Vous avez peut-être vous aussi regardé -ou au moins entendu parler de- la mini-série sur Arte « Le Monde De Demain » ? On y revit en six épisodes la naissance et l’explosion du mouvement hip hop en France au cours des années 80 à travers les premiers pas de deux de ses légendes, le DJ Dee Nasty et le groupe Suprême NTM. Drôle d’époque où si peu de gens prenaient cette mode des banlieues au sérieux et où personne ne donnait de crédit aux paroles d’une des premières chansons de NTM en 1990, « Le Monde De Demain », qui alertait sur le décrochage de toute une partie de la société française. Trente ans plus tard, le rap est devenue la musique ultra-dominante dans toutes les couches de la jeunesse, et le morceau de NTM pourrait malheureusement être renommé « Le Monde D’Aujourd’hui ». Ça nous semblait donc être la bonne occasion de vous présenter quelques noms de la scène rap/musiques urbaines angevine, qui n’a jamais été aussi productive…
Mais avant de commencer, rendons tout de même hommage au groupe sans qui le rap à Angers aurait probablement été bien différent. Au milieu des 90s, le groupe Soul Choc a en effet imposé une véritable alternative en France et prouvé qu’on pouvait faire du rap ailleurs qu’en banlieue parisienne et à Marseille. En se regroupant dans le collectif Bastion et le label Sysmix Recordz (sur les cendres duquel s’est ensuite monté l’actuel label généraliste Yotanka), plusieurs groupes issus du Grand Ouest ont alors bousculé les projecteurs des médias nationaux et révélé que la fièvre du hip hop avait contaminé bien plus de gens que la France d’en haut ne pouvait le penser. Et pendant ce temps-là, chez nous, tout le monde chantait en chœur « Angers, Danger ! ».
Aujourd’hui le rap a muté mille fois et prend ici ou là les noms de trap, de drill, d’hyperpop, de grime, de cloud rap ou de pop urbaine parmi tant d’autres étiquettes auxquelles peu de plus de trente ans voient de réelle différence. C’est d’ailleurs bien là la grande force d’Odor, qui réussit à mettre d’accord les gens de sa génération et celles et ceux qui pensaient que le rap c’était mieux avant, grâce notamment à une énergie très rock absolument irrésistible. Le rappeur vient de sortir un nouvel EP « Lithium », dont est tiré le « Nintendo » clippé ci-dessous. Mais ne passez surtout pas à côté du morceau « Gagne-Pain » dans l’EP qui illustre parfaitement ce qu’on a expliqué deux lignes plus tôt : un véritable tube en puissance ! On espère que le MC le jouera sur la scène du Qu4tre, le 16 novembre qui vient.
Un autre nom, plus discret peut-être, de l’actuelle scène angevine : Hidden (bon, en même temps, ça veut dire « caché » en anglais, donc le gars ne cherche sans doute pas trop la lumière). Il a lui aussi sorti il y a peu un nouvel EP, intitulé « Premier Jour ». Le MC y semble plus mélancolique que ce qu’on avait entendu de lui par le passé : sept titres plutôt downtempo donc, aux ambiances très vaporeuses et aux basses très lourdes, propices à l’introspection ou aux soirées en tête-à-tête sous la couette. On entre dans l’automne, c’est donc parfaitement de saison !
Preuve que le hip hop a su évoluer avec son temps, vous ne verrez pas beaucoup de ressemblance entre le Suprême NTM du début des 90s et Silkky. Se mélangeant à la pop et aux musiques électroniques, le hip hop s’est en effet retrouvé digéré dans ce qu’on appelle les musiques urbaines, comme la future bass ou l’hyperpop dont se réclame le chanteur/producteur d’Avrillé. Vous devriez en effet penser fort au Canadien The Weeknd en entendant le très efficace nouveau single de Silkky, « Come With Me », qui annonce l’EP « And Life Is Slowed Down », attendu pour les semaines à venir. On lui souhaite évidemment le même parcours.
Nouvellement arrivé sur le scène rap angevine depuis sa Mayenne natale, CedK sort un nouveau clip en fin de semaine. Malheureusement, notre planning de publication nous fait manquer sa parution de peu, mais « 711 » est déjà dispo en streaming audio sur toutes les plateformes. Et on vous a même trouvé une session-live sur une célèbre radio nationale. Le rappeur est d’ailleurs à l’affiche d’une soirée rap au Joker’s Pub le vendredi 25 novembre.
Par ailleurs, si des rappeurs·euses / beatmakers·euses nous lisent, nous leur rappelons qu’ils·elles sont invité·es au 122 le samedi 26 novembre à 16h00 pour la table-ronde « Parlons Rap », où des professionnel·les de l’industrie donneront des tuyaux pour s’y retrouver dans cette jungle qu’est devenu le marché des musiques urbaines. C’est gratuit mais il faut s’inscrire via ce formulaire.
Rédaction : Kalcha