Leur récent « 5+1 : Zenzile meets Jay-Ree » a été élu deuxième meilleur album dub de l’année par les lecteurs de Reggae.fr (il est le premier pour nous!). C’est précisément ce disque que Zenzile vient défendre à la maison ce vendredi 8 Février, sonnant ainsi un retour fracassant au dub-reggae qui les placés sur orbite à la fin des 90s. Raggy (sax, claviers, percussions) se charge de faire le teaser…
Comment est venue l’envie de faire un nouveau disque 5+1, plus de quinze ans après le dernier volume (avec le violoncelliste Vincent « Cello » Segal) de cette série ?
On a eu envie de faire ce disque dès 2010, quand on a terminé l’enregistrement de l’album « Electric Soul » (qui sortira en 2012). C’est sur ce disque qu’on commence notre collaboration avec le chanteur Jay-Ree, et comme ça a tout de suite collé humainement et artistiquement, on a eu envie de faire d’autres morceaux où il pourrait prendre davantage de place. A cette même époque, on nous a proposé de faire le ciné-concert « Berlin » (2014), puis le disque « Éléments » (2017) suite à une création au Quai. Après ces deux disques, qui étaient davantage centrés sur une sorte de krautrock-new wave-psychédélique, on a eu envie de revenir à nos fondamentaux, à savoir un dub plus proche de ses racines reggae. Et Jay-Ree est le chanteur idéal pour ça. Il maîtrise une large palette de voix pour tous les rythmes jamaïcains. On a donc commencé à retravailler ensemble l’an dernier. Il se trouve que Jamika était également moins disponible qu’à l’époque de « Electric Soul », on s’est ainsi retrouvés à surtout travailler avec Jay-Ree comme seul vocaliste. C’était donc le bon moment pour sortir enfin ce 5+1.
Vous avez construit le disque comme beaucoup de classiques reggae des années 70/80, à savoir une version chantée suivie de sa version instrumentale dub.
Oui, les Jamaïcains appellent ce genre de disque un « Showcase ». C’est effectivement presque un passage obligé pour plein d’artistes reggae dub. C’est surtout venu du fait qu’on a réactivé le Zenzile Sound System pour une soirée à Nantes fin 2017. C’est une formule du groupe sans la basse et la batterie. C’est Vince aux claviers qui lancent les riddims, qui les dubbe en direct, et sur lesquels Alex (le guitariste) et moi posons des instruments. Et Jay-Ree nous a rejoints sur scène et a commencé à poser des voix sur certains morceaux. Ca collait vraiment super bien. On avait enregistré le concert et on est reparti de cet enregistrement pour les squelettes de plusieurs des compositions du 5+1. Pour l’enregistrement du disque, on a un peu fonctionné de la même façon, on mixait en direct sur la console pendant que ça jouait, de manière très live. Comme à nos débuts, en fait. Et je crois que c’est la meilleure manière de faire quand tu fais du dub. Ca garde la spontanéité du live, plutôt que de faire tout le mix a posteriori sur un ordinateur.
Justement, en parlant de live, vous jouez bientôt au Chabada. Vous avez prévu des choses spéciales ?
Il y aura Jay-Ree, bien sûr. Et comme Jamika ne pourra pas être là pour des raisons d’agenda (même si elle est sur la photo du programme), on a demandé à Yamina et Nadia Nid El Mourid, et à Richard Bourreau, les chanteuses et le violoniste de Lo’Jo, de nous rejoindre sur scène pour jouer de vieux morceaux de l’époque de « Sachem In Salem ». La setlist va donc incorporer des vieux morceaux de plusieurs albums, des titres de ce 5+1 et même quelques inédits avec Jay-Ree. Globalement, les morceaux qu’on va jouer seront plus uptempo, plus dansants, que ce qu’on a fait ces dernières années. Ca colle bien avec le chant de Jay-Ree, alors que Jamika est plus à l’aise sur des climats plus atmosphériques. Et nous jouerons donc en version live dans la grande salle, puis en version sound-system dans le club. Ca va nous permettre de pouvoir jouer plein de morceaux des différents albums, ça sera moins frustrant (rires). Pour les premières parties, on a également invité nos vieux copains de Brain Damage et Junior Cony, qui sont un peu des gens qui sont là depuis les débuts du dub en France, comme nous. On peut parfois avoir l’impression que cette scène s’est délitée au fil des années, mais en fait elle a surtout muté en sound-systems, quand au départ elle était justement caractérisée par des groupes de scène que High Tone, Improvisators Dub et nous. La scène dub française est donc toujours vivante et active !