Il y a quelques jours, je sortais d’un magasin de disques, un peu déboussolé par les prix mirobolants affichées par les nouveautés en vinyle. Les maisons de disque n’ont-elles rien retenu de la crise du CD d’il y a quelques années ? Ou bien tentent-elles de définitivement tuer tout format physique (plus cher à produire) en décourageant les acheteurs·euses pour mieux capitaliser sur le tout-numérique ? C’est pourtant bien pratique un disque. Combien de fois me suis-je agenouillé devant la discothèque de telle ou telle personne chez qui j’allais pour la première fois pour découvrir si on partageait des liens du son ? Parce qu’un disque -ou un livre, une BD, un DVD, un tableau, etc.- c’est souvent une porte ouverte vers tellement de choses plus larges et plus abstraites qu’on partage avec les autres. Les générations futures devront-elles demander à visiter le cloud de leur hôte ?
Je ne suis jamais allé chez Maxime Dobosz (bon, en même temps, j’ai des dispos la semaine prochaine, hein !) mais je ne serais absolument pas étonné d’y trouver des tas de disques, de livres ou de films que j’ai aussi chez moi, et bien plus encore que j’aurais envie de découvrir. Et c’est sans doute pour ça que sa musique me touche tant. Malgré d’excellents disques avec son groupe San Carol ou avec Big Wool, le bonhomme se fait souvent discret. Trop. Tellement même qu’on vient de découvrir qu’il a posté en loucedé il y a deux ans un album lo-fi réalisé entièrement aux synthés pendant le premier confinement, sans en parler à personne. Après une enquête de terrain poussée, un autre disque réalisé pendant le second confinement pourrait voir le jour pendant ou après l’été. (Albert Londres, me voilà !). Ce « (prmaster) » aligne donc les mini-tubes synth-pop à fredonner toute la journée (« amillionmilesaway », « mockingbird »…) ou des bandes-son potentielles pour film de John Carpenter (« Controllers »). Et comme notre homme sait tout faire, il vient aussi de sortir en catimini une live-session acoustique guitare/voix de deux nouvelles compositions folk de toute beauté. Vous avez dit talent ? Ne reste plus qu’à le convaincre de déléguer la partie promo.
Il devrait prendre exemple sur ses potes de Wild Fox. Le mois dernier, je me demandais si le groupe était toujours en activité. La réponse ne s’est pas faite attendre. Le groupe sort un 45-t en collaboration avec leurs potes tourangeaux de Stuffed Foxes (qui jouent d’ailleurs ce vendredi au festival Levitation). Cette association de renards prend logiquement le nom de WFSF. En face A du disque, vous trouvez le furieux « Yves » (joliment clippé ci-dessous) que les fans de Idles, Crows & co devraient adorer. En face B, « Remords » (réfléchissez un peu, vous allez l’avoir…), un morceau plus planant, quasiment post-rock, mais tout aussi réussi. Bref, voilà un disque que je serai content de trouver dans votre discothèque si vous m’invitez un jour.
Bon, je comprends mieux pourquoi on n’entendait plus trop parler des Wild Fox ces derniers mois. En plus de ce 45-t avec Stuffed Foxes, on retrouve en effet deux de leurs membres à la guitare et à la batterie de Bermud, le nouveau projet d’Elliot Aschard (Limboy, Jumaï…). Sa naissance est désormais actée par une live-session captée par Capharnaüm. Le groupe y joue deux compositions efficaces entre dream pop et shoegaze qui plairont probablement également aux fans de brit-pop originelle.
On ne serait d’ailleurs pas étonné que les deux hommes de Scenius trouvent pas mal de leurs disques de chevet chez les gens de Bermud. Même si le duo franco-anglais se concentre aujourd’hui davantage sur une musique électronique sombre et froide dans ce projet. On vous en avait parlé à l’époque, le duo a donné un concert au Joker’s en Mars dernier, dont quatre titres viennent d’ailleurs de paraître dans un EP dédié. Les fans de Depeche Mode, endeuillé·es par la disparition d’Andrew Fletcher, devraient trouver un peu de réconfort en écoutant ce « Live in Angers ».
On sait déjà qu’on trouverait des disques qu’on aime bien chez The Riddimists. Mais on triche un peu. Parce qu’on a entendu certains de leurs membres répéter avec leur side-project Original Skank Machine une reprise du groupe de dub japonais Dry & Heavy, et qu’on n’est malheureusement pas si nombreux à connaître ce groupe… En attendant une sortie de OSM, c’est leur groupe reggae au grand complet qui sort un premier EP, roots comme il faut. Couple basse-batterie pachydermique, rythmique au cordeau, section cuivre au millimètre, voix soulful, tout est fait pour séduire les fans de Groundation, Black Uhuru ou Barrington Levy.
Derrière ce drôle de nom Sale, c’est Elsa Massol qui se cache (rappelez-vous My Sweet October, et plus loin encore, un tribute to Les Thugs étonnant). La chanteuse revient donc avec ce nouveau projet à l’identité déjà bien affirmée. Une première chanson pop efficace, un clip qui devrait bientôt suivre, quelques dates cet été, ça sent la poussière dans l’œil qui ne va pas vouloir partir tout de suite.
Bon, maintenant que vous avez plein d’idées de musique à écouter, peut-être qu’il faudrait qu’on parle du menu, non ?
Rédaction : Kalcha