Eustache
Façade du bâtiment des locaux de répétition

Le Chab et moi, trente ans déjà ! (Partie 3/6 : 2005 – 2010)

15.05.2024

J’avais quinze ans quand le Chabada a investi le site des anciens abattoirs de la ville d’Angers. Depuis, il est là, à mes côtés, comme le témoin silencieux de chacune des étapes de ma vie. Son trentième anniversaire est l’occasion pour moi de faire le récit de notre aventure commune…

Avec Marie, nous sommes devenus inséparables. Nous avons trouvé refuge dans son petit duplex situé près des Greniers Saint-Jean et, dans les mois qui ont suivi notre rencontre, alors que nous venions tout juste de terminer nos études, nous sommes allés voir un nombre incalculable de concerts : Wax Tailor, Emilie Loizeau, Raúl Paz, Stupeflip, Alain Bashung, Archive, Hocus Pocus ou la Grande Sophie

Mais les semaines ont passé, et avec elles les mois et les saisons au cours desquelles nous avons fait connaissance avec la vie d’adulte. Cette vie dont tout le monde vous vante les mérites quand vous avez dix ou quinze ans mais qui finit un jour par vous empoigner par les cheveux, chaque matin au réveil, avant de vous plonger le visage dans un grand bol de routine aux pépites de chocolat au lait. À cette époque, Marie et moi avons dû prendre un peu de recul avec la musique. Nous venions officiellement d’emménager ensemble, nos finances étaient incertaines et notre fatigue péniblement persistante. En clair, nous étions en train de perdre le contact avec Le Chabada et, entre elle et moi, quelque chose commençait à manquer.

L’idée de faire de la musique ensemble a d’abord émergé comme une plaisanterie, que Marie a lancée au moment où nous sortions du concert de Général Elektriks – notre premier depuis plus d’un an. Mais, rapidement, l’évidence a fini par s’imposer : Marie en avait assez de chanter seule sous la douche – et partout ailleurs – et moi, j’étais triste de voir, dans un coin de notre chambre, la poussière se déposer sur une guitare basse que je n’avais plus chaussée depuis au moins six mois. L’heure n’était pas encore à cette mode qui consiste à associer un genre musical à un adjectif quelconque – math-rock estival, shoegaze réjouissant, post-punk cérébral –, alors nous avons simplement décidé que nous ferions de la pop, avec des paroles en anglais. Ainsi, au début de l’année 2009, nous avons trouvé les trois choses qui nous manquaient pour mettre en œuvre notre projet : un guitariste à mèche, un batteur à tatouages et le chemin de la Cerclère, première à droite après le pont, c’était pourtant pas compliqué.

local de répétition avec batteri, guitares, ampli, affiches sur les murs

Une fois par mois, nous avons ainsi investi le studio numéro un – le plus grand, entièrement équipé et muni de ces plafonniers que l’on trouve habituellement dans les sous-sols bétonnés, là où ça sent la lessive, l’humidité et la vieille tondeuse à gazon. La batterie y tenait le choc, l’ampli basse était plus haut que notre réfrigérateur et le guitariste disposait de l’espace suffisant pour aligner une quantité déprimante de câbles jack et de pédales – le jeu consistant pour lui, à chaque début de séance, à localiser parmi eux l’origine du bruit de fond parasite. A chaque fois, nous prenions la relève de trois jeunes amateurs de punk-rock subversif qui, au vu de l’odeur qu’ils laissaient derrière eux, se dépensaient sans compter pendant leurs répétitions. Mais, toujours – la bière d’abbaye aidant pas mal –, la magie finissait par opérer. Et, quelques mois plus tard, nous avons finalement disposé d’une petite dizaine de compositions, qu’il nous tardait de soumettre au jugement des experts.

LIRE PARTIE 1 – Le Chab et moi, trente ans déjà : 1994-1999 !
LIRE PARTIE 2 – Le Chab et moi, trente ans déjà : 2000-2004 !

Rédaction : Stéphane Mouton
La passion de l’écriture est un jour tombée sur les épaules de Stéphane ; c’était un jour de beau temps, quoiqu’un peu frais pour la saison. D’abord attiré par la nouvelle, il a finalement commis l’irréparable : écrire un roman, aujourd’hui auto-édité. Il est par ailleurs photographe bénévole au Chabada et musicien à ses heures perdues.

 

Eustache
Eustache, le Fanzine des bénévoles du Chabada, s’intéresse à celles et ceux qu’on n’entend pas forcément au Chabada. Vous ! Les usager·es de ce lieu. Spectateur·rices, passionné·es, musicien·nes amateur·rices, membres de la scène locale, ce Fanzine veut mettre en lumière tout ce qui vous fait aimer cette salle bientôt trentenaire.