ACTUEL DEPUIS 1994 !

18.01.2024

Cette année 2024 verra le Chabada fêter ses 30 ans. Pour être franc, on n’a pas vu le temps passer. Pour être encore plus franc, on se projette déjà dans les prochaines années ! Mais il est parfois important de faire un bilan du passé pour mieux comprendre le présent, et surtout anticiper l’avenir. On vous prépare bien sûr pour les mois qui viennent tout un tas de surprises, de rencontres inédites, de temps forts, de bons plans et d’occasions de faire la fête ensemble. Mais nous ferons également toute l’année des focus sur ces 30 ans d’histoire du Chabada, son implication dans la politique culturelle de la ville, ses moments forts, mais aussi sur ce qu’il a pu représenter pour vous toutes et tous, durant toutes ces années.

Nous avons voulu commencer par le commencement : pas de Chabada sans la scène locale, qui a su se fédérer à la fin des années 80 dans une association, l’ADRAMA, pour demander et obtenir auprès des pouvoirs publics des locaux de répétition et une salle de diffusion. Nous avons donc demandé à trois musiciens, Matthieu Bablée (Zenzile), Étienne Belin (Daria, LANE, Do Not Machine) et Florent Vincelot (Nerlov), ayant commencé leur carrière chacun dans une des trois décennies d’existence du Chabada, de nous donner leur sentiment sur cette fameuse scène musicale angevine.

Est-ce que vous aviez conscience qu’il se passait des choses localement quand vous avez commencé la musique ?

Matthieu Bablée (Zenzile) : En tout cas, la prise de conscience s’est faite assez vite, parce que mon premier souvenir de la scène locale, c’est le 21 juin 1986, le même soir que le match France-Brésil à la coupe du monde au Mexique. J’avais 15 ans, j’étais fou de joie que la France ait gagné, et je me suis ensuite retrouvé pas loin du bar Le Louisiane à regarder un groupe de rock angevin à la fête de la musique. C’était les Noodles, et ils m’avaient mis une belle banane. J’ai tout de suite compris que c’est ce que je voulais faire : poser mon ampli dans ma ville, et faire du bruit pour les gens, à une fête populaire qui, à l’époque, dénotait complètement par rapport à ce qu’on avait connu en France jusque-là. D’ailleurs, quelques fêtes de la musique plus tard, je jouerais à quelques mètres de là, dans le Casbah Club, aux côtés du GZU des Noodles (qui joue aujourd’hui dans The Flicker).

Étienne Belin (Daria, LANE, Do Not Machine) : Sincèrement, je ne crois pas que j’avais conscience d’une quelconque scène à Angers quand j’ai commencé à m’intéresser à Nirvana and co dans la première moitié des 90s. Mais assez rapidement je tombe sur un article dans un magazine de rock où le bassiste de Nirvana est interviewé en même temps que le batteur d’un groupe de rock d’Angers, qui s’appelle Les Thugs, et il clame haut et fort qu’il les kiffe. Ça m’interpelle pas mal ! Mais finalement, ce qui m’a fait véritablement prendre conscience d’une « scène », dans le sens où il se passe des choses qui positionnent une ville sur la carte du rock, c’est quand j’ai découvert qu’un de mes groupes américains préférés, Chokebore, venait enregistrer ses disques dans un studio tout près d’Angers, le Black Box, dans lequel, tiens ?, Les Thugs enregistraient aux aussi. Puis je réalise que ce studio n’est pas venu s’installer là par hasard, que les propriétaires qui étaient anglo-saxons étaient venus parce qu’ils connaissaient Les Thugs justement, et Doudou, leur manager, qui avait monté Radical Production, et qui était en lien avec plein de groupes américains que j’adorais. C’est à ce moment-là que tout se met en branle dans ma tête, que je comprends qu’un son, des connexions, une posture, peuvent fédérer des groupes pour faire une scène.

