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L’ADRAMA a 30 ans !

L’Association pour le Développement du Rock et des Autres Musiques à Angers (ADRAMA, devenue aujourd’hui ADRAMA-Chabada) gère dans le cadre d’une délégation de service publique (DSP) pour la ville d’Angers les locaux de répétitions de La Cerclère (depuis 1990), la salle de concerts Le Chabada (depuis 1994) et les studios Tostaky (depuis 2009). Autant dire que l’association fait partie des meubles dans la vie des Angevins amateurs de musiques depuis (presque) toujours. Pourtant, tout n’a pas toujours été aussi simple. Pour le trentième anniversaire de sa création en juin 1988, nous trouvions pertinent de revenir un peu sur le contexte historico-culturel de l’époque en faisant appel à la mémoire toujours vive de trois acteurs essentiels des débuts de l’ADRAMA (+ une guest-star surprise) qui n’ont jamais été salariés par l’association par la suite : Olivier Bulard (de l’association La Belle Excentrique, aujourd’hui activement retraité), Jean-Hugues « Casbah » Malnar (de l’association Black & Noir, aujourd’hui chez Radical Production / O Spectacles) et Jean-Paul Romann (sonorisateur, aujourd’hui globetrotter Grammy Awardé avec Tinariwen, entre autres).

Olivier Bulard : J’avais créé l’association La Belle Excentrique en 1975. Nous organisions régulièrement des concerts dans divers endroits à Angers, notamment le théâtre Beaurepaire dans la Doutre, où se trouve actuellement le théâtre Le Quai. Notre plus grand fait d’arme est probablement d’avoir réussi à faire jouer Nico, la mythique chanteuse du premier album du Velvet Underground, devant 400 Angevins en 1977. Dans l’association, il y avait aussi Philippe Teillet (l’actuel président de l’ADRAMA). Vers 1980/81, j’ai rencontré François Delaunay (qui deviendra le co-directeur du Chabada de 1994 à 2016, NdR) à un concert de The Cure. Nous avons tout de suite accroché et ses qualités organisationnelles nous ont rapidement fait prendre de l’ampleur. On arrêtera plus ou moins l’organisation de concerts en 1985.

Casbah : Vers 1983/84, j’ai une vingtaine d’années, je suis en première ou deuxième année d’Histoire à la fac. Je traîne déjà pas mal avec Martinez (alias Stéphane Martin, futur gérant du magasin de disques Black & Noir, et actuel programmateur du Chabada depuis 2000, NdR) que je connais depuis le début du lycée. On commence à rencontrer plusieurs autres jeunes fans d’un certain rock sur Angers qui vont vite devenir toute la raya associée aux Thugs. Martinez me présente donc Eric Sourice (chanteur/guitariste chez Les Thugs, futur manager du label Black & Noir), on assiste au premier concert du groupe, on sera également présent à leur premier concert en dehors d’Angers dans une boite de nuit de Villaines-la-Juhel en Mayenne. Et on les interviewe parce qu’on a déjà écrit quelques fanzines qui ne dépassent que rarement trois numéros et qu’on a une émission qui s’appelait « Des Nouvelles du Front », puis plus tard « Black & Noir », sur Danger FM ou Radio Gribouille (aujourd’hui Radio G!). De fil en aiguille, on organise nos premiers concerts à la salle Jean Vilar avec quelques potes à partir de 1985. Et il commence à y avoir de plus en plus de groupes angevins qui éclosent de partout : Les Thugs, les Nights, Emma Zita, Seconde Chambre, Lo’Jo, Johnny Michto avec Titi Robin… Bref, tout démarre…

JP Romann : Au milieu des années 80, je tenais un magasin d’instruments à Angers. J’avais déjà trois enfants, et j’entamais un peu une seconde vie puisque j’avais auparavant été cadre dans une très grosse boîte de fourniture de matériel dentaire. Et je me suis donc retrouvé presque par hasard à installer et gérer plus souvent des sonos qu’à vendre des instruments. Les loueurs de sonos ne s’entendaient pas beaucoup avec les rockeurs à l’époque. Je servais d’intermédiaire. Du coup, je suis vite devenu un interlocuteur pour des gens d’horizons très différents, des tout jeunes Lo’Jo jusqu’aux Thugs.

