Le Président de la République vient de dissoudre l’Assemblée Nationale, suite aux résultats catastrophiques des élections européennes. On dirait moi quand je joue au poker. Et celles et ceux qui ont déjà joué au poker avec moi savent que cette histoire démarre mal. Genre j’ai compris qu’en face il y a un meilleur jeu que le mien, mais tant pis, je mise mon tapis quand même sur un coup de tête : tant qu’à perdre, autant perdre avec panache ou laisser le hasard me sauver les miches. Bon, spoiler alert, au poker, je n’ai jamais réussi à gagner une seule fois comme ça, hein. J’ai rarement gagné tout court, me direz-vous, comme pour les élections. Mais je ne suis pas la personne la plus chanceuse du monde. Ou je n’ai peut-être tout simplement pas suffisamment la foi ? En attendant, il n’y a plus qu’à serrer les « faith » et croiser les doigts très fort en espérant un sursaut démocratique collectif venu d’on ne sait où… Ah si la vie était aussi simple que la scène musicale angevine : que des bonnes cartes dans notre jeu, des good vibes et des quintes flush royales comme s’il en pleuvait !
Enfin, des bonnes vibes, c’est vite dit… L’ambiance est quand même un peu à la flippe sur le nouveau disque d’Ennio. Le jeune rappeur franco-italien, qui a intégré l’Équipe Espoir du Chabada cette année, vient en effet de sortir le très bon « Salvatore » aux atmosphères malsaines et tendues comme dans un film de mafieux. Neuf titres, plus variés qu’il n’y paraît, aux basses rampantes, aux beats qui claquent et à la voix râpeuse qui vous engloutissent sans vous avertir. Dans toute cette nouvelle scène trap/rap qui fourmille sur Internet de nos jours, c’est assurément un des projets les plus singuliers et prometteurs qu’on a entendus. On a donc bien hâte de voir ce que ça peut donner sur scène, et ça tombe pas mal puisque Ennio joue le samedi 22 juin pour la soirée « À vous les studios ! ».
Elle aussi a rejoint l’Équipe Espoir cette année. Avec CJ Beth, on tient également quelqu’un avec un univers artistique fort et très marqué. La chanteuse vient d’ailleurs de sortir une live-session d’un morceau inédit « Amstronger » qui illustre parfaitement notre propos. Seul petit reproche (qu’on pourrait faire à pas mal d’artistes de cette nouvelle génération, biberonnée aux formats courts imposés par les réseaux sociaux), c’est beaucoup trop court !!! Surtout quand on a la voix rocailleuse de CJ Beth, on veut des morceaux qui durent plus de deux minutes, c’est beaucoup trop frustrant. Heureusement, on devrait en entendre un peu plus demain, jeudi 13 juin, puisque CJ Beth est invitée au Qu4tre en première partie de Joanne O Joan pour leur release-party. Ne manquez pas ça !
On souhaite en tout cas à Ennio et à CJ Beth de durer au moins le quart de la carrière des Lo’Jo. Le groupe angevin, actif depuis les années 80, sort ainsi à la rentrée « Feuille Fauves », son douzième album, qui les verra probablement repartir en tournée autour du monde. Un premier single est d’ores et déjà disponible, « Viens », qui invite à une danse sensuelle et nonchalante, en cadence avec les mots de Denis Péan et des rythmes quasi-electro. Il n’y en a pas tant que ça des artistes qui réussissent à se réinventer à chaque fois, tout en restant eux/elles-mêmes. Et c’est pour ça qu’on les aime !
En voilà d’autres qui pourraient bien avaler des kilomètres pour défendre « Tasamoh », leur deuxième EP. Alright Mela revient en effet avec sept nouveaux titres, entre dub-electro et rock oriental, manifestement taillés pour hypnotiser les foules en concert. Le désormais trio, depuis l’adoption du chanteur Jaouad El Garouge, semble ainsi avoir trouvé le juste équilibre entre les titres plus lents mais au groove vénéneux (« Sidi Moussa », « Aswad & Abyad », « Tasamoh ») et les purs appels à l’exaltation des corps (« Tfayyel », « Yamma »), ce qui promet des prestations live pleines de relief.
Du relief, il devrait y en avoir aussi demain soir, lors de la release-party au Garage de « Confetti », le premier album de GIL. Mais pour le vérifier, il vaudrait mieux pour vous avoir déjà votre billet vu que c’est complet. Pour celles et ceux qui n’auraient pas anticipé, il va falloir vous rabattre sur la live-session ci-dessous, captée en décembre dernier au Joker’s. Et vous morfondre ensuite dans le noir (c’est tendance depuis quelques jours). Vous pourrez quand même mettre « Confetti » en fond musical puisque le disque se prête plutôt bien aux colères mélancoliques ou à l’énergie du désespoir, déclinées en huit titres noisy rock, très majoritairement chantés en français, et diablement bien troussés.
Là-aussi ça sent le colère refoulée (ils étaient tous au courant de la dissolution, ou bien ?!). Do Not Machine a un nouveau single joliment clippé, issu de leur deuxième album « Celebrations of the End », sorti en début d’année, mais ça risque de vous filer un peu le bourdon, avec ce refrain trainant et ces lignes de guitare si tristes que la saturation n’arrive même pas à tromper l’ennemi. Ou bien c’est juste nous. Un bien beau morceau en tout cas, qui ravira les fans d’emo-core, voire même celles et ceux de certains disques de Deftones les plus dépressifs.
Terminons par une note plus positive. Michelle et les Garçons ont posté une vidéo de leur passage au Café de la Danse à Paris, dans le cadre de la 20ème « Fair : party », qui présentait les lauréat·es du Programme Emergence du Fair (un célèbre dispositif national de soutien à la professionnalisation) dont faisait partie le trio angevin en 2023. Et ça fait toujours du bien de réentendre les tubes en puissance de Michelle et les Garçons, condensés du meilleur de la synth-pop 80s à la française et d’une énergie très post-punk. Si on n’avait pas peur de leur porter la poisse, on vous dirait bien qu’on miserait gros sur ce groupe !
Rédaction : Kalcha