Florent Vincelot aka Nerlov : Moi, j’ai commencé à jouer à 15/16 ans dans un groupe de metal qui s’appelait H-ORA, au début des années 2000, avec un pote qui ne se faisait pas encore appeler Tucker (futur chanteur de Sheraf, puis Sheraf Brothers). Au collège, j’avais écouté en boucle l’album live de La Ruda Salska, puis au lycée « Totem » de Zenzile. Donc j’avais quand même un peu conscience qu’il se passait des trucs chez moi… Mais j’avais jamais entendu parler des Thugs par exemple, j’ai découvert ce groupe vraiment plus tard, il y a peut-être une dizaine d’années. Pour moi, la « scène locale », ça se résumait donc surtout aux autres groupes de metal du coin que je fréquentais, comme Vaginal Purulence (chez qui on a enregistré le tout premier disque de H-ORA), Barback, Warmachine, Tsunami, et y avait le « gros » groupe local à nos yeux, qui était Arcania. Au bout d’un moment, H-ORA a fini par faire un concert dans le cadre du « On Stage » au Chabada. Et là on a rencontré des gens qui nous ont expliqué qu’ils pouvaient nous aider à avancer. On ne nous avait d’ailleurs pas menti : je pense que je dois être un des musiciens d’Angers qui a le plus bénéficié du soutien du Chabada : depuis le concert de H-ORA à la fête de la musique rue d’Alsace où Martinez (programmateur du Chabada depuis 2000) et François Delaunay (co-directeur du Chabada de 1994 à 2016) étaient venus nous voir, jusqu’à aujourd’hui, tous mes groupes (VedeTT, Sheraf, San Carol, 2024…) ont été soutenus d’une façon ou d’une autre par le Chabada.

Une scène locale, c’est donc une affaire de lieux qui fédèrent ?

Nerlov : En tout cas, c’est primordial. Moi, j’ai rencontré la plupart des gens avec qui j’ai fini par faire des groupes grâce au Chabada. Par exemple, Max de San Carol, je l’ai rencontré parce que le Chabada nous avaient tous les deux branchés avec des étudiants qui devaient faire des clips dans le cadre de leurs études. On est devenus super potes, et j’ai fini par jouer dans son groupe… Pour Sheraf, le groupe s’est littéralement créé dans la foulée de la première édition de Levitation : Tucker et moi, on est devenus super potes avec Stw et Chris devant le concert de Dead Skeletons, et la semaine qui suivait on lançait le groupe devant une bière au Donald’s. Avant l’arrivée du Joker’s et du Garage, la seule succursale où les musiciens pouvaient se croiser en ville, c’était le Donald’s Pub, où on se retrouvait avant et après les concerts du Chab. Des tas de trucs se sont créés là-bas ! Aujourd’hui, les gens ont davantage d’endroits où se croiser, mais je pense que le Donald’s reste un endroit historiquement important pour la musique à Angers.

Étienne : C’est sûr. Une fois qu’on a eu monté le groupe Daria avec mon frère Camille et des potes d’enfance, c’est au Donald’s qu’on a rencontré plein d’autres types de notre âge qui faisaient eux-aussi du rock dans le même genre que nous. On les voyait aussi à des concerts au Chabada, au Rockmania, aux locaux de répé de la Cerclère, et donc au Donald’s Pub qui était clairement le QG des zicos. On a donc fini par tous devenir copains et à jouer partout où on pouvait tous ensemble. C’était l’époque des Sexypop, de Casper, de Fletcher au début des 2000… On était une sorte de seconde vague du rock angevin, mais quand c’était devenu beaucoup plus dur de jouer du rock, parce que ce n’était plus le genre dominant dans la jeunesse. Mais on n’a rien lâché, et on a quand même réussi à faire des dates un peu partout en France, et même à l’étranger. Et je pense que ça n’a été possible que parce qu’on se sentait faire partie d’une sorte de grande famille qui nous poussait aux fesses. De la même manière, quelques années plus tôt, Black & Noir -le magasin de disque indé d’Éric Sourice (chanteur des Thugs) et Martinez (aujourd’hui programmateur du Chabada)- avait été un lieu important pour moi. J’y traînais beaucoup pour écouter (on n’achetait pas souvent, pardon !) tous les groupes indés qu’on adorait, mais aussi y découvrir la scène angevine. C’est là que j’ai découvert Dirty Hands, Happy Drivers, La Ruda Salska, Lo’Jo… On a rapidement réalisé que beaucoup de ces groupes plus vieux que nous traînaient finalement dans les mêmes endroits que nous, on est donc vite devenus potes avec eux aussi, et on prenait des notes dès qu’ils nous filaient deux/trois tuyaux sur comment démarcher un concert, préparer un enregistrement, etc. C’était aussi les débuts d’Internet, et il y a eu un site sur la scène locale qui a beaucoup fait pour fédérer tous les jeunes groupes de l’époque : c’était ZicoramA. On était pour la plupart toutes et tous étudiants et on passait nos pauses-déj’ à la BU à se chambrer et à raconter des conneries sur le forum, entre deux débats intéressants, et ça a créé beaucoup d’amitiés et de collaborations dans la vraie vie. Je pense par exemple à Guib et Grud des Zetlaskars/Earl avec qui on a fait des groupes par la suite…