Olivier Bulard : Dès le tout début des années 80s, on a connu des difficultés pour organiser des concerts à Angers. Les salles qu’on voulait louer n’étaient pas forcément libres sur les dates qui nous intéressaient, ou bien elles montaient énormément leur prix parce qu’elles n’avaient pas envie qu’on organise des choses chez eux. La mairie faisait également la sourde oreille quand on essayait de les interpeler à ce sujet. A l’époque, on n’était vus que comme des rockeurs, et donc pas du tout pris au sérieux. Je me souviens que lorsqu’on avait rencontré pour la première fois l’adjoint aux affaires culturelles Gérard Pilet –qui allait devenir notre interlocuteur principal jusqu’à la création du Chabada en 1994- il nous avait répondu gentiment « Je vous comprends, moi aussi j’ai été étudiant, et j’ai organisé des bals dans ma jeunesse pour me faire un peu de sous… ». Il n’avait rien compris du tout. On ne voulait pas faire de l’argent. Juste faire vivre la musique qui nous passionnait. Il a fallu convaincre, et ça a été très long.

Casbah : Je connaissais les gens de La Belle Excentrique parce que j’avais notamment été bénévole pour eux pendant le mini-festival Les Folles Nuits d’Amour qu’ils avaient organisé à Monplaisir en 1985. Mais globalement, chacun restait chez soi. Les différentes assos organisaient des choses dans leur coin, en s’ignorant poliment. On écoutait à peine les mêmes choses, et à l’époque ces différences paraissaient des barrières infranchissables. Nous, on était fans de rock assez dur comme The Cramps ou Johnny Thunders par exemple. On avait un côté plus punk rock, plus DIY. La Belle Excentrique, ils adoraient plutôt des trucs qu’on jugeait un peu intellos comme REM (que j’ai d’ailleurs découvert grâce à eux !) ou Television. Et ils étaient plus expérimentés que nous, presque plus « institutionnels » de notre point de vue de l’époque. Donc c’était plus la guerre froide que véritablement la guerre. En tout cas, je me suis rendu compte qu’ils connaissaient les mêmes problèmes que nous pour l’organisation de concerts. Et que j’entendais tout le monde, de chaque côté, se plaindre qu’il manquait une salle de concert de rock digne de ce nom à Angers, comme par exemple le Confort Moderne à Poitiers. Donc j’ai milité pour que tout le monde se réunisse autour d’une même table. Il y avait aussi de plus en plus de problèmes pour que les groupes répètent. Ça se faisait à droite à gauche, à la sauvage, dans des caves ou des apparts, et le voisinage gueulait de plus en plus, vu qu’il y avait de plus en plus de groupes.

JP Romann : On s’est retrouvés un beau jour de 1986 dans une salle de boule de fort, rue de la Brisepotière. Il y avait donc Philippe Teillet, François Delaunay, le dessinateur Fred Tremblay (dit Fred Crayon) et Olivier Bulard de La Belle Excentrique, Gilles Trinques du groupe Emma Zita (qui deviendra le premier directeur technique du Chabada), Jean-Philippe Vergneau, Casbah de l’asso Black & Noir, Eric Sourice des Thugs/Black & Noir, Stéphane Estandié de l’asso Demasis, moi-même et quelques autres… Ensuite, on va vite grossir et réunir jusqu’à 300 adhérents, bien au-delà du simple monde du rock.

Olivier Bulard : Dans un premier temps, on se réunit assez régulièrement entre 1986 et 1988. On créée une sorte de collectif informel entre tous ces acteurs d’horizons divers mais complémentaires. On réfléchit à des solutions pour monter une véritable salle dédiée au rock à Angers, et des locaux de répétition dignes de ce nom. On rencontre des gens de la Mairie au printemps 1988. L’adjoint aux affaires culturelles Gérard Pilet n’est pas contre l’idée. C’est aussi quelque chose qui est dans l’air du temps, Jack Lang est au Ministère de la Culture depuis 1981. C’est même Pilet qui va nous pousser à nous organiser en association officielle pour devenir un interlocuteur possible de la Ville. Ça sera fait en Juin 1988. Assez rapidement, on va obtenir la promesse de locaux de répétition qui se feront dans une ancienne ferme, sur la route de Briollay, dans le lieu-dit La Cerclère. Les travaux ont lieu en 1989 et les premières répétitions officielles démarrent en Janvier 1990.

