DE LA FUITE DANS LES IDÉES

29.06.2022

Une pandémie mondiale qui ne veut pas s’arrêter, une guerre absurde aux portes de l’Europe, des vieux juges qui veulent décider du corps des femmes, le climat qui part en sucette, les raisons de vouloir fuir loin, très loin, sont légion. Sauf que la bêtise humaine ne connaît aucune frontière. Heureusement le génie humain non plus (même s’il est visiblement moins bien réparti). Accrochons-nous donc à ce que certain·es d’entre nous font de mieux, à savoir de la musique, du cinéma, des livres, de la peinture, de la cuisine, etc. Dernier petit tour de table de la scène locale avant les vacances. Le Mag rouvrira ses pages le 7 septembre.

On vous concède qu’on a fait des entrées en matière plus guillerette. Ceci dit, ça nous fait une bonne transition pour vous présenter le deuxième EP du groupe Introspective. Bon, déjà le nom du groupe vous met sur la piste, on ne va pas forcément rigoler des masses. En revanche, si vous aimez votre musique avec un post- devant (post-rock, post-hardcore, post-metal…), vous êtes au bon endroit. Et encore davantage si les noms de Neurosis, Isis ou Pelican vous filent des frissons d’excitation dans le bas du dos. Les quatre longs titres de cet EP éponyme, parfaitement produit, vous embarquent dans le même type d’odyssée, ponctuée d’abysses insondables et d’explosions titanesques, à vous laisser sur le carreau à la fin de la traversée. Le désormais sextet célébrait la sortie de cet EP il y a peu au Joker’s Pub et on nous a dit le plus grand bien du concert. On espère donc les revoir sur une scène du coin le plus rapidement possible.

Sinon, rien à voir, mais j’ai l’impression que j’ai vexé les Wild Fox. J’ai eu le malheur il y a quelques semaines de m’étonner de leur silence cette année, et le mois dernier j’ai eu droit à une réponse en bonne et due forme des rockeurs avec la sortie d’un 45-t collaboratif avec Stuffed Foxes, et la participation de deux de leurs membres au nouveau groupe Bermud. Comme si ça ne suffisait pas, c’est aujourd’hui leur bassiste qui se rappelle à mon souvenir en sortant un étonnant EP… de rap, sous le nom de Kul4 ! Pour être tout à fait précis, « Young Big Dreamer 2 » (rassurez-moi, vous aussi vous étiez passé·es à côté du #1 sorti l’an dernier ?) donne plutôt dans la drill et la trap, et en anglais s’il vous please. Et le moins qu’on puisse dire c’est que le bonhomme s’en sort plutôt très bien. Comme vous pourrez aussi le constater dans ce freestyle inédit balancé juste avant l’EP.

Si les rockeurs se mettent à faire du rap, que vont faire les rappeurs ? A priori s’en rouler un petit. En tout cas si on en croit le dernier single d’Odor. En même temps, son titre « Taff » joue sur l’ambiguïté du terme puisqu’on sait que le MC n’est pas du genre à s’économiser quand il s’agit de mouiller la chemise (celles et ceux qui l’ont vu à la fête de la musique pourront témoigner). Le bonhomme annonce d’ailleurs un nouvel EP à la rentrée, et ça donne presque envie d’y être tout de suite (presque, hein).

Si on devait faire un concours de chemises mouillées, les quatre hurluberlus de Des Lions Pour Des Lions pourraient sans trop forcer espérer une marche du podium. On connaît en effet la furie contagieuse du quatuor sur scène (si vous pas encore, surveillez les dates de fin 2022 du Chabada, mais chut, hein !). Or jusqu’à présent le groupe n’avait pas encore totalement réussi à retranscrire cette folie sur disque. C’est enfin chose faite avec ce deuxième album, « No​(​s) Border », complètement à leur image : punk, drôle, équilibriste, casse-cou, dadaïste, libre. Des morceaux comme « La Grande Aventure » ou « Les Fanfares Brutes » sont des chefs d’oeuvre inclassables mais qui vous mèneront indubitablement à la transe, et d’autres plus surprenants comme « Robots » (une réponse blues tamashek -enfin au début- à Kraftwerk), « Donne Prends » (avec la légende de l’accordéon réunionnais René Lacaille en invité de luxe) ou le tout doux « Rojava » nous embarquent sur des pistes inattendues (et pourtant, avec elle et eux, on pensait s’attendre à tout). Un des grands disques de l’années, ne passez surtout pas à côté !

On vous avait parlé d’elles dans le premier article de la saison, c’est presque logique qu’elles soient dans le dernier. Le duo Kolina sort en effet son premier EP et un clip par la même occasion. La mère et la fille se retrouvent sur une afro-pop moderne et envoutante qu’on est impatient de découvrir sur scène (à la rentrée, normalement). La moitié de ces six titres étaient déjà parus en singles auparavant, mais c’est toujours un plaisir de réentendre le tube « Dai Dai Bia Wa ». Outre le « Dalasalama » clippé ci-dessous, vous penserez également bien à ajouter le très efficace « Solie » à votre playlist estivale. Vous nous remercierez plus tard…

Tant qu’on y est, ajoutez aussi « Pinker », le premier single du trio Hyper Jacuzzi, qui va mettre un bordel de tous les diables sur toutes les pistes où vous le passerez cet été. Prenez trois jeunes jazzmen qui ont envie de jouer de la house music organique, et mettez-les sur une scène devant une caméra qui bouge partout. Le clip est en effet un long plan-séquence d’une session jouée live, ça vous donne une idée de la maitrise et de la puissance dégagée par le trio. Vous avez aimé St Germain, Mr Oizo ou Jazzanova ? Vous allez adorer Hyper Jacuzzi.

Bonnes vacances à tous·tes, prenez soin de vous, amusez-vous bien, fuyez le quotidien autant que possible et rendez-vous le 7 septembre, même endroit, même heure, pour de nouvelles perles de votre scène locale.

Rédaction : Kalcha