Matthieu : Bien sûr qu’une scène ne peut vivre que si elle est géographiquement localisée. Et plus c’est restreint, plus c’est efficace. À la fin des années 80, début 90, avant l’arrivée du Chabada donc, il y avait plein de bars qui organisaient des concerts plus ou moins à l’arrache dans le centre. Presque tout se jouait dans un périmètre de quelques dizaines de mètres carrés, entre quelques bars des rues piétonnes aujourd’hui disparus comme Le Louisiane, L’Equateur… On n’a jamais eu à aller chercher très loin ce rock’n’roll qu’on adorait. Il y en avait plein autour de nous dans la ville : Les Thugs, les Noodles, les assos, Black&Noir, La Belle Excentrique, les émissions de radio… C’est d’ailleurs drôle de voir qu’aujourd’hui le Joker’s s’est implanté exactement dans le même périmètre et qu’il recrée cette dynamique en plein centre-ville ! C’est génial ce qui arrive ces dernières années, ce retour des lieux où voir des concerts dans le centre. Ça redynamise tout le réseau. Quand les pouvoirs publics ont décidé d’évacuer les musiques actuelles en périphérie avec un Chabada très excentré, pour les éloigner du centre-ville, ça a compliqué pas mal de choses et paradoxalement plein de gens de bonne volonté avec de l’énergie pour faire bouger les choses se sont épuisés. C’est quand le cœur de la ville vibre que toute la scène vit le plus intensément. Je vois bien aujourd’hui comment Le Chabada, le Joker’s, le Garage, le Héron Carré, tout ça travaille dans le même sens. Et tout le monde y gagne.

Étienne : Selon moi, la taille de la ville a même été un facteur super important pour la scène locale. On est dans une ville moyenne, de moins en moins peut-être d’ailleurs. Mais on a une qualité de vie encore plutôt bien préservée, avec des distances assez courtes entre un point A et un point B et où on apprend vite à se connaître entre musiciens et musiciennes. Du coup, on trouve facilement un plan pour stocker du matos, pour emprunter un camion, pour trouver un type qui sait réparer tel ou tel ampli. On était très potes avec le batteur de Papier Tigre à Nantes, et il nous expliquait la galère que c’était parfois juste pour se rendre à son local de répète. Il hallucinait comment tout paraissait simple quand il passait nous voir à Angers. Ça aide sans doute à garder l’envie, quand le quotidien n’est pas trop relou à gérer…

La taille de la ville a peut-être également simplifié les rencontres intergénérationnelles entre les musicien·nes ?

Nerlov : J’en suis un parfait exemple : j’ai fait un morceau avec les Zenzile, qui doivent avoir 15 ans de plus que moi, et je bosse avec Chahu qui en a dix de moins que moi. Tout le monde en profite, je pense. On apprend des uns des autres. Ça tire tout le monde vers le haut, ça oblige à se remettre en question. C’était une expérience folle de faire ce morceau avec Zenzile. C’était un gros challenge pour moi, un truc très excitant. Globalement il y a une bonne entente entre les musiciens de la ville. Tout le monde se parle, peu importe les chapelles, les générations, les parcours. Je me souviens avoir convaincu mes potes rappeurs Odor et Joh Berry de venir voir des groupes de rock à Levitation, et ils se sont pris des baffes ! Odor veut bosser sur un projet rock maintenant. C’est aussi faisable parce que, comme on le disait, il y a des lieux vivants où on peut se croiser et/ou travailler dans de bonnes conditions.

