La récente cérémonie des Molières et ses polémiques sont encore dans toutes les matinales; le Festival de Cannes vient de démarrer; la troisième édition des Flammes -la cérémonie dédiée aux cultures urbaines- se tenait hier soir; et l’immortel concours de l’Eurovision devrait encore faire un carton d’audience le week-end prochain… D’où vient cet étrange besoin de récompenser des œuvres artistiques comme s’il s’agissait d’exploits sportifs, avec des gagnant·es et des perdant·es… Sur quels critères se baser pour dire que telle œuvre est plus méritante que telle autre ? Une œuvre d’art, quelle qu’elle soit, n’est censée être réussie que lorsqu’elle suscite des émotions chez la personne qui la découvre. Comment (et pourquoi) hiérarchiser des émotions ? Est-ce qu’en vrai le seul concours qui avait tout compris depuis le début ne serait pas l’ancestrale École des Fans avec son éternel résultat d’ex-aequo collectif ? On vous présente en tout cas les dernières sorties locales qui ont su provoquer des émotions diverses et variées par ici ces derniers jours. Sous vos applaudissements…
Et on commence avec de l’Émotion avec un grand É. Pour célébrer le premier anniversaire du single « Mon Amour », qui se trouvera sur son troisième album à la rentrée, le duo Grise Cornac en a offert une sublime version piano-voix qui tirerait une larmichette au plus inébranlable cœur de pierre. Larme de désespoir ou larme d’euphorie ? Ça dépend des moments, mais larme pour sûr, comme à chaque fois que nous sommes confronté·es à la Beauté avec un grand B. Inutile de vous dire à quel point on a hâte d’entendre ce morceau (et les autres) le 3 octobre prochain sur la scène du Chabada.
Avec le nouveau single de Dorrr aussi vous aurez des émotions. Ou au minimum des sensations. Parce que ce « What’s Goin On », qui n’a pourtant rien à voir avec Marvin Gaye, vous caresse insidieusement l’épiderme dans la lignée des grands morceaux de The Kills, Massive Attack ou The XX : une pop sombre et électronique, envoutante et efficace. C’est ce qu’on appelle une belle réussite.
Un nouveau single vient de sortir pour Lunar Lock également. Le jeune duo s’était fait discret ces derniers mois car il préparait un premier album qu’on devrait découvrir en fin d’année. Ce « Blind At Heart » rappelle heureusement à qui en avait besoin leur maîtrise du sujet, à savoir l’élaboration d’une pop new wave mélancolique et grise, entre Talk Talk, Black et Motorama, idéale pour accompagner l’hiver qui reviendra. Ils seront par ailleurs pour la première fois sur la scène du Chabada en première partie de The Awakening le 30 octobre prochain.
Une mélodie mélancolique, un chant éthéré, des nappes de claviers omniprésentes, une rythmique très synthétique, est-ce que finalement l’hyperpop de Silkky n’aurait pas davantage à voir avec la new wave de Lunar Lock qu’on ne pourrait le croire au premier abord ? Le jeune chanteur revient avec « Right there, I’m going », son nouveau single, lui aussi après plusieurs mois de silence. Un EP semble désormais dans les starting-blocks. On sera là.
Jolie surprise également que ce remix de « J’entends les atomes » (un de nos titres préférés de Joanne O Joan) par l’ami Arno Gonzalez. Le producteur de house/techno offre au morceau du duo une surprenante fibre electronica/broken jazz, dans la veine de ce que font Matthew Herbert ou Four Tet. Le morceau en devient pour le coup plus rêveur et vaporeux, et propose ainsi un tout autre voyage à son écoute. Ça n’est disponible que sur Bandcamp, mais c’est en téléchargement gratuit !
Il y aurait probablement un autre bon remix du même genre à faire avec le nouveau single de Kamango. Le chanteur de RnB vient en effet de sortir et clipper « Carmin », un nouveau titre qui suinte le love par tous les pores, avec comme toujours une petite touche de jazz en arrière-plan qui rend le tout extrêmement musical.
De l’amour pour son prochain et sa prochaine, il y en a également beaucoup dans le troisième single de The Riddimists. Ce « Walking Next To Me » est en effet un hommage au ska originel, cette musique jamaïcaine du début des années 60, qui allait ouvrir la voie au reggae, et qui donne instantanément envie de sautiller dans tous les sens, un bon gros smile collé au visage. Et si vous n’avez pas envie d’attendre la sortie de l’album en fin d’année, vous pouvez retrouver The Riddimists sur scène ce vendredi au festival Vins sur Vingt.
On se quitte avec le nouveau single de Nathan Simonin, « Luminescence », première prise de parole inédite depuis la sortie de son EP en février dernier. Ce morceau confirme en tout cas que le chanteur a désormais bien trouvé sa place dans une pop au feeling jazz/soul qui contrebalance des textes souvent désabusés. Fans de Ben Mazué, Mathieu Boogaerts ou encore Théophile pour rester par chez nous, c’est pour vous !
Rédaction : Kalcha