Zentone – Chapter 2

27.11.2021

Quinze ans après la première manche, les deux patrons historiques du dub en France recroisent le fer dans un album commun. Les Angevins de Zenzile et les Lyonnais de High Tone ont, comme pour le premier disque, enregistré ces morceaux ensemble, puis sont partis les mixer chacun de son côté, donnant naissance à un album bicéphale encore une fois passionnant.

Quand ils sont arrivés sur la scène hexagonale à la fin des 90s, Zenzile et High Tone ont passé beaucoup de temps et dépensé beaucoup d’énergie à essayer d’expliquer ce qu’était le dub à des médias généralistes pour qui cette musique semblait venue tout droit d’une autre planète. Ils auraient peut-être finalement dû commencer par cette aventure Zentone (la contraction des deux groupes bien sûr) qui est plus parlante que tous les meilleurs discours : le dub est une musique qui se réinvente grâce à des outils de studio (effets, filtres, etc.) à partir d’une matière jouée « au kilomètre ». Au départ, le dub est né du reggae mais très vite tout un tas de groupe punk, post-punk, indus, hip hop, house, etc. ont compris qu’on pouvait appliquer les recettes jamaïcaines à toutes les musiques. Il vous suffit donc d’écouter le « Zen Mix » et le « Tone Mix » de cet album pour comprendre qu’une même matière a donné naissance à deux disques très différents, marqués chacun au fer rouge par la singularité sonore du groupe/producteur. De ce fait, chacun aura son chouchou selon qu’on est plus sensible au dub electro-ethnique de High Tone ou au dub aérien et organique de Zenzile. On ne vous cachera pas que notre cœur penche plutôt pour ces derniers, tout chauvinisme mis à part (bon, ok, peut-être un petit peu).

C’est la magie de l’exercice. On sait immédiatement qu’on est dans un disque de Zenzile, même si la matière sonore a été jouée par des musiciens parfois différents que ceux du groupe habituel. On le sait par l’amplitude et la majesté du son. Prenez des morceaux comme « Counter Strike Dub », « Stone Cold Dub » ou « Hilltop Dub », il n’y a que Zenzile pour faire sonner un morceau comme ça ! Les spécialistes pourront néanmoins s’amuser à reconnaître de probables clins d’œil à de vieilles influences du  groupe, surtout sur les morceaux accueillant des chanteurs, comme ce « Disobey » (feat. Jolly Joseph) qui sonne comme un vieux Zion train ou ce « Open Gate » (feat. Nai-Jah) qui aurait sa place parmi les chefs d’œuvre de Black Uhuru ou encore ce « Dub Revolution » (feat. Nazamba) très Prince Far I.

Bref, on sent que Zenzile s’est fait plaisir sur ce disque en revenant sur ses fondamentaux, et c’est très logiquement que leurs fans devraient également y trouver leur compte. Seul petit bémol pour les amateurs de vinyle, ce « Zen Mix » n’existe (pour l’instant?) que sur la version CD du disque et en digital. Croisons les doigts !