Christophe Sourice (batteur de Les Thugs): En fait, Les Thugs ont toujours répété à La Ceclère, avant même que ça ne devienne les locaux officiels gérés par l’ADRAMA. C’est même là que nous avons fait notre toute première répète, en 1983, avec Philippe Brix (futur manager de Lo’Jo pendant presque 20 ans, NdR) au chant ! A l’époque, cette ferme était devenue une MPT pour les gamins de Monplaisir. Je me souviens qu’ils y organisaient des projections de films de Bruce Lee et que ça avait un gros succès ! On répétait alors dans une grande salle pas du tout prévue pour ça à l’étage. A l’époque, nous ne pouvions pas laisser le matériel dans le local qui nous était alloué, nous devions donc à chaque fois aller chercher le matos chez mes parents, monter le matos, répéter, démonter le matos, le ramener chez mes parents… Un truc assez formateur, quoi.

Casbah : Une fois que les locaux ont été ouverts, la Mairie nous a un peu baladés, en pensant sans doute qu’on se satisferait déjà de ça. Je pense que Gérard Pilet, l’adjoint à la Culture, avait pourtant fini par être acquis à notre cause, mais qu’il avait lui-aussi à convaincre d’autres gens à la Mairie, et que les choses n’avançaient donc pas assez vite à notre goût, quand elles n’avaient pas tout simplement l’air de reculer. On ne nous proposait pas grand chose ou bien des trucs pas du tout adaptés. Le gros truc de l’époque, c’était d’essayer de nous vendre une salle « polyvalente » qui accueillerait aussi de la danse, du théâtre, etc. Et nous, on refusait parce qu’on savait qu’il fallait un équipement bien particulier au rock, et qu’un truc polyvalent reviendrait à ce qu’on connaissait déjà dans les salles existantes avec le lot de galères habituelles. Surtout qu’au début des 90s il y a de plus en plus de groupes qui se font un nom au niveau national comme Dirty Hands, les Drift, les Spécimen, Casbah Club, les Shaking Dolls, Hydrolic Systems, Cut The Navel String, Hint voire même au plan international comme Les Thugs, les Happy Drivers, Lo’Jo… Angers est sur la carte du Rock. Il faut donc un lieu dédié. En attendant, on continuait de programmer des concerts dans les bars, les discothèques, les MJC sur Angers avec l’asso Love Fuzz, qui était la nouvelle appellation de l’asso Black & Noir, qui avait laissé son nom au magasin et au label.

JP Romann : Il a fallu qu’on fasse un peu de lobbying. On a essayé de faire porter notre voix avec tous les gens un peu influents qu’on connaissait et qui étaient acquis à notre cause : le directeur de la SACEM de l’époque, la directrice du CNDC, l’architecte de la ville, nos copains dans la presse locale, etc. On a aussi fait quelques concerts sauvages, on a organisé un gros truc pour la fête de la musique en 1990 ou 1991, on a imposé peu à peu notre slogan « Une salle à faire »… De fil en aiguille, on commençait à convaincre. On nous a même proposé de faire quelque chose dans un ancien cinéma de l’avenue Patton, appelé l’Élysée, dans lequel des concerts étaient déjà organisés (la Mano Negra y avait joué par exemple). Mais on a préféré refuser parce qu’on sentait que ça se retournerait contre nous, parce que ce n’était pas du tout adapté au voisinage. On allait droit au devant de tas de problèmes. La Mairie a été un peu surprise de notre refus, mais après coup je pense que ça nous a fait marquer des points. Ils ont réalisé qu’on n’était pas simplement des petits jeunes qui voulaient une salle pour faire du bruit. On était responsables, on pensait à l’environnement et aux conséquences. Je pense que ça a joué en notre faveur. En parallèle, on avait aussi monté des dossiers sérieux, en montrant ce qui se faisait déjà à Rouen, Rennes, Nancy ou Poitiers, on a aussi sorti régulièrement le Yéti, notre fanzine, qui parlait tout le temps de la salle. Un fanzine qui fédérait même au-delà du rock avec des dessinateurs de BD comme Pascal Rabaté, Marc-Antoine Mathieu de Lucie Lom, etc. A un moment, en 1991, on a quand même eu l’impression que les choses étaient au point mort. On a donc décidé de faire une action coup de poing et d’occuper illégalement un local sur le boulevard Daviers, près de l’hôpital. En plein centre-ville, donc. C’est là que répétaient les Lo’Jo. Sans demander aucune autorisation, on a organisé deux soirs de concerts qui ont super bien marché, sans aucun problème de voisinage. La Mairie n’a pas été très contente, Gérard Pilet a eu l’impression qu’on lui avait fait un bébé dans le dos, mais finalement ça aussi ça nous a fait marquer des points. Et le coup de grâce a peut-être été une campagne d’affichage assez offensive avec cette fameuse photo du maire Jean Monnier derrière une batterie, qui avait été prise lors de l’inauguration de La Cerclère, avec le slogan « Je sais où répéter, mais je ne sais pas où jouer ». Jean Monnier était surnommé le Roi Jean. Il était assez autoritaire, et était très craint de ses équipes. Il était parti en Égypte parce que les tapisseries de l’Apocalypse avaient été prêtées là-bas pour une manifestation lorsque nous avons fait cette campagne d’affichage. Les gens de la Mairie avaient donc peur de sa réaction à son retour. Pourtant, il a trouvé ça plutôt malin de notre part… Cela ne faisait clairement pas l’unanimité chez les élus mais Jean Monnier a finalement fait un vrai choix politique, et début 92 les financements pour le futur Chabada furent votés en conseil municipal. La salle ouvrait ses portes au public en  Septembre 1994. Elle fut une des premières SMAc de France.

