J’avais quinze ans quand le Chabada a investi le site des anciens abattoirs de la ville d’Angers. Depuis, il est là, à mes côtés, comme le témoin silencieux de chacune des étapes de ma vie. Son trentième anniversaire est l’occasion pour moi de faire le récit de notre aventure commune…
Au fil des mois, Marie et moi avons fait de la pratique musicale le ciment de notre couple. Nous avons poussé sur un coin de table les austères préoccupations professionnelles qui nous avaient un temps rendus passablement grisâtres. Et nous en avons profité pour reprendre contact avec le Chabada, où nous avons fait un certain nombre d’heureuses découvertes – Ben Mazué, La Maison Tellier, Lily Wood and the Prick, Shaka Ponk, Orelsan ou Hollysiz, entre autres.
De fil en aiguille, au contact des petits artistes locaux qui fréquentaient la Cerclère, nous avons développé ce qu’il convient d’appeler un réseau. Jusqu’au jour où, en 2012, un type séduit par la voix de Marie nous a encouragés à présenter notre candidature pour les sessions On Stage, tremplin des jeunes talents angevins – en réalité, il me l’a braillé à l’oreille, postillons à 5°8 compris, pendant les vingt bonnes minutes durant lesquelles nous avons partagé une bière. Il m’a expliqué que le dispositif consistait en une prestation sur la scène du Club et, ensuite, en un accompagnement à la mise en place scénique par des professionnels.
La deuxième tentative fut la bonne : à la toute fin de l’hiver 2013, le jury de sélection des sessions On stage a retenu notre candidature. Tout tenait en ces cinq ou six lignes qui ont suffi, en quelques secondes seulement, à faire grimper d’un ou deux points la tension artérielle de l’ensemble des membres du groupe.
Nous nous sommes rendus un soir de mars dans les locaux du Chabada, pour y présenter notre projet aux tauliers – Stéphane Martin en tête. Nous avons profité de la visite des lieux comme d’autres auraient profité de celle du Petit Trianon de Versailles, puis nous avons causé musique dans la salle de réunion centrale, sous le regard bienveillant – quoique vaguement intimidant – du programmateur. Et après l’indispensable présentation des règles de fonctionnement d’une SMAC, nous sommes ressortis impressionnés par le caractère magique de cette tâche qui consiste à mettre en contact un artiste et un public, le temps d’une soirée au cours de laquelle l’approximation n’a pas sa place et où chacun, de la programmation à la sécurité, en passant par la technique, la communication, la billetterie ou l’intendance – et j’en oublie certainement – apporte sa précieuse contribution.
Sur la scène du Club, notre prestation fut encourageante. Les premières minutes ont été émaillées par les quelques imprécisions rythmiques et mélodiques inévitables en une telle occasion. Mais, au fil des titres, nous avons gagné en assurance. Je me suis même fendu de quelques petites improvisations et Marie a parfaitement tenu sa ligne de chant. Si bien que le moment où nous nous sommes sentis prêts à mettre le feu a correspondu très précisément à celui où nous avons dû débrancher les jacks, histoire de laisser place au groupe suivant.
Quelques semaines plus tard, nous avons bénéficié de la session d’accompagnement scénique, aux studios Tostaky. Mais durant ces quelques jours, Marie fut perturbée par une étrange fatigue, qui a persisté bien après que le test de grossesse ait rendu son heureux verdict…
LIRE PARTIE 1 – Le Chab et moi, trente ans déjà : 1994-1999 !
LIRE PARTIE 2 – Le Chab et moi, trente ans déjà : 2000-2004 !
LIRE PARTIE 3 – Le Chab et moi, trente ans déjà : 2005-2010 !
LIRE PARTIE 5- Le Chab et moi, trente ans déjà : 2013-2019 !
LIRE PARTIE 6- Le Chab et moi, trente ans déjà : 2020-2024 !
Rédaction : Stéphane Mouton
La passion de l’écriture est un jour tombée sur les épaules de Stéphane ; c’était un jour de beau temps, quoiqu’un peu frais pour la saison. D’abord attiré par la nouvelle, il a finalement commis l’irréparable : écrire un roman, aujourd’hui auto-édité. Il est par ailleurs photographe bénévole au Chabada et musicien à ses heures perdues.