Eustache
portrait dessiné de Mélanie Alaitru

Une voix pour tous⸱tes : Mélanie, directrice engagée

30.05.2024

Une voix pour tous⸱tes, c’est une toute nouvelle série d’articles pour l’égalité des genres dans les musiques actuelles. Mélanie Alaitru est arrivée il y a déjà 5 ans à la tête du Chabada. Dans ses bagages, un projet féministe, l’égalité des genres dans le secteur culturel. C’est donc tout naturellement que nous l’avons choisie pour notre premier portrait.

En reprenant la direction du Chabada en 2019, elle fait partie des 20% de femmes à la tête de SMAC en France.

« Pour moi, les engagements féministes n’ont rien à voir avec le boulot mais plutôt avec la personne, je ne vois pas pourquoi il y aurait une différence parce que j’ai un sexe féminin »

Au fil de ses rencontres et de son parcours professionnel, Mélanie nourrit ses convictions féministes. Étudiante, elle questionne ses propres modèles et enrichit son désir de lutte, avec les outils d’analyses de situation nécessaires pour ne plus subir. C’est à 27 ans qu’elle prend son premier poste à responsabilités élevées, déterminée à changer les comportements sexistes.

« Potentiellement t’es pas exactement là où on a l’habitude de voir des femmes et ça amène plein de petites maladresses qui sont un peu désagréables tout au long de la carrière professionnelle, un peu déstabilisantes […] ce genre de comportement est partout, universel, homogène »

En reprenant la direction du Chabada en 2019, elle fait partie des 20% de femmes à la tête de SMAC en France. Elle devient aussi mentor par le dispositif d’accompagnement de la FEDELIMA “WAH!”, ce qui lui permet d’accompagner des femmes sur des postes à responsabilités. Cette expérience est une véritable prise de conscience du sexisme environnant et l’amène à se réinterroger sur sa propre tolérance.

« Ma note d’intention lors du recrutement intégrait cette dimension d’égalité des genres, comme un axe sur lequel je m’engageais à travailler.»

Son objectif est de normaliser un fonctionnement de soutien à la création, qui portera ses fruits au fil des ans. Ce soutien tient compte de toutes les formes de discriminations, racistes ou envers les minorités de genre, afin que le secteur, comme le Chabada, soit le reflet de la société dans toute sa diversité.

visuel du Elles Festival, buste d'une femme avec une veste violette« La normalité ne peut pas se définir que par une couleur de peau, un sexe et une orientation sexuelle en fait […] c’est juste la reconnaissance de la diversité, rien de plus. »

Le projet B.A.DAMES, monté avec le CNDC (Centre National de la Danse Contemporaine), est donc né avec cette volonté de prendre en compte les problématiques liées aux inégalités en transversalité, dans tous les champs du projet. Des expérimentations, comme des ateliers en mixité choisie, créent ainsi un climat de confiance et deviennent des modes d’action récurrents puis normalisés. B.A.DAMES a permis de travailler sur le corps dans l’espace scénique et sur la présence des femmes dans le réseau professionnel. Le “Elles festival” est un générateur de rencontres entre femmes, en créant des espaces privilégiés, pour insuffler une dynamique sur le long terme.

« Pour moi cette question du corps est hyper importante. C’est un élément central, la liberté qu’on se laisse dans notre corps. L’atelier twerk au “Elles festival” c’était ça, ce truc de libérer nos corps d’une contrainte attendue. »

Malgré tout, la présence de femmes sur la scène, dans les locaux de répétitions et sur les plateaux du Chabada n’est pas si simple à mettre en place car elle résulte de divers facteurs sociétaux. Les femmes sont très présentes dans les écoles de musique, mais leur pratique musicale collective n’est pas si courante, ce qui limite la formation de groupes exclusivement féminins. Les statistiques du CNM (Centre National de Musique) montrent que le traitement sur le soutien à la création est à peu près identique, mais qu’à niveau de développement égal, les femmes obtiennent, pour leurs créations, des enveloppes budgétaires moins élevées que les hommes.

La question est donc : comment invite-t-on les femmes à se projeter dans la pratique musicale ? C’est ainsi que les projets “Monte ton groupe” (scènes 100% musiciennes) se sont créés. Aujourd’hui, plus de 10% de femmes viennent répéter dans les studios alors qu’il y a quelques années, elles ne représentaient que 2%. Le faible nombre de femmes sur scène peut aussi s’expliquer par la difficile appropriation de l’espace public, le sentiment d’insécurité étant très présent. Au Chabada, en 2023, la présence féminine sur les plateaux a été de 33%, une belle avancée quand on sait qu’une minorité devient visible autour de 30-35%.

sur scène trois artistes et le public en bas du visuel

« Il faut qu’on avance ensemble et pas qu’il n’y ait de scission. De toute façon je suis convaincue que les avancées qu’on a pour les femmes sont des avancées aussi pour les hommes à la sortie. Le féminisme est contre le côté normatif de nos comportements. »

Rédaction : Angélique Meih et Héloïse Nouet
Illustration : Mélissa Tricot, aka Syno

Héloïse :
Après quelques années à voyager, c’est à Angers qu’Héloïse s’est installée. Photographie, écriture, radio elle est un peu touche à tout ! Son domaine de prédilection : la culture et donc la musique, c’était un peu une évidence d’être bénévole au Chabada quoi…

Angélique :
Passionnée d’art et d’événements culturels  depuis toujours, c’est tout naturellement qu’elle a voulu en faire son métier. Vous la croiserez dans les salles obscures du cinéma, durant les concerts de Chabada, dans les festivals du coin, et plus encore ! 

Mélissa Tricot, aka Syno est illustratrice et autrice. Si elle a souvent un stylet à la main, c’est toujours en musique – et avec un volume manifestement trop élevé – qu’elle rythme ses journées. C’est d’ailleurs son admiration pour les designs d’albums et affiches de concert qui lui a donné envie de travailler dans les arts visuels !

Eustache
Eustache, le Fanzine des bénévoles du Chabada, s’intéresse à celles et ceux qu’on n’entend pas forcément au Chabada. Vous ! Les usager·es de ce lieu. Spectateur·rices, passionné·es, musicien·nes amateur·rices, membres de la scène locale, ce Fanzine veut mettre en lumière tout ce qui vous fait aimer cette salle bientôt trentenaire.