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# T’ASLU? : MANHATTAN FOLK STORY

Ce dimanche, on vous propose un #T’asVu? un peu particulier, puisqu’il s’agit plutôt d’un #T’asLu?. Le nom du chanteur Dave Van Ronk ne vous dit sans doute pas grand chose, et pourtant vous connaissez peut-être déjà quelques passages de son autobiographie, terminée par son vieil ami Elijah Wald et parue en 2005, soit trois ans après la disparition de Van Ronk. Cette autobiographie, intitulée « Manhattan Folk Story », a en effet servi de genèse au film des frères Cohen, « Inside Llewyn Davis », dont certaines scènes ne sont que des retranscriptions fidèles de la vie de Van Ronk (et ce sont souvent les scènes les plus réussies et les plus drôles du film!).

Il faut dire que Dave Van Ronk n’a pas la langue dans sa poche, qu’il manie l’ironie comme personne et que tout le monde en prend pour son grade (lui, le premier). En suivant son parcours, on replonge dans une Amérique de la fin des années 50, quand l’establishement s’apprête à siffler la fin de la récré du rock’n’roll en envoyant Elvis faire son service militaire en Allemagne en 1958. Toute une partie de la jeunesse commence à se radicaliser politiquement à gauche, à s’intéresser aux vielles musiques noires, à la poésie. C’est l’époque où émergent quelques nouvelles têtes qui vont bientôt passionner le monde entier : Bob Dylan, Joan Baez, Simon & Garfunkel… Pourtant, dans les clubs, le véritable patron du folk à Manhattan, c’est lui, Dave Van Ronk. Pillé, imité, arnaqué, celui qu’on appelait alors le « Maire de MacDougal Street » (le titre originale de ce livre) passera à côté de son destin malgré une trentaine de disques souvent magnifiques.

Erudit, drôle, caustique, Van Ronk est un formidable conteur. La lecture de ce « Manhattan Folk Story » est essentielle, et vous donnera envie de (re)découvrir sa longue discographie.

« Manhattan Folk Story » par Dave Van Ronk et Elijah Wald (Robert Laffont), traduit de l’anglais par Claire Debru.

# T’ASVU? : CHARLES BRADLEY

Il y a tout juste dix ans cette semaine sortait « No Time For Dreaming », le premier album du chanteur de soul Charles Bradley, accompagné de la jeune garde de la soul new-yorkaise qu’on avait déjà entendue sur les disques d’Amy Winehouse ou Sharon Jones. A 63 ans, le conte de fée pouvait enfin commencer pour lui, après une vie qui ne lui aura pas épargné grand chose. En six ans et trois albums (+ un quatrième posthume), celui qu’on appela le Screaming Eagle of Soul est devenu une véritable légende, dont les concerts incroyables de générosité laissaient les gens littéralement sans souffle. On s’en souvient au Chabada en 2013, où Charles Bradley avait même conquis de nouveaux fans improbables (coucou les power-metalleux de One-Way Mirror/Lyzanxia). Il nous a quittés des suites d’un concert de l’estomac en 2017.

On vous propose donc de (re)voir le documentaire « Soul of America », sorti en 2012, qui revenait sur ces fulgurants débuts. La version qu’on vous met plus bas est en VO sans sous-titres, mais le documentaire se trouve probablement un peu partout sur les plateformes dédiées.

Archives : Potvin Brothers

# T’ASVU? : JEAN-PIERRE BACRI

C’était le plus émouvant des grincheux, le plus drôle des déprimés, Jean-Pierre Bacri nous a laissés tout seuls il y a quelques jours. On connaît ses films et ses répliques par coeur, mais on ne sait pas toujours que le bonhomme était également un fondu authentique de musiques. Radio Nova l’avait interviewé en 2013 sur les disques qui avaient compté dans sa vie et on découvrait avec étonnement un véritable passionné et érudit de soul, de jazz, de bossa nova, de chanson française… et de gangsta-rap. C’est à réécouter ici, avant de vous refaire toute sa filmographie : https://www.nova.fr/musiques/dans-les-oreilles-de-jean-pierre-bacri-123001-18-01-2021/

Tout Jean-Pierre Bacri en une réplique.