 

"Heu, et pourquoi pas Le Chabada??"

« Heu, et pourquoi pas Le Chabada?? »

N’hésitez pas à vous replonger dans l’ambiance de l’époque en lisant les quelques articles de presse compilés dans le doc à télécharger ci-dessous.

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Rezinsky est mal poli!

Ça y est, le premier véritable album de Rezinsky a enfin une date de sortie! Vous pourrez trouver « Mal Poli » dans toutes les bonnes crèmeries le 22 Juin 2018 (et on en reparlera donc très bientôt). Pour l’heure, vous pouvez déjà le précommander et vous en faire une petite idée au lien suivant: https://modulor.lnk.to/Malpoli

Pour ceux qui seraient sur Paris (ou plus exactement à Montreuil) ce samedi 9 Juin, le groupe fête la sortie de l’album à La Marbrerie avec plein de copains en guest stars. Les autres, vous pouvez vous rattraper avec le morceau « Mal Poli » tout juste clippé façon thug life – en attendant la release party angevine au Chabada le 29 novembre prochain.

The Call of the Wild Fox

On vous avait déjà conseillé de les surveiller de près l’an dernier, Wild Fox enfonce le clou avec un nouvel excellent morceau (et un clip bien fun). Leur garage-pop psyché et sucrée est à conseiller de toute urgence aux fans de The Blind Suns ou The Mirrors pour ne citer que des locaux. Et si jamais après ça vous prenait l’envie pressante de les voir en live, le groupe se produira sur la grande scène de la place du Ralliement le 21 Juin pour la fête de la musique. Yeeeeaah!

By Pass : Jeu, set et match

Après deux rencontres à domiciles, les MCs angevins du collectif rap transatlantique By Pass sont allés retrouver leurs collègues américains à Austin pour une série de concerts. Entretien avec Guitz (Nouvel R) et Cerbère (Cerbère et Makawa), à peine remis du décollage horaire et du choc alimentaire…

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Vous revenez d’une tournée au Texas pour présenter le projet By Pass, que vous avez constitué avec des rappeurs d’Austin. Vous y avez passé combien de temps exactement ?

Guitz : On est partis du 24 avril au 15 Mai, soit environ trois semaines sur place. A peu près l’équivalent de la deuxième rencontre qu’on avait faite avec nos collègues américains en France.

Cerbère : En revanche, on ne partait pas du même point, vu qu’on avait déjà construit lors de nos deux précédentes rencontres la majeure partie des morceaux qu’on devait jouer pour les concerts. Là, on devait surtout consolider le travail déjà commencé, pour bien avoir les morceaux dans les jambes sur scène.

Comment se sont passées les retrouvailles avec les membres de Mindz of Different Kind ?

