Alors, vous, je sais pas, mais moi, en ces temps où on n’avait jamais autant parlé de constitution, de constitutionnalité (et de cons tout court, faut être honnête), j’ai pas arrêté de guetter pour voir si quelqu’un allait enfin réussir à placer un « anticonstitutionnellement » de bon aloi dans le débat. C’était pourtant l’occasion rêvée, mais rien. Nada. La grosse déception. Une de plus, vous me direz. Du coup, je noie mon chagrin avec celles et ceux qui me déçoivent rarement : nos artistes du 4.9 qui, à défaut de toujours en employer de très grands, savent souvent jouer avec les petits ou les gros mots pour faire leurs lois.
On lui a volé un bout d’image pour illustrer cet article, alors commençons par Chahu. Le chanteur vient de sortir un troisième EP intitulé « Fini », précédé il y a quelques semaines d’un single/clip du même nom. Un deuxième clip vient également de sortir pour le très beau « DMB » où Chahu expose ses talents de pongiste (on en connaît d’autres). Sans vouloir divulgâcher, il reste plusieurs perles à exploiter dans ce nouveau disque, dont notamment les deux merveilles en duo avec son vieux complice Nerlov (« Le Vent ») et avec Teenage Bed (« Lancé »). Chahu peaufine donc dans cet EP sa pop triste, où des fantômes de blues malien hantent des chansons qui doivent autant à Bashung qu’à Odezenne. Mais le fait que j’en suis à ma quatrième écoute consécutive devrait vous suffire à comprendre ce que je pense de ce disque.
On peut imaginer que SALE partage plus d’une influence avec Chahu. La chanteuse/guitariste sort en effet un premier EP où plane aussi l’ombre de Bashung dans sa période la plus blues. Ça saute aux oreilles sur « Plus Envie », le très bon single/clip qui accompagne la sortie de cet EP (et peut-être encore plus sur sa version en live-session). Comme pour Chahu, d’autres titres du disque ont le potentiel pour faire de très bons singles, comme ce mélancolique « Immobile » ou cet « Obsolescence programmée » avec son gimmick marmonné. Propre et net !
Elle est peut-être SALE, mais eux sont FRAGILE. Loin d’être des nouveaux-nés, le quintet a fait ses premiers pas dans d’autres groupes que vous connaissez bien si vous lisez nos pages (LANE, Wild Fox, Dogs For Friends, Scuffles…). Ils ont annoncé la sortie de leur premier album en Juin chez Twenty Something, et balancent dès à présent un premier single/clip très efficace (ah, les chœurs aériens en réponse à une voix vénère, ça marche à chaque fois !) entre shoegaze pop et post-punk arty, un peu comme si BDRMM rencontrait Young Fathers. Autant vous dire qu’on va surveiller la suite.
En attendant leur premier EP annoncé normalement pour la fin du printemps, le duo (trio désormais pour la scène) Joanne O Joan vient de sortir un nouveau single dont on n’est pas sûr qu’il se retrouvera dans l’EP puisqu’il semblerait que la chanson a surtout servi de prétexte à faire un mini-clip tourné/réalisé/monté en 48h pendant le dernier Cinéma Sprint. « La Nuit » a reçu dans ce cadre le prix de la presse et le 2e prix du jury lors de la cérémonie de clôture au festival Premiers Plans. Et c’est tant mieux parce que ça aurait été dommage de ne pas profiter de cette petite ritournelle bien obsédante qui mériterait d’être rallongée d’une bonne minute !
Il ne m’en voudra pas, mais je pensais surtout à lui dans mon clin d’œil aux gros mots dans l’introduction de l’article. Parce que Joh Berry n’a jamais eu peur de parler cash. Mais il n’a jamais eu peur non plus de parler de ses failles, de ses doutes. Et le tout sur des instrus avec des basses et des kicks tellement fat que vous ne savez plus comment vous vous appelez après. La « Tempête » qui donne son titre à ce nouveau single, vous allez vous la prendre en pleine tronche, de gré ou de force. De son intro de piano à son solo de guitare final, le MC crache chaque mot comme s’il était le dernier. On lui (et nous) en souhaite pourtant plein d’autres.
On termine avec Floss. Depuis que le rappeur angevin a recentré son projet musical sur une formation resserrée MC + DJ (il évoluait avec un groupe de musiciens auparavant), on le trouve mieux dans ses baskets. On en veut pour preuve les quelques singles qui déboulent depuis un an et qui le voient grimper une marche à chaque fois. Il arrive aujourd’hui avec ce « Distance » qui assume enfin totalement son côté RnB synthétique de lover. Fans du Snoop Dogg de 7 Days Of Funk (son projet en duo avec Dam-Funk), rapprochez-vous de Floss, vous pourriez y trouver de quoi remuer du popotin. Indubitablement.
Rédaction : Kalcha