Bacri qui chante Bashung, à la fin de « Place Publique ».

#T’asVu? : Nile Rodgers

La bamboche, c’est pas encore reparti. Alors, en prévision des longues soirées à la maison ces prochaines semaines (mois?), Le Chabada vous proposera chaque dimanche midi une idée de documentaire, de film, de livre, de BD, de conférence, de playlist autour de la musique. C’est notre nouvelle rubrique #T’asVu? (qui pourra donc se décliner en #T’asLu?, #T’asEcoutu?, etc.). On inaugure cette rubrique avec un documentaire sur une légende vivante.

Quel est le point commun entre David Bowie, Daft Punk, Madonna, INXS et Sheila? Réponse : le guitariste/producteur Nile Rodgers. Si vous vous êtes déjà senti·e roi/reine de la piste sur « Let’s Dance », « Get Lucky », « Like a Virgin », « Original Sin », ou « Spacer », c’est grâce à lui. Et c’est sans parler de ses propres tubes intergalacticaux avec son groupe Chic. Découvrez son histoire hallucinante dans ce documentaire d’Arte TV qui devrait vite transformer votre salon en boîte de nuit!

Regardez « Nile Rodgers, Les secrets d’un faiseur de tubes » : https://www.arte.tv/fr/videos/051447-001-A/nile-rodgers/

PLAISIR D’OFFRIR, JOIE DE RECEVOIR

Ce morceau fait partie des chansons dont les trois premières notes suffisent à nous coller un gros smile sur le visage, c’était par conséquent évident de le retenir pour ce nouveau « Plaisir d’offrir, Joie de recevoir ». On ne remerciera donc jamais assez Céline de nous l’avoir envoyé. Sorti en 1977, « Uptown Top Ranking » est presque devenu un tube par hasard, suite à sa diffusion massive par le célèbre journaliste anglais John Peel dans son émission de radio qui entraîna un flot de messages des auditeurs. Presque 45 ans plus tard, le groove est toujours aussi contagieux.

En fait, Althea & Donna ont voulu surfer sur le succès du hit jamaïcain du toaster Trinity qui venait de sortir ce « Three Piece Suit » la même année. Trinity était un chanteur important des sound-systems de l’époque, imposant un style qui allait quelque années plus tard dépasser les frontières de l’île sous le nom de dancehall ou raggamuffin. On attend par ailleurs la sortie d’un disque commun entre Trinity et Zenzile dans un futur qu’on espère assez proche (fingers crossed).

Le morceau de Trinity était lui-même construit sur le riddim de « I’m Still In Love » d’Alton Ellis, la voix de velours du rocksteady, en 1967. Le rocksteady était l’évolution du ska, ralenti et faisant davantage place aux chanteurs.euses influencé.e.s par la soul américaine. A l’époque, on ne parlait en effet pas encore de reggae : le genre naîtra à proprement parler l’année suivante en Jamaïque, et il faudra attendre le milieu des années 70 pour que le reste du monde succombe à ces rythmes chaloupés grâce à Bob Marley.

Juste retour des choses, il existe une très belle relecture du « Uptown Top Ranking » de Althea & Donna par la chanteuse anglaise Scout Niblett qui la transformait en 2004 en une surprenante complainte indé-folk que n’aurait sans doute pas reniée Cat Power ou PJ Harvey.

La formule du midi

Toute la semaine dernière, nous vous avons partagé « La Formule du Midi », une entrée + un plat + un dessert + le (pousse-)café offert par la maison, autrement dit une mini-playlist thématique de quatre morceaux épicés, doux-amers ou sucrés pour accompagner votre pause-déjeuner. Pour ce premier service, forcément, le thème de la semaine était la bonne chair. Bon app’ et peut-être à bientôt pour un autre thème?

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