Guitz : On était tous contents de se retrouver. Mais le fait de changer de pays, et que ça soit à notre tour d’être à l’étranger, a pas mal modifié nos façons de faire. On a dû assez rapidement s’adapter à la façon de faire locale. Pour la simple et bonne raison qu’ils étaient beaucoup moins disponibles. Pour venir en France, ils avaient dû poser la majeure partie de leurs congés. Là, ils ont tous un ou deux boulots à assurer, en plus de la musique. C’était donc difficile de libérer beaucoup de créneaux pour les répétitions. On a donc dû se forcer à moins intellectualiser, conceptualiser les choses, moins les préparer dans les détails, mais y aller avec les tripes, un peu en freestyle. Comme eux le font partout où ils le peuvent depuis dix ans. Ca veut dire qu’on s’est retrouvés à jouer dans des endroits absolument improbables, d’une cantine avec 600 lycéens au hangar archi-underground, en passant par un kebab/salle de concert ou une fête sur un bateau, et qu’un show à tel endroit pouvait tout à fait déboucher sur un autre show pas du tout prévu deux jours plus tard à un autre endroit. Bon, on a quand même réussi à enregistrer 5 titres, donc deux composés sur place, et à tourner un clip. Donc on n’a pas chômé non plus ! (rires)

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Du coup, ça voulait dire des conditions techniques assez rudimentaires pour les concerts, j’imagine ?

Cerbère : On a quand même joué dans une salle qui s’appelle l’Empire, qui ressemblait assez à ce qu’on connaît chez nous, avec un accueil technique digne de ce nom, du matériel, etc. Mais c’est vrai que dans l’ensemble on a pu faire l’expérience des conditions de travail des groupes américains. Et ça veut dire que tu peux tomber sur le meilleur comme sur le pire. Parfois, on est arrivés dans des endroits avec moitié moins de pistes sur la console de mixage qu’on était de MCs. Ca voulait dire qu’on devait se passer les micros quand c’était à notre tour de rapper. Ca pouvait vite devenir le bordel, mais on s’est fait plaisir quand même !

Guitz : On a aussi pu vérifier à quel point la concurrence est rude sur Austin. On nous avait prévenus qu’il y avait une quantité de concerts impressionnante chaque jour, et ce n’était pas exagéré. On peut entendre de la musique live absolument partout, tout le temps, jusque dans les supermarchés. Du coup, ça devient compliqué de remplir une salle, tellement l’offre est plus importante encore que la demande. Et le public devient un peu « consommateur ». On a pu constater par exemple que c’était un peu plus dur qu’en France pour les embarquer avec nous, mais du coup ça nous boostait encore plus et la plupart des shows se sont super bien finis, avec un public bien impliqué. On a pu vérifier que le côté visuel, avec plein de MCs sur scène, ça crée une vraie synérgie palpable, qui fonctionne des deux côtés de l’Atlantique.

Vous avez eu quelques ateliers pédagogiques également ?

Cerbère : Là-bas, on a senti que ce n’était pas trop dans leur habitude d’avoir une personne extérieure à l’école qui viendrait pour faire travailler les enfants, ou autre, comme on le fait beaucoup chez nous avec l’asso L’R de Rien. Là-bas, on a surtout fait des rencontres en tant qu’artistes, où les gamins peuvent te poser tout un tas de questions sur ton travail…

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Culturellement, ça a dû vous faire un choc d’aller rapper dans le pays qui a inventé ce genre musical ?

Cerbère : C’est clair ! C’était la première fois sur le sol américain pour la plupart d’entre nous, à part Guitz qui avait fait un road-trip là-bas il y a un ou deux ans. Et on a tout de suite senti que le rap fait partie de leur culture. Il a tellement de gens qui ont grandi avec cette musique depuis toujours. On a croisé des gens capables de rapper un peu partout, dans chaque fête, chaque bouffe. On a même assisté à un rap d’anthologie entre deux gamins de 6 ans dans une bagnole ! (rires) Après, ça n’en fait pas forcément des rappeurs avec un gros niveau technique pour autant, mais c’est très naturel chez eux. Un peu comme chez nous beaucoup de gens savent un minimum jouer au foot, sans devenir un pro pour autant. Moi, je leur expliquais qu’en France, quand tu veux faire du rap, tu dois cravacher deux fois plus que la moyenne si tu veux qu’on te prenne au sérieux. Parce qu’il y a encore tellement de clichés sur cette musique que si tu donnes raison à un de ces clichés une malheureuse fois, tu es définitivement grillé auprès des pros. Du coup, on est assez contents de nous, parce qu’on a eu pas mal de compliments et de remarques sur nos flows, sur ce qu’on dégageait sur scène… Ca fait plaisir !

