Qui de l’art ou de la nature imite l’autre ? Le débat est vieux comme la critique artistique. Et insoluble. On peut ainsi parier sans trop craindre de se tromper que le « casse du siècle » du Louvre aura un jour son adaptation cinématographique sur tous les écrans du monde, alors qu’il a probablement été lui-même inspiré par les scénarios des meilleurs blockbusters hollywoodiens. Heureusement, nos plus beaux joyaux à nous sont en libre service, et il est même fortement recommandé de les rapporter chez soi pour les écouter à fort volume pour qu’ils puissent un jour être couronnés du succès qu’ils méritent.
Puisqu’on parle de diamant brut, il vous faut absolument écouter le premier album solo d’Arnaud Fournier. On vous a déjà dit tout le bien qu’on pensait des deux premiers extraits parus du guitariste/souffleur de Hint, mais les trois autres morceaux du disque sont à l’avenant. Du majestueux mais angoissant « Miroirs » en duo avec Frédéric D. Oberland (échappé de Oiseaux-Tempête) au marécageux mais bouleversant « Shiny Rebirth » en compagnie de Hervé Thomas, son vieux complice de Hint (avec qui il signe donc ce qui pourrait ressembler à la première compo du duo depuis 1999 !), en passant par le tortueux mais puissant « New York Belle Île », Arnaud Fournier nous pousse dans les interstices qui existent entre rage et contemplation, entre le nauséeux et le sublime. Ces strates de guitares ou de sax qui s’empilent, qui s’enchevêtrent, qui crissent, qui résonnent, finissent même par vous donner le tournis, jusqu’à la perte de repères, propice à toute élévation de l’âme. LE disque à écouter quand vous voulez vous retrouver un peu avec vous-même. Superbe !
On vous a aussi déjà dit tout le bien qu’on pensait des nouveaux morceaux de Dorrr. La chanteuse semble qui plus est avoir trouvé l’équipe idéale pour l’épauler sur scène pour cette nouvelle aventure en solo. Du moins, si l’on en croit cette live-session enregistrée pour la radio SUN, accompagnée d’une bassiste croisée dans Péniche et d’un batteur entrevu avec Michelle et les Garçons. Le nouveau trio semble en parfaite adéquation pour donner vie à ces pop-songs vénéneuses, entre Garbage et St. Vincent. Vivement l’album et les vrais concerts en public !
Pour l’album et les vrais concerts de Fragile, l’attente ne sera pas trop longue puisque le groupe post-emo-punk célèbre la naissance de son deuxième opus au Chabada la semaine prochaine. Pour marquer le coup, le quintet sort même un nouveau single au refrain accrocheur qui devrait encore faire lever des forêts de poings rageurs dans la fosse devant la scène. Bref, on sait où se croiser vendredi prochain.
Le nouvel EP de Sillky est lui déjà disponible depuis deux semaines. Les plus assidu·es à cette rubrique auront toutefois déjà entendu quatre morceaux, sortis précédemment en single, parmi ces six titres, mais c’est bon d’entendre le chanteur/producteur sur un format un peu plus construit. Ça nous prouve à nouveau que le jeune Avrillais est clairement sur la bonne voie avec désormais une patte personnelle entre house mélancolique et electro-pop. Mais vous pourrez juger sur pièce lors de sa première partie de Suzane au Chabada dans quelques semaines (enfin si vous avez déjà votre place…).
Voici en revanche un single qui n’était pas sur le dernier EP (sorti en juin 2025) de MDK & Da French Touch. Le posse austinito-angevin balance une grosse bombe electro-hip hop qui va dépoussiérer vos enceintes. Un morceau qui aurait carrément fait son effet sur les mythiques labels Mush, Alpha Pup ou Big Dada au début des années 2000… Les esprits chagrins diront que c’était il y a 20 ans, et les gens de goût diront que c’est toujours aussi bon !
Nouveau single aussi pour Tomawok qui annonce un prochain album prévu pour début 2026. « Petit Soldat » est une sorte de ska électronique aux influences slaves, sur lequel le toaster angevin refait la démonstration de son débit mitraillette sur fond de colère sociale. Là aussi on imagine sans mal l’effet qu’aura ce morceau sur la foule pendant les concerts. T-shirt de rechange à prévoir d’office.
On termine avec Camilo, qui accompagne souvent Tomawok sur scène aux claviers. Le pianiste tout-terrain sort un troisième single solo qui poursuit son exploration du konpa haïtien. « El Konpa Del Mar » plonge donc la tête la première dans les eaux turquoises des Caraïbes, entouré d’une bouée de basses électroniques surgonflées pour s’assurer un dancefloor bien compact. Et c’est sûr qu’avec l’arrivée des journées grises et humides, on risque d’avoir envie de barboter plus que de raison dans cette ritournelle sexy qui donne envie de se faire des bijoux partout…
Rédaction : Kalcha

