Extrait de la pochette du 2ème album de Fragile
©Eloise Rabaté

MONDE DE M…

28.05.2025

Dès que je tombe sur un article sur l’état de la planète, j’en arrive à la triste conclusion qu’on est quand même dans un sacré gros caca. Et pourtant ma dernière lecture m’a paradoxalement fait espérer qu’on y plonge encore un peu plus : une récente étude scientifique a en effet mis en lumière que les excréments d’une certaine catégorie de manchots pourraient ralentir le réchauffement climatique au-dessus de l’Antarctique grâce aux gaz qu’ils rejettent. Ah bah m… alors ! Bon, en même temps, chercher des espoirs dans des fientes d’oiseaux pour garantir la survie de l’humanité est probablement symptomatique de la détresse psychologique dans laquelle nous nous trouvons… Vous devez vous demander comment je vais bien pouvoir rebondir là-dessus pour faire la transition avec le reste de mon article ? C’est sûr qu’on n’a pas l’habitude ici de vous parler de manchots avec leurs instruments ni d’artistes qui font de la merde, c’est donc l’heure de vous présenter les meilleures sorties angevines de ces dernières semaines !

Et puis rien ne nous empêche de suivre l’exemple de Bloom et de nous concentrer sur les belles choses que nous offre encore la vie de ci de là. Bloom, c’est le nouveau projet solo de Malika Nid El Mourid, que vous avez déjà croisée dans de nombreux groupes depuis des décennies (Mashiro, Silent Sisters, Echoløve, Ghost in Saturn?, L-Zone Busta…). Solo mais toujours accompagnée dans l’ombre par son éternel compagnon, le producteur Moon Pilot. Ce premier véritable single, chanté en français (une première pour la chanteuse ?), s’intitule donc « Les Jours Heureux », et offre un excellent morceau de pop électronique, à mi-chemin entre la mélancolie et la flamboyance, que les fans de Kavinsky ou Agar Agar seraient fort inspiré·es d’ajouter à leur playlist.

© Rémi Sourice

C’est également le retour aux affaires de Fragile qui annonce la sortie de son deuxième album le 7 novembre prochain avec un premier single efficace, « A Reason Why ». Un morceau au rythme un peu plus enlevé qu’à l’habitude, qui contraste avec un texte encore bien torturé, et qui s’achève sur une déflagration sonique jubilatoire avec chœurs de supporters bien punk en apesanteur. Vivement les concerts !

Puisqu’on parlait de texte torturé, c’est peut-être le bon moment de placer que Nerlov vient de sortir une version piano-voix de son magnifique « Disparaître ». Accompagné et réarrangé au piano par Romãn (ex-Joanne O Joan), le chanteur moustachu peut se concentrer sur l’émotion pure, et ça tape dans le mille. Le duo laisse entendre que d’autres collaborations pourraient suivre. On va mener l’enquête…

Un pianiste peut en cacher un autre. Aubry Tandé vient en effet de sortir un premier album solo, intitulé « Immersion », disponible sur les plateformes de streaming et YouTube. Dans la lignée des médiatiques Sofiane Pamart ou Ludovico Einaudi, le pianiste des Ponts de Cé laisse libre cours à ses élans romantiques dans douze compositions neo-classiques habiles et habitées.

C’est aussi par quelques notes de piano que débute « Omertà », le dernier single d’Ennio. Mais rapidement le rappeur se retrouve à dompter un beat à la limite du UK Garage qui vient donner un souffle de nouveauté à son travail. Pierre après pierre, Ennio construit son œuvre, avec une identité forte, mais qui réussit de plus en plus souvent à se diversifier sans se perdre. Ça devrait finir par payer !

© Olivier Lacombe

Pour Hyper Jacuzzi aussi on espère que ça va payer. Parce que le trio récolte chaque jour un peu plus les fruits de ses expérimentations. Démarré comme un projet électronique par des musiciens venus du jazz, Hyper Jacuzzi est aujourd’hui une véritable entité techno/abstract où tout est joué à la main. Comme l’a démontré son récent concert au Chabada, les trois hommes s’aventurent autant dans des contrées ambient/cosmiques que dans le pilonnage hard-techno. De quoi satisfaire la curiosité aussi bien des fans de Steve Reich ou Portico Quartet que de celles et ceux d’Underground Resistance. Le deuxième single, tiré de leur prochain album attendu pour la fin de l’année, explore plutôt la facette introspective du trio avec un long trip aquatique peuplé de monstres marins aussi impressionnants que gracieux. Près de l’Antarctique ?

Rédaction : Kalcha