Étienne : C’est clair. Par exemple, après les avoir rencontrés au Donald’s, La Ruda a fini par nous emmener sur une dizaine de dates, réparties sur deux ou trois tournées, quand ils jouaient sur des scènes qui nous auraient été complètement inaccessibles. On a même joué devant eux à l’Élysée Montmartre, ça a été une expérience dingue ! Plus tard, alors qu’on cherchait des sous pour financer une sortie de disque, on a entendu parler qu’il y avait un billet à se faire auprès de municipalités de l’agglo en proposant une sorte de tutorat dans les locaux de répétition de petites villes autour d’Angers. C’est comme ça qu’on a rencontré à Beaucouzé des gamins qui avaient monté la première mouture d’un groupe qui s’appelait Wank For Peace, et je pense que très modestement on a joué les grands frères avec eux, comme d’autres avaient été assez gentils pour le faire avec nous. On avait aussi filé des coups de main techniques à un petit groupe de ska-rock à Montreuil-Juigné dans lequel jouait un certain William au sax, qui allait bientôt faire de l’electro sous le nom de Thylacine. (rires) Et il y a des exemples comme ça avec tous les groupes, je pense… Du coup, la taille de la ville + le retour de plusieurs lieux où jouer en centre-ville, ça permet de voir plein de jeunes groupes qu’on n’aurait peut-être pas repérés aussi facilement avant. Et c’est hyper motivant pour des vieux comme nous de voir autant des jeunes groupes qui déboulent et qui te mettent des claques. Ils sont tellement meilleurs que nous à leur âge ! Regarde Fragile, Rest Up, Bermud… C’est dingue ! Ça crée une émulation, c’est obligé. Et ça permet aux groupes de grandir à la bonne vitesse, de s’essayer sur plusieurs scènes à différentes jauges, plutôt que -comme à notre époque- être condamné à essayer de jouer au Chabada, même si tu n’y étais pas encore prêt artistiquement parlant. Il y a un maillage de lieux intermédiaires qui se recrée dans plusieurs villes.

Angers a longtemps été associé au rock. À tort ou à raison ?

Étienne : C’est drôle parce que lorsqu’on a monté LANE avec Éric et Pee-Why des Thugs, ils ont réalisé à quel point le contexte était beaucoup plus dur qu’à leur époque pour faire tourner un groupe de rock. Et pourtant, on était déjà sacrément privilégié avec LANE comparé à d’autres groupes. Il a bien fallu se rendre à l’évidence que le rock n’est plus le genre qui attire le plus grand nombre.

Matthieu : Au début Angers était forcément rock puisque c’était le genre majoritaire dans les années 80/90. Mais en vrai, assez rapidement, toutes ces chapelles ont explosé. Et Le Chabada a joué un vrai rôle pour imposer ces nouvelles musiques. Ça a pu créer des frustrations chez certains au départ, mais des gens comme François Delaunay et Gérald Chabaud (premier bassiste des Thugs et programmateur du Chabada de 1994 à 2000) ont laissé la place dans la programmation aux musiques électroniques, au dub, aux musiques du monde, etc. Ça a largement aidé à diversifier la scène locale aujourd’hui. Même si en vrai, elle était déjà très hétérogène. Qui est le plus vieux groupe angevin toujours en activité ? Pas un groupe de rock. C’est Lo’Jo ! À l’époque, j’ai l’impression qu’on vivait tous à côté les uns des autres, et aujourd’hui j’ai l’impression qu’on vit davantage tous ensemble. Ça nous a donné un endroit où se croiser, où travailler ensemble. Ça a créé une dynamique. De croiser Lo’Jo ou La Ruda dans les locaux de répétition, puis de les croiser à l’autre bout de la France dans des festivals, même si tu ne joues pas la même musique, ça crée des sentiments forts. C’est aussi ça une scène locale. Ça se définit aussi quand tu vas jouer à l’extérieur.

