Il y a quinze jours, nous vous parlions de quelques groupes qui ont fait l’histoire des musiques à Angers dans les années/décennies passées. Cette fois-ci c’est la relève qui fait la révolution. Des tas de jeunes pousses de la scène angevine sortent en effet ces jours-ci de nouveaux morceaux comme si elles s’étaient passé le mot. Sans doute l’effet conjugués des beaux jours qui arrivent et des mauvais (seconds) tours qui s’éloignent. Ça bourgeonne en tout cas dans tous les sens, ça déborde de vie et d’envie, et on vous les sert sur un plateau.
Tout est possible. C’est la sensation que donne le nouveau single (et très beau clip) de Chahu. Le bonhomme nous avait plutôt habitué·es aux morceaux pop/folk dépressifs, mais ce nouveau single souffle une surprenante petite brise d’espoir avec sa boucle de cordes africaines et son flow hip hop à peine désabusée façon Odezenne. Bon, d’accord, ça respire pas la bamboche à pleins tubes, mais vu d’où on part, on peut tout de même dire que Chahu a vu la lumière. Si vous voulez notre avis, il faut de toute façon se préparer à entendre beaucoup parler de Chahu à l’avenir, parce que cette grande asperge qui a toujours l’air de se réveiller a plus d’une corde à son ukulélé. Vous pourrez vous en rendre compte lors de sa première partie de Bertrand Belin au Chabada en novembre prochain.
Quand on parle de Chahu, son pote Nerlov n’est jamais très loin. Lui aussi sort un nouveau single, lui aussi a choisi un clip animé, et lui aussi lorgne vers des sonorités « exotiques » qui risquent d’en désarçonner quelques-un·es. Ce « Brûlures » va en effet chercher une boucle très orientale et des bribes de percus idoines pour les incorporer dans un morceau ultra-synthétique, comme si Nerlov passait de la spleen-wave au cold-chaâbi. Mais passé l’effet de surprise, force est de constater que le morceau fonctionne et qu’il risque de faire remuer des croupions dans la fosse pendant les concerts.
On vous avait raconté les péripéties de Limboy. Le groupe a enfin pu donner son concert de lancement au Joker’s dimanche dernier (on ne pouvait malheureusement pas y être mais les retours entendus depuis nous le font bien regretter !). Heureusement le groupe vient d’enregistrer une live-session pour Capharnaüm. Bon, « heureusement », c’est vite dit, puisque ça fait encore plus rager d’avoir manqué ça. Gageons qu’il devrait quand même y avoir bientôt d’autres occasions de réentendre le post-punk-noise de Limboy dans le coin et que cette fois-ci on sera au premier rang !
Dans les starting-blocks, aux côtés de Limboy lors de leur faux-départ de carrière, il avait également Fragile. Les deux groupes ont donc enfin pu prendre la route ensemble. La formation qui comprend des membres de L.A.N.E (RIP), de Dogs For Friends (RIP), de Wild Fox (RIP? ou OFF?) et Scuffles (PAF!) vient d’ailleurs de balancer son deuxième titre, également capté en conditions live. « Messy Hair » porte bien son nom : un coup de boule post-punk décoiffant (enfin, pour ceux qui peuvent).
Que ceux que ces effusions de guitares effraient se rassurent, on leur a aussi trouvé une jolie ritournelle electro-pop à fredonner pendant des heures. Le nouveau single de Joanne O Joan s’appelle « OLALAPAPA » et son refrain aussi minimaliste que le titre le laisse présager ne vous lâche plus de la journée. On pense un peu à Angèle pour le mélange de fraîcheur enfantine et d’humour un peu acide qui devrait donc mettre toute la famille d’accord. On ne peut que souhaiter à Joanne O Joan de suivre la même trajectoire que la chanteuse belge…
On reste dans la fraicheur avec The Feerics (ex-Feeric Chimney) qui sort un nouvel album intitulé « Post Coma ». Le duo se revendique de Grandaddy, Mogwaï ou Air, soit une pop cotonneuse, planante et ambitieuse. On mentirait en affirmant que le groupe tutoie déjà ses maîtres, mais vous trouverez néanmoins quelques chansons sacrément bien troussées dans ce nouvel album (un EP plus condensé aurait peut-être d’ailleurs suffi ?) à écouter sur la route des vacances, les yeux vers l’horizon.
On termine avec Lunar Lock. Le duo n’a que quelques mois d’existence seulement mais annonce déjà un premier EP pour le mois de juin qu’on écoutera avec attention. Car leur premier single ne laisse pas vraiment deviner le très jeune âge de ses auteurs (la petite quarantaine à eux deux) tant tous les codes de la cold wave sont ici parfaitement intégrés et digérés. La basse est ronde comme il faut, la voix lointaine, et les guitares fantomatiques comme au tout début des 80s. Ce « Black Dagger » vous attrape donc immédiatement pour ne plus vous lâcher. Comme quoi, jeunes ou moins jeunes, c’est souvent dans les vieux pots qu’on fait les meilleures révolutions.
Rédaction : Kalcha