Boules et bile

08.03.2023

Avouez que vous lisez juste pour savoir comment je vais bien pouvoir justifier ce titre de haute volée ? Il vous suffira de regarder le nouveau clip de Nerlov pour la première partie, et d’aller ensuite lire la définition de mélancolie sur Wikipedia. Vous y apprendrez (?)  que le terme signifie étymologiquement « la bile noire ». Hippocrate, le père de la médecine, avait en effet théorisé que le corps humain contenait quatre humeurs qui chacune déterminaient notre tempérament. La bile noire, la quatrième humeur, provoquait une grande tristesse, souvent propre aux génies. Je ne sais pas si on ira jusqu’à dire que toutes les personnes dont on va parler ci-dessous sont des génies, mais le hasard a fait qu’elles ont toutes sorti des chansons bien mélancoliques ces jours-ci. Ne faîtes pas vos yeux de cocker, c’est un peu triste, mais c’est très beau !

Le premier à nous foutre les boules (roulement de cymbales !), c’est donc Nerlov. Avec un clip tourné en famille dans une société de boule de Fort, ce single roule doucement vers la sortie d’un prochain disque sur le nouveau label Wiser Records. Nerlov y donne toujours sa vision du monde pas très optimiste -mais peut-on vraiment l’en blâmer ?- où exprimer ouvertement ses blessures aide peut-être à aller mieux ? Collectivement. Et pour lier la parole aux actes, le moustachu a invité son pote Magenta, que vous avez probablement déjà entendu à une époque dans FAUVE ≠, à mettre également ses tripes sur le carreau. « On va finir comme ça ? Comme les dodos les pandas ? Nan c’est pas rigolo mon gars Quand est-ce qu’on sort de là ? »

© Ameline Vildaer

Cet article du Mag doit faire plaisir à Chahu. De la musique triste et une allusion à un cocker, c’était décidément fait pour l’ex-Dogs For Friends. Pas étonnant qu’il ait sorti un nouveau titre -qui lui aussi annonce un nouvel EP- la semaine dernière. Ça s’appelle « Fini » et paradoxalement ça pourrait bien n’être qu’un début pour Chahu, qui a ouvert pour la deuxième fois il y a peu pour Bertrand Belin (cette fois à la Roche / Yon), et les retours ont plutôt été très bons. De quoi regarder l’avenir avec envie. Sienne de vie !

Au début des 80s, quand la pop synthétique prit d’assaut les charts européens, la vieille rengaine des défenseurs du « c’était mieux avant » était de laisser croire que les machines écrivaient quasiment les chansons toutes seules et que ces nouveaux artistes n’avaient donc aucun mérite/talent. La mauvaise foi humaine est sans limite. Pour celles et ceux qui en seraient encore là, Scenius offre une chouette relecture unplugged (hormis une petite boîte à rythme de rien du tout) de « Glass Rain », leur premier single sorti il y a tout juste trois ans. Et si vous ne repartez pas avec ce refrain et ces « ooouuuuhooooouhooouuuuu » dans la tête pour la journée, on ne peut plus grand chose pour vous. Perfect pop song !

En voilà une autre de perfect pop song ! Deuxième single de son album à sortir à la fin du mois, Bermud balance avec « I’ll Wait For You » une chanson nonchalante et tristement joyeuse comme seuls les groupes British du début des 90s savaient le faire (Oasis, Teenage Fan Club, The Stone Roses…). L’ambiance shoegaze du morceau ravira également les fans de pop psychédélique. Et doit mettre en appétit les programmateurs du festival Levitation qui viennent de mettre Bermud à l’affiche de la prochaine édition.

La mélancolie, c’est une humeur que Joh Berry connaît bien. Mais le rappeur connaît aussi la recette pour la contrer : bosser, bosser, bosser. Des nuits la tête dans le son, à cracher ses lyrics dans le micro, c’est son quotidien. Et ça commence à payer. Son nouveau « Tokyo Drift » est une bonne mandale dans la gueule des matins au petit moral. De quoi envisager l’avenir d’un œil plus serein. Grosse instru qui tabasse, flow énervé, ambiance lourde et moite : c’est ce qu’on appelle une bastos. Reste plus qu’à la placer au générique d’un blockbuster ou d’un jeu-vidéo, et on sort les coupettes au prochain épisode. Bulles et bile ?

Rédaction : Kalcha