Tomawok : Le riddim dans la peau

04.12.2015

Tous ceux qui l’ont vu à l’action dans ses propres projets ou en invité lors des soirées ‘‘Sors Tes Covers’’ sont unanimes : Tomawok crève l’écran. Enfin, la scène, quoi. Son deuxième album vient de sortir et déjà le toaster angevin est sur tous les fronts. On a tout de même réussi à le capter par mail entre deux concerts au Congo pour lui poser quelques questions.

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Photo : JSL

Tu réponds à mes questions depuis le Congo. Tu y es pour des concerts? Tu as un public là-bas?
Oui, je suis actuellement à Pointe Noire (Congo Brazzaville) où je vais donner six concerts en quatre jours à partir de demain (NdY: l’interview a lieu le 25 Novembre). Il fait beau, chaud, les gens sont cool et adorent la musique! Et donc, oui, à ma grande surprise, j’ai un public au Congo. Il faut dire que la personne qui a organisé cette tournée a fait un super travail de promotion sur place, avant et depuis mon arrivée. En à peine cinq jours, j’ai été invité au journal télé et dans l’émission de musique de MCRTV (la télévision locale de Pointe Noire), et aussi dans différentes émissions radios. J’ai eu aussi plusieurs interviews dans la presse nationale. J’ai même été surpris de rencontrer des Congolais qui écoutent mes morceaux depuis plus de trois ans… dont des flics fans du morceau “Range ta salive”. Comme quoi ici tout est possible! (rires)

Je crois savoir que tu as beaucoup plus in- vesti dans ce nouvel album? Tu sentais que c’était le moment d’essayer de franchir un cap?
Bon, à la base, disons qu’à chaque album j’investis un peu plus et j’essaie de franchir une étape, en tout cas j’avance. Mais là, c’est vrai que j’ai investi beaucoup plus pour m’offrir les services de certains producteurs, etc. Tout ce que j’avais en gros! (rires) Et du coup, je crois que j’ai franchi un gros cap! C’est aussi mon premier album distribué nationalement avec un très bon boulot de Musicast Distribution (qui sont venus me chercher) et de même pour Irie Ites Promotion qui ont assuré la promo de ce nouvel album.

J’ai l’impression qu’on t’entend davantage sur des titres reggae roots (ou en tout cas sur des tempos plus lents) que par le passé?
Oui, c’est possible, à force d’aller en Jamaïque, j’ai peut-être attrapé le virus… (rires) Il y a pourtant comme d’habitude des tempos très variés dans l’album mais, effectivement, dans l’ensemble, les tempos se sont peut-être un peu calmés. Mais pas la musique! Ni les textes!

Justement, pour moi, le morceau «Revolution» est un temps fort de l’album. C’est un vrai texte construit, et pas qu’un exercice de style de gimmicks reggae/ragga.
«Revolution» est un morceau qui me tient à cœur, c’est le morceau le plus “conscient”. Il dénonce pas mal de choses comme les inégalités, la malbouffe, les guerres pour le pétrole ou autres richesses… C’est le genre de morceau que j’ai écrit en une nuit. Sur un pur riddim reggae hip hop signé Judi K! Et avec ce petit sample de Dennis Brown… J’adore! Il y a aussi le morceau «Jamaican Herb» qui est important pour moi. Ça a été un grand moment avec Max Romeo, chez lui en Jamaïque, dans son studio, dans sa maison, avec sa famille, ses fils, ses petits-enfants… Et pour finir le morceau «No one we fear» en featuring avec Ward 21, les légendes du dancehall jamaïcain! C’était un vieux rêve.

D’ailleurs comment s’est fait le choix des invités?
J’ai fait mes choix avant de partir, en fonction des connexions que je pouvais avoir. Ayant eu la chance de partir avec Jericho, du label et sound system Irie Ites, des gens comme Sizzla, Max Romeo et le groupe Ward 21 étaient des artistes assez simples à approcher. Et on a pu trouver des très bons arrangements pour ces morceaux, on a été super bien accueillis chez chacun d’entre eux, et sincèrement je suis très content de tous mes feats. Le but était aussi d’avoir une légende du “roots” avec Max Romeo, une légende du “reggae/hiphop” avec Sizzla et une légende du “dancehall” avec Ward 21.

On sait que les Jamaïcains sont d’impitoyables businessmen. Tu as quand même l’im- pression d’avoir partagé un vrai moment avec eux?
Il faut partir en Jamaïque. Sur place, c’est toujours mieux, les artistes sont beaucoup plus accessibles sur l’île et se sentent plus concernés par ton projet si tu viens leur présenter en personne. Après, il faut choisir le bon artiste, puis le bon riddim qui lui plaira à coup sûr, puis trouver le bon thème, bien le guider, lui dire clairement ce que l’on veut ou ce que l’on ne veut pas… Et surtout, encore une fois, être présenté à ces artistes par la bonne personne. Il faut savoir que les chanteurs jamaïquains sont très sollicités pour des featurings, alors forcement sur la quantité de morceaux enregistrés, il y a toujours du bon et du moins bon.

Il n’y a pas longtemps, tu t’es retrouvé à tenter les sélections de l’émission «La France a un incroyable talent» sur M6. On ne t’attendait pas là…
J’ai été contacté en mars 2015 par Paul Dechavanne, le producteur de l’émission, suite à ma vidéo «Original Performer», réalisée par l’Angevin Raphael Renazé en 2011. Il venait juste de tomber dessus sur YouTube et voulait absolument me rencontrer pour que je leur refasse en live, pour ensuite être éventuellement sélectionné pour le premier passage télé à Paris. Ils sont donc venus à Angers et je leur ai fait ma performance en direct. En Juin, on m’a dit que j’étais pris, que ce serait tourné en septembre et diffusé entre le 15 octobre et le 15 novembre, or je savais déjà que mon disque sortirait en magasin dans toute la France le 3 octobre. Après de longues semaines d’hésitation, je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté de ce “coup de promo” juste à la sortie de mon nouvel album… (rires)