Les mercredi 26 et jeudi 27 janvier, le Chabada sera traversé par un grand coup de vent. Blizzard ? Sirocco ? Mistral ? Zéphyr ? ZUR ! La compagnie angevine présente à la maison sa nouvelle création, Vento, où dialoguent avec légèreté musique, images et installation poétique. Nous avons demandé à Nicolas Gallard et Gwen Labarta, les deux musiciens de l’équipe, de nous en dire davantage.
ZUR est un nom présent dans le paysage culturel des Angevins mais tout le monde ne sait peut-être pas comment l’aventure a commencé ?
Nico : Personnellement, je n’ai rejoint officiellement la compagnie que dans les années 2000. Je ne faisais donc pas partie du noyau historique, même si je les connais depuis toujours. À la base, ZUR est née de l’envie peu banale d’un groupe d’étudiants aux Beaux-Arts qui ont décidé de passer leur diplôme en créant une œuvre collective, plutôt qu’une œuvre individuelle sur laquelle ils seraient évalués. C’est sans doute à ce moment que la graine de ZUR a germé. La compagnie existe officiellement depuis 1984. Le nom vient d’un livre d’Hubert Reeves, « Patience dans l’azur », qui était cité dans un travail du collectif. La fin du mot « azur » a donné ZUR, qui a vite symbolisé une Zone Utopiquement Reconstituée.
À l’époque, la scène musicale angevine commence elle-aussi à germer. Ce sont les débuts de Lo’Jo, Les Thugs… Est-ce pour ça que la musique a immédiatement fait partie de l’univers de ZUR ?
Nico : Tous ces gens font partie d’une même génération donc bien sûr qu’on se connaissait, qu’on se côtoyait. À l’époque, je jouais moi-même de la batterie dans Lo’Jo et je me souviens qu’on avait travaillé sur un projet avec ZUR qu’on avait joué au NTA (NdR : là où a été ensuite construit le théâtre Le Quai). À cette époque, aux Beaux-Arts, il y avait beaucoup d’étudiants qui montaient également des groupes. C’étaient des gens qui pouvaient écouter beaucoup d’indus, de jazz, de musique concrète. Il y avait également tout un travail d’expériences sur le son dans le cursus des Beaux-Arts ; même sans être musiciens, ils ont toujours bidouillé des dispositifs sonores, construit des machines qui produisent des sons. C’est donc quelque chose qui a naturellement fait partie de l’ADN de ZUR, autant que leur travail sur l’image. Parfois ce n’était que des choses enregistrées qui étaient intégrées au spectacle, et parfois, comme c’est le cas sur Vento, ce sont des musiciens qui jouent en live au milieu des autres éléments.
Comment est née l’idée de Vento ?
On a une tradition chez ZUR, c’est qu’on organise une fois par an un évènement qu’on appelle l’Open-ZUR. Pendant cinq jours, on improvise en petit comité avec des gens avec qui on n’a pas forcément l’habitude de travailler. C’est comme ça qu’on s’est retrouvé avec Lulu alias Jérôme Lubin (NdR : qui a longtemps été l’éclairagiste de Lo’Jo) à avoir envie de développer une improvisation autour de ventilateurs. L’idée, c’était des ventilos qui font voler des bâches à la verticale, et sur lesquelles tu peux ensuite projeter des images et/ou jouer avec les sons que ça génère. On s’est donc retrouver à travailler sur une impro d’une dizaine de minutes entre ces fameux ventilos qu’on peut contrôler et une batterie. On a pris beaucoup de plaisir à travailler là-dessus tous les deux, et le public nous a fait de très bons retours également. Et un an plus tard, on a eu envie de creuser cette idée et d’en faire un vrai spectacle de 55mn. J’ai donc demandé à Gwen de travailler avec moi, car je voulais associer quelqu’un qui joue sur des machines, qui pourrait récupérer ce que je génère en sons, l’intégrer, l’ingurgiter et le retransmettre live sur scène. Et tout ça est devenu Vento.
Gwen : Il y a des parties qui sont assez écrites parce qu’on a quelques contraintes avec les images, mais il y a aussi toute une partie au feeling, très improvisée. Au fur et à mesure qu’on avançait dans l’écriture du spectacle, je créais de nouveaux algorithmes pour m’adapter à chaque tableau. C’est vraiment un spectacle qui s’est créé au fur et à mesure des résidences. Il y a très peu de récup de choses qu’on avait déjà en stock et qu’on aurait réutilisées. La matière est inédite. Même les images projetées ont été filmées et fabriquées exprès. J’ai trouvé ça super enrichissant de travailler là-dessus tous ensemble, avec toutes ces formes artistiques (musique, lumière, vidéo, machinerie) qui se télescopent.
Et donc concrètement, sur scène, on verra quoi ?
On est sept sur scène + Lulu qui est à la console lumière + ventilos. Et tout ce petit monde manipule des instruments, de la vidéo, de la lumière, du souffle, pour raconter une histoire autour du vent, de ce qu’il génère sur la nature, sur les personnes. C’est paradoxalement un spectacle assez minimaliste par rapport aux habitudes de ZUR, car la seule installation réside dans ces ventilos et ces bâches tout en légèreté avec lesquels on joue. On travaille ce spectacle depuis deux ans et demi, on a eu l’occasion de le jouer quelques fois, mais pas encore beaucoup. Et ça sera la première fois qu’on le jouera dans une salle de musiques actuelles, donc ça va être une bonne expérience !