Cherry Plum avait disparu comme le quintet était venu, sans faire beaucoup de bruit. Enfin, ce n’était pas si clair. Le groupe ne se produisait plus vraiment, mais Sébastien Chevillard, son chanteur-guitariste, jouait encore régulièrement sous ce nom en solo. Soudain, un nouvel album est sorti de nulle part, enregistré à cinq. Et comme cet « Allen Street » est de toute beauté, il fallait au moins pouvoir trier le bon grain de l’ivraie. Nous avions donc posé quelques questions au principal intéressé avant le concert de Cherry Plum le 4 juillet au château du Plessis-Macé.
Peux-tu nous résumer ce qu’il s’est passé entre les dernières dates qui ont suivi votre EP en 2016 et la sortie de ce nouveau disque, « Allen Street » ?
Seb : Je ne suis pas sûr de tout me souvenir moi-même… (rires) Après la sortie de notre deuxième EP, on a eu quelques belles dates pour le défendre. Puis certains des membres du groupe ont été pas mal occupés par la sortie d’un album de The Loire Valley Calypsos, dans lequel ils jouent également. On est alors retournés jouer à Austin, juste en trio, fin 2016. Au retour Sam, notre guitariste a rejoint lui-aussi The Loire Valley Calypsos. Xavier, notre clavier multi-instrumentiste, joue avec Markus and Shahzad, et moi-même j’ai été pris par divers projets plus rémunérateurs. Cherry Plum est donc peu à peu passé au second plan sans qu’on s’en rende bien compte. On avait pourtant déjà commencé à enregistrer une petite poignée de nouveaux titres.
On les retrouve sur « Allen Street » ?
Oui, bien sûr. Le single qu’on a déjà sorti, « Looking for troubles », est issu de ces vieilles sessions de 2016. Le reste des morceaux est davantage le résultat de démos qu’on a travaillé à deux ou trois, avec Sam et Xavier donc. Jusqu’à se dire qu’on tenait un album malgré le fait que l’activité du groupe était un peu au point mort. On a donc fait écouter le fruit de notre travail à Antoine (le batteur) et Pierre (le bassiste) qui ont eu envie de poser dessus. On a enregistré chez les Lo’Jo à l’été 2017. Le gros de l’album était fini à ce moment.
Et ce disque ne sort que maintenant ?
Une fois que le disque a été enregistré, il a fallu se poser la question de défendre son existence. Et le problème de la disponibilité de tout le monde restait entier. On a beaucoup tergiversé. En fait, ce qui était compliqué, c’est que dès le départ rien n’avait été véritablement défini. Le noyau du groupe, à la base, c’était censé être Sam et moi. Xavier, Pierre et Antoine devaient plutôt être des intervenants ponctuels. Mais très rapidement, comme ce sont de super musiciens et de belles personnes, ils se sont révélés indispensables à l’identité de Cherry Plum. Mais leur manque de disponibilité compliquait un peu les choses. Continuer sans eux ? Tout arrêter ? Le temps a passé sans qu’on prenne de réelle décision. Finalement, c’est Xavier et Sam qui m’ont beaucoup encouragé à jouer ces morceaux en solo. On était tous d’accord pour dire que les chansons étaient bien. C’était dommage de ne pas les faire entendre. Xavier m’a aidé à les réarranger pour un set en solo et je les ai jouées pendant un an ou deux comme ça, y compris sur un troisième séjour à Austin. J’y ai pris beaucoup de plaisir, à mon grand étonnement. Et puis récemment j’ai eu envie de clore ce chapitre en sortant ce disque. Je ne sais pas si ça veut dire mettre fin à Cherry Plum, mais en tout cas ça semblait important de sortir ce disque pour pouvoir démarrer une nouvelle page. Je me suis donc motivé pour qu’on termine les dernières touches qu’il restait à apporter à l’album, et on devait se faire une double soirée de release au Joker’s en avril au grand complet. Mais une épidémie mondiale est passée par là. On va se rattraper plus tard, j’espère. Pour l’instant, on jouera déjà en duo avec Sam au château du Plessis Macé le 4 juillet.
Je suis étonné que le gros du disque soit si ancien. Il y a une sacrée évolution par rapport au précédent EP…
En fait je pense qu’on a fait un très bon travail de pré-production en amont avec Sam et Xavier. Les morceaux étaient mieux composés, plus épurés. Avec une vraie réflexion sur le grain qu’on voulait obtenir dès les prises avec nos instruments. Du coup, ça a laissé de la place pour tenter ensuite des choses niveau arrangements à cinq. Avec une vraie mise en valeur des couleurs que ça pouvait apporter, comme les claviers, les percussions ou le tuba. C’est sans doute ça qui te donne l’impression d’une vraie évolution. Alors qu’en fait c’était sans doute qui on était dès le début du groupe. On s’est retrouvés à jouer des choses plus pop à nos débuts, alors que personne n’en écoutait vraiment dans le groupe. C’était presque un quiproquo. Ce disque nous ressemble beaucoup plus finalement. C’est un retour à nos sources. On écoute tous beaucoup de folk, de rock 70s, de musiques traditionnelles américaines et d’ailleurs.
Ça sonne aussi plus « synthétique » que le précédent, c’est plus dansant. Et plus cinématographique aussi.
Oui, le clavier a plus de place, c’est sans doute dû au fait d’avoir beaucoup trainé avec les gars de VedeTT et San Carol avec qui on était allés à Austin en 2016, ça nous a ouvert des voies auxquelles on n’avait pas forcément pensé. On voulait un son un peu vintage, comme sur les disques de Chris Isaac des 80s ou des BO de films de David Lynch. Pas mal de morceaux ont été composés ou finalisés après notre premier voyage à Austin et forcément on avait des images de paysages désertiques à perte de vue dans nos têtes. Ça s’entend fatalement dans le disque.
Plus d’infos sur le concert au château du Plessis Macé (samedi 4 juillet) ici: https://www.lechabada.com/events/alex-grenier-cherry-plum/