Extrait de la pochette du 2ème album de Limboy

CENT PEURS ET CENT REPROCHES

19.03.2025

Partout on lit que les troubles mentaux progressent, que les jeunes sont de plus en plus mal dans leur peau, que notre société est de plus en plus dépressive. En même temps, on ne va pas se mentir, les optimistes ont quand même un sacré mérite en ce moment : climat complètement déréglé, défiance vis-à-vis de la science, réapparition de maladies qu’on croyait éradiquées, retour en force des nationalismes, explosion du racisme et de l’antisémitisme, des guerres qui ne veulent pas s’arrêter, violences envers les femmes et les minorités de genre, et j’en passe et des meilleures. Les motifs d’avoir peur de l’avenir sont légions. Et surtout, tout le monde préfère perdre son temps à reprocher à ses voisin·es d’être à l’origine du problème plutôt que de chercher ensemble de vraies solutions. Tu m’étonnes qu’on déprime. Bon, il paraît que la musique adoucit les peurs, un truc du genre. Donc je vous ai mis un peu de rab offert par la maison…

Commençons donc tout de suite avec de la vraie douceur. Oda. vient de dévoiler une très belle live-session tournée au lycée Joachim du Bellay (là où les membres du groupes se sont rencontré·es pour la première fois il y a quelques années). Vous y entendrez trois titres de leur dernier EP et vous découvrirez surtout le duo en format trio (avec l’adjonction d’une batterie). Vous auriez normalement pu applaudir la pop délicate d’Oda. en première partie de Grise Cornac début avril au Chabada, mais la date a été repoussée au 3 Octobre. Notez ça tout de suite dans vos tablettes !

J’aurais tout aussi bien pu décider de démarrer cet article avec le nouveau single de Théophile, puisque le chanteur y traite justement de la dépression. Ce « Déconnecté » ne choisit jamais vraiment entre pop électronique, chanson et rap/slam comme Kwal s’en était fait une spécialité il y a quelques années. L’ambiance y est en tout cas ouatée, brumeuse comme une carapace de douceur qui permet de se protéger de la violence du monde extérieur.

« Brûler les photos », « L’éternité c’est long »… À lire certains titres des chansons du nouvel EP de Nathan Simonin, on peut imaginer que le fil rouge de cet article ne lui sera pas totalement étranger non plus. Le chanteur y trouve en tout cas de mieux en mieux sa voie (sa voix ?), imposant des chansons douces-amères légèrement désabusées, sur fond de bossa/jazz qui groove, qui devraient aisément séduire les fans des premiers Katerine ou Mathieu Boogaerts.

© Hortense Bourgade

« A House On Fire ». Le titre du nouveau morceau de Do Not Machine (le groupe avec des Daria et du Zenzile dedans) ne sent pas la sérénité à plein nez non plus, vous me direz. Vous le trouverez sur un split-single partagé avec leurs collègues nantais de tournée, Watertank, disponible uniquement sur les bandcamp des deux groupes. Le morceau est un inédit issu des sessions d’enregistrement du deuxième album de DNM, sorti l’an dernier sur le label Nineteen Something. On ne connait pas trop les raisons qui ont fait que ce morceau n’a pas terminé sur l’album, mais à l’évidence ce n’était pas par manque de guitares… Fans du grunge / noise-rock des 90s, c’est pour vous !

On vous avait parlé il y a quinze jours qu’un deuxième album de Limboy était sur le point de sortir, ça n’a effectivement pas traîné. On vous avait alors présenté les deux singles déjà disponibles, à savoir les excellents premier et dernier morceaux de cet album. Entre les deux, conformément à nos prédictions, une enfilade de coups de boule post-punk hardcore noise tous plus jubilatoires les uns que les autres. Difficile donc de mettre en avant un titre plutôt qu’un autre, mais ne passez quand même surtout pas à côté du post-apocalyptique « Arrested Development », du nerveux « Poison », du joydivisionesque « Nightman » ou de l’étonnant « Change for a change ». Et dépêchez-vous de choper un des 200 exemplaires en vinyle de cet album !

© Ameline Vildaer

Limboy et Alright Mela évoluent dans des sphères musicales très éloignées, mais on parie sans trop de crainte qu’ils partagent pas mal de points de vue sur les raisons pour lesquelles la planète part complètement en sucette. Le trio electro-dub-oriental vient tout juste de sortir un nouveau single, « Layli », qui fait encore une fois le pont entre les cultures en permettant à tous et toutes de se retrouver sur la piste de danse. Power to the people on the dancefloor !

Le dancefloor, lui aussi, il connaît bien. VAPA a sorti il y a peu le deuxième volet de son EP « Eponym », et vous y trouverez encore quelques gros (GROS) tracks techno pour faire lever tous les bras en fin de soirée. Comme par exemple cet excellent « Meilleur Avenir » (tiens, lui aussi semble trouver que le présent n’est pas folichon) en duo avec la rappeuse/chanteuse Eesah Yasuke, dont vous pourrez entendre la version extended ci-dessous. Montez le volume, et laissez faire les basses. Si l’assemblée ne finit par en transe, changez d’assemblée.

© Chapixtures

Ennio vient également de sorti un tout nouveau single. Et « Odio » marque un changement vis-à-vis de ses précédentes sorties. L’instru très minimaliste (et sans beat à proprement parler sur quasiment les deux tiers du morceau) laisse la voie libre à un texte très personnel, et finalement forme un des titres les plus originaux du rappeur jusqu’à présent. Ça donne envie de voir ce que va donner la suite… Autant vous dire que je n’avais pas imaginé terminer cet article avec une raison de me réjouir de l’avenir, donc le dicton approximatif à la fin de mon introduction semble plus à propos que jamais !

Rédaction : Kalcha