Après un week-end entièrement dédié au festival Levitation, aussi riche en émotions fortes que pauvre en heures de sommeil, l’idée (bon, ok, la flemme) d’essayer de demander à la fameuse Intelligence Artificielle de rédiger cet article à ma place m’a honteusement traversé l’esprit. Mais le résultat donnait à penser que l’IA était plus fatiguée que moi encore, j’ai donc pris mon courage à deux doigts (oui, je tape au clavier comme un brigadier-chef). Qu’on le veuille ou non, cette technologie est pourtant déjà là, pas encore parfaite, mais déjà bluffante, et il semblerait qu’on ait donc collectivement tout intérêt à apprendre à l’utiliser au mieux le plus rapidement possible si on ne veut pas avoir à la subir dans un avenir proche et que ça finisse par nous coûter la peau du Q.I. En attendant, je vous offre cette suite de mots sur nos groupes locaux du moment, articulée par une intelligence certes diminuée, mais entièrement naturelle.
D’ailleurs, quelle meilleure transition aurais-je pu souhaiter que l’annonce de ce deuxième single du trio DA Pontcé ? Le groupe s’est en effet amusé à teaser sur les réseaux sociaux avec une image visiblement générée par une IA (regardez les doigts chelous des membres du groupe, elle·ils risquent pas de taper aussi vite qu’un brigadier-chef !). Autant « Byzance », leur premier single, était groovy en diable, autant cet « Homer » est mélancolique à souhait. Et même un brin psychédélique, façon Julien Gasc ou Flavien Berger. Bref, on ne peut que vous inciter à suivre de très près cet excellent nouveau projet de deux Des Lions Pour Des Lions + un Loire Valley Calypsos dont on attend le premier EP avec impatience.
Scenius n’a pas utilisé d’IA pour son deuxième album, mais le duo a quand même réalisé son dernier clip à partir d’images vidéo libres de droit (tout comme la photo utilisée pour la pochette de ce deuxième disque). Il faut dire que Scenius ne fait pas souvent les choses comme tout le monde, avec déjà un musicien à Angers et un autre à Leeds en Angleterre. Mais l’éloignement géographique ne semble absolument pas retarder le duo qui sort un nouvel album, trois ans après un premier effort unanimement salué par la presse spécialisée internationale (ça peut aider d’avoir un musicien qui a enregistré et fait partie des musiciens additionnels sur scène pour The Cure). Ce « Life Is A Thing », peut-être plus abouti encore et varié que son prédécesseur, regorge de tubes potentiels : outre l’efficace « Chinese Room » récemment clippé, le vénéneux « High Low » (déjà sorti en single l’an dernier), le magnifique « La Même Nuit » ou l’inquiétant « Moon Fall » raviront tous·tes les fans de synth-wave du monde entier.
Voilà une info que n’aurait sans doute pas réussi à trouver l’IA : le rappeur Equanim revient en solo. Presque 10 ans après un très bon premier mini-album, le MC de Nouvel R, d’Exop et des Frères Casquette annonce à la surprise générale un nouvel EP dans le courant du mois de juin. Il s’appellera « Lambda » (on est à une lettre d’avoir une danse de l’été, c’est peut-être bon signe pour lui !) et vous y retrouverez ce premier single clippé, truffé de clins d’œil à l’âge d’or du rap français de la deuxième moitié des 90s, quand le jeune MC est entré dans le rap-game avec son premier groupe, Les 4V. Et c’est une très bonne nouvelle pour tous les gens qui aiment leur rap avec des mots de plus de deux syllabes.
On parlait d’un des darons du rap angevin, parlons d’un de ses jeunes rejetons. Hidden vient de sortir un nouveau single, assez différent de la veine mélancolique qu’on connaissait de lui. Pour preuve, l’instru (produit par le toujours impeccable Monarch) de « Forrest Gump » lorgne furieusement sur la drum’n’bass (dont l’âge d’or se situe également dans la seconde moitié des 90s). J’avoue que je ne m’y attendais pas plus que l’IA, mais c’est pourtant une très bonne idée puisque Hidden tient probablement là un de ses meilleurs titres à ce jour.
S’il y en a un qui n’est pas près d’utiliser l’IA pour sa musique, c’est bien Guillaume Goubier, que vous connaissez peut-être mieux dans ses projets Hungart Thorsen ou We’Ve Been There Before. Le chanteur/guitariste travaille sa musique en artisan, en ignorant les codes du business et en faisant tout avec ses dix doigts (beaucoup de ses pochettes sont faites-main, etc.). Même le clip de « Hold On Firm », le troisième single tiré du dernier EP de W’VBTB, est entièrement artisanal. Alors, certes, tout ça prend beaucoup de temps, mais c’est bouleversant de poésie. Et c’est peut-être ce qui nous différencie encore (pour l’instant ?) d’une Intelligence Artificielle, cette capacité à provoquer chez nos semblables une larme, un éclat de rire ou un frisson, cette Intelligence Émotionnelle, quintessence de notre fragile humanité.
Rédaction : Kalcha
