DÉPRIMES DE BIENVENUE

20.09.2023

Est-ce un pur hasard, est-ce la perspective de l’automne qui finira bien par arriver, est-ce le contexte socio-politique actuel ? Toujours est-il que les sorties de vos groupes locaux préférés de ces derniers jours sentent un peu la déprime générale. Les esprits chagrins (eux-aussi) diront sans doute qu’on pouvait rêver mieux pour souhaiter la bienvenue à cette nouvelle saison de concerts et de sorties discographiques, mais on leur répondra qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser des vœux. On vous laisse méditer là-dessus pendant que vous écouterez cette jolie farandole mélancolique.

Commençons avec quelqu’un qui est habitué aux chansons tristes ET à ne pas faire ce qu’on attend de lui. On vous avait expliqué que We’Ve Been There Before s’était trouvé une nouvelle passion avec le violoncelle, comme on l’entend bien sur son dernier EP en date. Mais le chanteur/guitariste à la voix éraillée avait une vieille rengaine à la guitare folk qui traînait sur un disque dur qui ne collait plus tellement à son univers du moment. Qu’à cela ne tienne, et contrairement aux us et coutumes du music business, il a donc décidé de l’ajouter tardivement à un EP de l’an dernier sur son bandcamp. Vous pourrez donc découvrir ce très beau « Slow Down » à la suite de deux autres ballades acoustiques que vous pourrez bien sûr vous réécouter dans la foulée.

© Arthur Gouté

En voilà deux autres manifestement à l’aise dans la mélancolie. Oda existe seulement depuis un peu plus d’un an, mais ce premier single démontre que le duo domine déjà parfaitement son sujet : une dream-folk langoureuse et lancinante, entre Cat Power et Cocteau Twins. Vous pourrez bientôt le vérifier de vous-même sur scène puisqu’Oda sera à l’affiche du Elles Festival  au Chabada le 18 octobre prochain. On peut en tout cas légitimement espérer que ce « Great Fortune » leur porte effectivement chance pour l’avenir…

À l’affiche du même concert qu’Oda, vous pourrez aussi retrouver Joanne O Joan, que vous connaissez sans doute un peu mieux si vous êtes habitué·e à nos pages. Le duo (trio sur scène) vient de poster un nouveau titre en live-session qui les éloigne, sortie après sortie, de la candeur des ritournelles de leurs débuts. L’ambiance est ici plus posée, plus intériorisée, plus maîtrisée. Plus adulte, sans doute, malgré la poésie qui transpire toujours de leurs morceaux. L’arrivée du batteur sur scène apporte également un vrai plus qu’on est impatient d’entendre à fort volume sur scène.

© Chloé André

Elle sera aussi à l’affiche du Elles Festival, mais en tant qu’animatrice de l’Open Mic du 12 octobre. La rappeuse angevine Nua vient par ailleurs de sortir un nouveau track pour annoncer son premier véritable EP prévu le 6 octobre. Ce « Je peux plus dire (JPPD) » rajoute une pierre à l’édifice des amours compliquées, qui paraît toujours aussi peu stable malgré des millions de mains à la pâte. L’ambiance est entre pop et soul urbaine, la basse est ronde, les refrains traînent un peu en longueur : ça va rester dans les crânes un bon bout de temps.

Eux aussi annoncent bientôt un prochain disque, intitulé « Alien Days », sans pour autant encore donner de date de sortie précise. Big Wool n’a jamais tellement aimé les agendas. Heureusement, on a de quoi patienter avec cette magnifique live-session tournée dans un endroit tout aussi majestueux (le Couvent de la Baumette). Ce « Dancing In The Fire » se découpe en deux parties : une première toute en ascension, têtue, presque frustrante, puis une seconde partie qui explose dans les étoiles comme Patrick Watson ou Thee Silver mount Zion savent également le faire. Paroxysmique ! En tout cas, le caractère sacré de l’endroit me donne envie de m’exclamer…

© Roberta Pracchia

« Alléluia, j’ai été entendu ! » Béranger Vantomme a en effet enfin sorti un morceau de plus de deux minutes de son projet solo ! Et j’ai eu raison d’insister, « The Dance Behind The Mask » permet enfin de se plonger intégralement dans l’univers du batteur angevin, c’est donc une véritable armée de percussions -sombres, martiales, tribales- qui vous pousse, vous pique, vous chahute, jusqu’au bout de la transe. Le morceau à jouer très fort quand vous voulez exorciser tous les sentiments négatifs accumulés dans la journée. Heureusement qu’il existe une fonction « Repeat ».

Les petites déprimes, ça ne se soigne pas qu’avec des chansons tristes. Parfois, il faut prendre les problèmes par le colbac et aller leur régler leur compte sur le dancefloor. Et pour ça, vous ne trouverez pas mieux sur le marché en ce moment que le remix velu de Black Boiler du morceau « Manolito » de Glass. Black Boiler a transformé l’efficace post-blues-punk de départ en hymne Electronic Body Music façon Front 242 ou D.A.F. Ça sent donc les regards fiévreux et les torses luisants de sueur : autant vous dire que les problèmes vont passer un sale quart d’heure.

Rédaction : Kalcha