avec son équipe composée d’une vingtaine de barmaids et barmen.

Pour les soirées tardives, les soirées technos par exemple, les horaires de Manuel sont de 20h30 à 6h30, c’est du sport ! Après le service, il s’agit de laisser les lieux nickel.

Les yeux – bleus – du Manu sont à l’affût, malgré le peu d’embrouilles – le public du Chab’ est chic – ils détectent le risque ; c’est en dernier recours qu’ils font appel à la sécurité de pointe : Manu et son tact se débrouillent toujours pour arranger sans complication. Cela ne lui a pas évité de se prendre une mousse en plein visage suite à un malentendu. Stoïcien et réfléchi, le bonhomme réagissait de sorte que l’incident ne reste qu’un incident.

À l’époque de Loeïza, existait un petit carnet sur lequel étaient notées les brèves du comptoir où la flotte n’est pas de mise. Deux entre autres : ce type qui réclame une Ka-Air-Eau. Manu, déstabilisé un temps, tilte, le gars veut une Kronembourg phonétique, pourquoi faire simple lorsqu’on peut faire compliqué. C’est comme cet autre client qui exigeait une Krogrimm ; Manu lui fit comprendre que le mélange n’était pas recommandé pour le bon déroulement de la soirée, c’est soit une Kro ou soit une Grim ; au bar on s’marre.

Il ne faut pas croire, sa buvette au Manu – il l’aime – n’est jamais désertifiée, même durant les concerts auxquels le garçon et ses filles, à défaut d’images, n’ont droit qu’au son cela grâce à Yoann (technicien) qui n’hésite pas à l’amplifier pour le club ; la solidarité est de mise dans l’établissement, la musique adoucit le labeur.

Le public préféré de Manu ? Les rockeurs ! Les rockeurs ont du cœur selon lui, je ne peux qu’adhérer.

Cela dit, il adore l’éclectisme de la programmation de Stéphane, même les Rêveurs de party qui lui donnent le plus de boulot, la trance fait suées, il faut bien recharger les glandes sudoripares. Les incivilités des buveur·ses ne sont pas propres à un style de musique ; il n’est pas rare que leur désir de liquide ne soit pas associé à un s’il te plaît ou un merci. Manu s’en fout, son comportement dans le service n’en pâtit pas, il est ainsi, pro et gentil.

Contrairement à Mélanie qui en possède moult, directrice du Chabada, de l’ADRAMA et de Bang Bang – le troquet fournisseur du comptoir musical –, la casquette du Manu est unique mais incontournable. Toujours bien mise, elle dégaine plus vite que l’ombre de sa visière et constitue un repère : rarement tête nue, le Manu ne passe pas inaperçu. Lorsque, tout comme lui j’arrive à l’avance pour une de mes missions photographiques, souvent je le trouve à l’entrée en train de tirer quelques bouffées ; nos regards se croisent, instantanément c’est avec élan que je vais le saluer, la jovialité de son visage est irrésistible.

Sincèrement Manu, en hommage à toutes les bières blanches et blondes que tu as servies tu mérites « la croix du malt ».

« Hé Manu tu descends ? »

 

Rédaction : Gérard Prudhomme dit « Ange »
Gérard est passionné de photographie, d’écriture et il pratique également de la danse libre et du théâtre d’improvisation, sans oublier la marche et les musiques, toutes, presque, pas féru d’opéras et d’autant plus d’opérettes. Ça va pour l’instant, le Chabada ne donne pas dans le genre…

 

Eustache
Eustache, le Fanzine des bénévoles du Chabada, s’intéresse à celles et ceux qu’on n’entend pas forcément au Chabada. Vous ! Les usager·es de ce lieu. Spectateur·rices, passionné·es, musicien·nes amateur·rices, membres de la scène locale, ce Fanzine veut mettre en lumière tout ce qui vous fait aimer cette salle bientôt trentenaire.