Eustache
dessin de la façade du Chabada

Le Chab et moi, trente ans déjà ! (Partie 6/6 : 2020 – 2024)

28.11.2024

J’avais quinze ans quand le Chabada a investi le site des anciens abattoirs de la ville d’Angers. Depuis, il est là, à mes côtés, comme le témoin silencieux de chacune des étapes de ma vie. Son trentième anniversaire est l’occasion pour moi de faire le récit de notre aventure commune…

Louise venait d’avoir sept ans quand Marie et moi avons fait ce que dans le jargon, on appelle une pause. Cet étrange spleen, qui s’abat parfois sur les braves gens englués quelque part au milieu de leur vie, ne nous avait finalement pas épargnés. Autour de moi – maigre consolation – l’hécatombe était également bien réelle. Aussi, j’avais repris l’habitude d’aller boire quelques pintes de bières d’abbaye jusqu’à des heures indues avec Marc, Émilie, Alex et tous ces naufragés qui n’avaient comme moi le loisir de sortir que les semaines paires – celles au cours desquelles, dans mon nouvel appartement, la chambre de Louise était tristement vide.

Pendant plus de trois ans, j’en ai profité pour fréquenter le Chabada comme je ne l’avais plus fait depuis mes vingt-cinq ans. Je suis ainsi allé applaudir Clara Luciani, Lilly Wood and the Prick, Aaron, Gaëtan Roussel, Gaël Faye, Morcheeba, M, Georgio, Mademoiselle K, Ko Ko Mo, Wax Tailor, Izïa ou encore Voyou, Marie-Flore et Faada Freddy.

Au cours de ces trois années, je n’ai qu’une seule fois eu l’occasion de m’aventurer dans cet univers étrange qu’est le Angers by night des semaines impaires – un univers en tout point similaire au mien mais peuplé de ces personnes impaires que je ne croise habituellement jamais après dix-huit heures. C’était le samedi 13 avril 2024, à l’occasion du concert d’IAM que, trente ans après, je n’aurais manqué pour rien au monde. Louise, elle, passait la nuit chez sa petite confidente de cour d’école, ce qui me laissait les coudées franches jusqu’au lendemain.

Ce soir-là, je suis entré dans le club comme à l’époque avec, dans mon dos, le bruit étouffé des portes battantes qui se referment, au-dessus de moi, cette lumière si particulière, à la fois noire et tamisée et, sous mes yeux, cette foule de gens si heureux de bientôt passer, tous ensemble, le même bon moment. C’est à cet instant précis que je l’ai revue. Elle attendait, au bar, qu’on lui serve la bière d’avant-concert qui était pour elle un rituel, autrefois.

Les mots me manquent pour décrire cette soirée. Tout juste puis-je dire que, trente ans plus tard, j’ai retrouvé cette ferveur, cette chaleur, cette obscurité moite que l’on ne trouve nulle part ailleurs et, accessoirement, que j’ai redécouvert la fabuleuse ligne de basse de « Je danse le MIA ».
À l’époque, ma mère était avec moi.
Mais ce soir-là, j’étais seul.
Et j’ai rapidement compris que Marie l’était aussi.
Alors, puisque le Chabada est avant tout un lieu de partage, je me suis armé de mon plus beau courage. Et je suis allé la voir pour lui proposer, à l’issue du concert, de s’accouder au bar avec moi une nouvelle fois, ne serait-ce qu’un court instant.

LIRE PARTIE 1 – Le Chab et moi, trente ans déjà : 1994-1999 !
LIRE PARTIE 2 – Le Chab et moi, trente ans déjà : 2000-2004 !
LIRE PARTIE 3 – Le Chab et moi, trente ans déjà : 2005-2010 !
LIRE PARTIE 4- Le Chab et moi, trente ans déjà : 2010-2013 !
LIRE PARTIE 5- Le Chab et moi, trente ans déjà : 2014-2019 !

Rédaction : Stéphane Mouton
La passion de l’écriture est un jour tombée sur les épaules de Stéphane ; c’était un jour de beau temps, quoiqu’un peu frais pour la saison. D’abord attiré par la nouvelle, il a finalement commis l’irréparable : écrire un roman, aujourd’hui auto-édité. Il est par ailleurs photographe bénévole au Chabada et musicien à ses heures perdues.

 

Eustache
Eustache, le Fanzine des bénévoles du Chabada, s’intéresse à celles et ceux qu’on n’entend pas forcément au Chabada. Vous ! Les usager·es de ce lieu. Spectateur·rices, passionné·es, musicien·nes amateur·rices, membres de la scène locale, ce Fanzine veut mettre en lumière tout ce qui vous fait aimer cette salle qui vient de fêter ses 30 ans.