Mais fais ce qu’il te plaît !

03.05.2023

En avril, en mai, en juin, en juillet, fais donc ce qu’il te plaît. Et tout le reste de l’année aussi. Tant que ça n’empiète pas sur la liberté des autres, chacun·e peut bien mener sa vie comme elle·il l’entend. On devrait même tous et toutes prendre exemple sur les artistes d’aujourd’hui qui s’émancipent chaque jour un peu plus des carcans d’autrefois : la chanson d’hier se confond avec le rap, le rock est aussi électronique, la pop expérimente, le jazz redevient hype, etc. Tous ces changements se retrouvent bien sûr également dans la scène locale. La preuve par l’exemple, ci-dessous !

Qu’y a-t-il de plus libre que de faire de la musique à contre-courant de la tendance majoritaire ?  Quand tout le monde semble s’être mis à la trap ou à la pop urbaine, certain·es font donc encore et toujours du hip hop à l’ancienne, pour l’amour du sample obscur et de la rime riche. Mais sans les œillères qui ont parfois ghettoïsé le genre par le passé. Le collectif Le Bayou Bambou Club vient ainsi de cuisiner un deuxième EP -réalisé dans les mêmes conditions que le premier, à savoir entièrement écrit, composé en enregistré en six jours et six nuits- et dont les épices sont autant à chercher du côté de la country (le très Buck 65 « Everything is ok »), des musiques indo-orientales (« Dub Fiction »), de la bossa nova, du funk-rock (« La Flamme » qui rappelle le FFF de la grande époque) que de la soul ou du jazz qui vampirisaient le genre dans les 90s. Bref, si vous aimez le rap kaléidoscopique et cinéphile (de nombreux extraits de dialogues émaillent les morceaux), vous êtes assurément au bon endroit.

© Ameline Vildaer

Théophile s’est pour l’instant plutôt fait un prénom dans la chanson-pop à texte, mais on savait le bonhomme également gros fan de rap. Il franchit un pas de plus en invitant le chanteur de Cabadzi sur ce nouveau single hybride, dont les paroles résument bien le désarroi de toute une génération en quête de sens. Ce « Marcher Seul » annonce un nouvel EP de collaborations. Parce que l’union fait la force.

Le réalisateur du clip de Théophile est un certain Hugo Séchet, que vous avez peut-être déjà croisé en tant que guitariste chez Michelle & Les Garçons (ou Hugal en solo). Le trio vient de sortir son premier EP 5-titres dans lequel on retrouve les deux singles déjà sortis (l’excellent « Bizarre » et « Gris Bleu »), ainsi que le tubesque « Je m’en vais » qui avait fait l’objet d’une session-live pour Capharnaüm l’an dernier. Restent donc deux inédits (les très bons « Entre la vie et la mort » et « Les Amants ») qui confirment tout le potentiel national qu’on devine chez ce groupe, promis à un destin au niveau de Jeanne Added ou Christine and the Queens/Chris/Redcar.

Le même jour que l’EP de Michelle & Les Garçons sortait également un nouveau single de Nerlov. Cet appel « À l’aide » emmène le chanteur dans des contrées qu’il ne visite que trop rarement à mon goût, à savoir des morceaux uptempo et dansants sans pour autant se départir de sa signature mélancolique. Ça marchait déjà du tonnerre avec « Prophéties » dans l’EP précédent, ça décroche à nouveau la timbale avec ce nouveau titre. Pour le clip, notre beau moustachu s’est replongé dans les vieilles vidéos familiales (rappelez-vous des tout débuts de VedeTT avec « Marry Me »). Bref, un très bon Nerlov qui risque de beaucoup tourner tout l’été.

D’ailleurs, peut-être bien qu’on l’enchaînera dans la playlist avec « Chinese Room », le nouveau single de Scenius. En amont d’un album annoncé pour le 19 Mai, ce premier extrait s’appuie lui aussi sur les points forts du duo franco-anglais : une rythmique froidement funky, des nappes de claviers brumeuses et une mélodie de chant qui vous poursuit jusqu’au petit matin. La synth-pop dans ce qu’elle a de plus efficace. Vivement l’album !

© Josic Jégu et Chris Télor

Après un premier EP 3-titres en début d’année, Ju(s) revient avec « Sueurs Froides », un nouveau single. Le chanteur y poursuit son voyage sur les traces d’un Alain Bashung ou d’un Rodolphe Burger. Une certaine idée de la poésie, une certaine idée du blues. Mais Ju(s) a également retenu qu’il fallait un petit plus qui sort du lot pour qu’une chanson s’accroche, et les refrains marmonnés de ce « Sueurs Froides » font parfaitement le boulot.

Béranger Vantomme cherche les ennuis. En tout cas, il aime jouer avec nos nerfs. Ou bien il prend un peu trop à la lettre le titre de cet article. On a déjà expliqué lors de ses précédentes sorties qu’on aimerait bien entendre un peu plus que des vignettes d’à peine deux minutes de ce projet solo à la batterie, car chacune de ses vidéos commence à installer une atmosphère propice à a transe qui mériterait des plages beaucoup plus longues pour exploiter tout leur potentiel. Or, ce « In Space » ne dépasse pas la minute et demi. C’est malin, on fait quoi maintenant ? Bah on attend un concert, et vite ! Merci. Enfin, s’il te plaît ?

Rédaction : Kalcha