Guitz : On pouvait presque tous les soirs aller sur un open mic. On a rencontré des tas de gens qui rappaient, des DJs, des beatmakers, des beatboxers. On a posé des couplets sur des instrus en préparant des kilos de fajitas ! (rires) Chaque soirée nous donnait un plan pour le lendemain… On était le premier groupe de rap français qu’ils entendaient. Du coup, c’était drôle de voir leur œil qui s’éclairait quand ils nous entendaient soudainement rapper en français.

Au départ, le projet espérait se jouer en trois sets: deux à Angers, et un troisième à Austin. Le match est donc plié. Vous avez pensé à un match retour ?

Guitz : Je t’avoue qu’on n’a pas encore trop eu le temps d’y réfléchir. On est déjà super heureux d’avoir mené ce projet à bout. On va déjà finaliser tout ce qui a été commencé, comme le clip qu’on a tourné là-bas, les nouveaux morceaux… Maintenant, de là à savoir la forme que ça prendra, il est encore trop tôt pour le dire. Peut-être aussi que cette expérience aura donné envie à d’autre gens de prendre le relais ? ByPass, c’est un collectif, c’est par définition ouvert et amené à évoluer.

Alex Grenier se réveille

Alex Grenier se réveille… Enfin, notre accroche est assez mal choisie. Vu qu’on finit même par se demander si le guitariste angevin dort simplement de temps en temps? Entre un maxi sorti au printemps et un album annoncé à la rentrée, Alex et ses deux acolytes trouvent ainsi le temps d’enregistrer et de filmer quelques inédits pour le fun, comme ce sautillant « Wake Up ». Qui en plus, d’après nos sources, est amené à avoir des petits frères assez rapidement, qui accueilleraient des musiciens invités aux Fender Rhodes, Orgue Hammond… On va nous aussi garder l’oeil ouvert.

Mirrors, jolis Mirrors…

Beaucoup d’Angevins les ont découverts en première partie de The Limiñanas il y a quelques mois au Chabada, le duo The Mirrors déboule aujourd’hui avec un clip et un tube bien énervé façon The White Stripes, The Kills & Co. Ca s’appelle « Secret Seeker », et ça devrait vous donner envie au plus vite de les voir sur scène. Ca tombe bien, ils ont pas mal de dates à venir cet été, comme vous le constaterez sous le clip. Elle est pas belle, la vie?

Mirrors_Tour

Une interview à lire chez nos confères de Supersonikkhttps://blog.francetvinfo.fr/supersonikk/2018/05/15/exclu-secrets-seeker-le-nouveau-clip-du-groupe-angevin-the-mirrors.html

Lo’Jo et la figurine

Lo’Jo vient en effet de clipper « Figurine », le très joli instrumental qui clôture leur dernier album en date, « Fonetiq Flowers ». La musique et les images n’ont même plus besoin des mots et de la voix de Denis Péan pour transpirer toute la poésie à laquelle le groupe angevin nous a habitués… Bravo!

Mové Sort joue les « Outsider »

Parmi la myriade de jeunes artistes hip hop angevins qui émerge en ce moment, on ne saurait trop vous recommander de surveiller de très près le duo Mové Sort (les deux MCs Ozario & Jo Magik). Les deux frangins préparent un disque pour la rentrée 2018 et annoncent d’ores et déjà déjà la couleur avec un premier extrait clippé, « Outsider », qui a l’avantage d’être très clair sur leurs ambitions : cogner dur et fort pour remporter le titre. On leur accorde le premier round.

€lisabeth Da Pontcé jette l’encre

Si vous avez déjà vu Des Lions Pour Des Lions sur scène, vous avez forcément dû être soufflés par l’énergie dégagée par Babette, leur tromboniste/chanteuse survoltée. Ladite Babette a par ailleurs un projet solo appelé €lisabeth Da Pontcé (anciennement €lisabeth II Genneteil avant son déménagement ;-), où elle s’amuse à mettre des mots rigolos et rythmés sur une electro-pop un peu foutraque et cuivrée. Son premier clip vient de sortir, ça s’appelle « Tatou » et ça ne part pas au lavage!