Nerlov : Aujourd’hui, Internet est en plus passé par là, la société s’est ouverte à plein d’autres genres musicaux. Pourtant, je trouve qu’il y a toujours un esprit un peu rock à Angers. Parmi les nouveaux super groupes locaux, il y a Rest Up, Fragile, Bermud…  Et il n’y a qu’à regarder les progs du Joker’s et du Garage, qui laissent quand même beaucoup de place à des tas de sous-genres du rock. Ça reste une musique importante, même si elle a perdu de son monopole. Je pense par exemple qu’il y a aussi un côté rock dans mon projet Nerlov, même si très électronique, chanté en français, avec des textes assez sensibles. Au final, j’ai des tas de mes potes rockers qui me disent que ça leur parle, pour ce côté très brut et sincère.

Est-ce qu'une scène locale, ça ne se construit pas également avec tous les gens de l'ombre ?

Nerlov : Bien sûr. On n’arrive à rien tout seul. C’est super important de se sentir épaulé par des assos, un label, une salle. C’est tellement motivant quand tu te lances dans ces métiers. Je me souviens par exemple que Martinez avait proposé à VedeTT de faire la première partie de Pony Pony Run Run, alors qu’on n’avait pas encore fait grand-chose. Et on s’est retrouvés deux jours à Tostaky, avec Achaiss (ancien régisseur des studios Tostaky, aujourd’hui sonorisateur de Thylacine) qui nous a sauvé la mise en retravaillant toutes nos instrus pour le live, parce qu’on était complètement à la rue. C’est inestimable d’avoir des gens compétents et disponibles pour toi. Ça te fait avancer à pas de géant. Quand je raconte ça à des potes musiciens à Paris ou dans d’autres grandes villes, ils hallucinent carrément !

Matthieu : On ne le dit pas assez mais on a à Angers quelques-uns des meilleurs techniciens de France, qui tournent avec des tas de groupes nationaux ou internationaux. La plupart a fait ses armes au Chabada d’ailleurs. Et c’est aussi parce qu’ils ont des endroits où travailler ensemble qu’ils se transmettent eux aussi un savoir-faire. C’est la force de la ville : tu trouves tous les gens compétents qu’il te faut pour bosser sur place : des studios, des ingés-sons, des vidéastes, des tourneurs, des salles, etc.

Étienne : Dans le même ordre d’idée, je doute qu’on soit un jour capable de remercier à sa juste valeur Cali (également sonorisateur de Hint ou Bell Œil et producteur du Studioscope) pour tout ce qu’il a fait pour le groupe, où il nous a accompagnés à la console sur chaque date pour des clopinettes, nous a préparés pour les enregistrements, nous a enregistrés, etc. Il nous a simplifié la vie tellement de fois, pour nous permettre d’être à 200% sur notre musique. On a tellement appris grâce à lui. Pareil pour Jaf aux lumières. C’est inestimable, c’est le mot.

Nerlov : Les techniciens sont même très souvent ceux qui te permettent de faire le lien avec d’autres groupes, puisqu’ils ou elles travaillent avec plein d’autres gens. À l’époque de Sheraf, on nous a rapidement mis dans les pattes des gens qui nous ont appris la vie, comme Jean-Louis aka « Loveless » par exemple. Il nous a tout appris de comment ça marchait, de comment rouler des câbles jusqu’à l’histoire du rock angevin. Il nous a trimballés dans son camion, nous faisait le son, nous engueulait quand on faisait de la merde. Des tas de groupes à Angers lui doivent tellement, il devrait avoir sa statue en ville ! Du coup, on a toujours été très bien entourés techniquement. Aujourd’hui, je ne me verrais pas partir en concert sans François L’Haridon au son. Le nombre de fois où les gens des salles nous disent qu’ils n’ont jamais entendu leur salle sonner comme ça ! Il fait partie intégrante du groupe. C’est un tel luxe qui fait la différence, comparé aux groupes qui n’ont pas des gens comme ça dans leur entourage. C’est fou le nombre de techniciens super balèzes à Angers, qui sont souvent passés par le Chabada c’est vrai, et c’est encore plus fou de les voir souvent s’investir dans ton projet, alors que tu ne seras jamais capable de les rémunérer à la hauteur du taf fourni ! C’est vraiment l’amour de la musique qui nous met toutes et tous dans une même dynamique ! C’est tout ça qui crée une scène locale !

Propos recueillis par Kalcha