Le 29 avril 1945, il y a donc presque quatre-vingts ans jour pour jour, le premier tour des municipales devenait un scrutin historique en France : pour la première fois, les femmes étaient en effet enfin autorisées à y participer (grâce à une loi passé l’année précédente), en tant qu’électrices ET en tant que candidates. Soit quand même presque un siècle après l’introduction du suffrage dit « universel » -mais pour seulement la moitié masculine de la population française- en 1848. Et bien des années également après les autres grandes démocraties européennes. Il faut pourtant rappeler qu’au cours des années 1920 et 1930 la loi sur le droit de vote des femmes avait été votée à six reprises par les députés français, mais bloquée à chaque fois par leurs collègues sénateurs. De là à penser que tout le monde ne sautait pas de joie à l’idée d’inclure 50% de la population nationale aux décisions du pays… Mais ça devait forcément être pour d’autres raisons. Aujourd’hui, malgré d’évidentes victoires (mais qui restent finalement bien fragiles quand on voit l’actualité de certains pays), les combats pour l’égalité entre tous·tes les citoyen·nes sont encore malheureusement loin d’être tous gagnés. Y compris encore dans ces pages manifestement, puisque la quasi-totalité des artistes d’Angers dont on va vous parler ci-dessous a un chromosome Y. Alors, Mesdames, entre deux urnes, et si vous voulez nous aider à faire bouger les choses, n’oubliez pas de nous envoyer vos œuvres musicales à scenelocale@lechabada.com !
Commençons donc par le seul projet avec une artiste féminine dont nous allons pouvoir vous entretenir cette quinzaine. Joanne O Joan sort un nouveau single, en duo avec Romān, qui est le nouveau projet de Romain… la moitié masculine de Joanne O Joan. Si vous trouvez ça un peu schizophrène, vous n’êtes pas seul·e. Mais comme les images ont été tournées dans une clinique de psychothérapie, c’était peut-être l’idée. Quoi qu’il en soit, « L’arrière-saison » est un très joli piano-voix qui semble ouvrir la voie à un prochain EP de Joanne O Joan. Romãn devrait également vite refaire parler de lui avec un autre duo… On en reparle bientôt !
Il y a un nouveau single pour Théophile également qui précède un nouvel EP dont le chanteur vous invite à venir célébrer la sortie avec lui le 19 juin prochain à la Maison de quartier Haut de saint Aubin. Théophile quitte donc la vingtaine et ses tourments et chante désormais son entrée dans une Troisième Dizaine visiblement plus apaisée, avec ce morceau pop enlevé au refrain efficace et légèrement afro-cubain.
Les Rest Up, eux, démarrent à peine leur deuxième dizaine. Et le trio semble profiter à 300% de ce que peut leur offrir la fougue de la jeunesse. Annonçant un premier album pour l’automne (enregistré en Angleterre avec le bassiste des excellentissimes Gilla Band), Rest Up dégaine en premier single « Accutane », un titre post-punk épileptique dont on avait déjà eu la chance d’entendre une version live complètement hallucinée avec Arnaud Fournier (Hint) en guest lors de nos Chabada Sessions l’an dernier. C’est peu dire qu’on attend la suite avec impatience…
Les trois hommes de Hyper Jacuzzi ont quelques années de plus que les Rest Up, mais ils n’ont rien à leur envier en terme de furie épileptique. « Michael Sous E*sta », leur nouveau single qui annonce un premier album lui aussi très attendu, est en effet une véritable baffe electro-post-punk qui ouvre encore de nouvelles perspectives à la musique du trio. Ils seront sur la scène du Chabada le 21 mai prochain, et ça serait totalement idiot de louper ça (si vous voulez notre humble avis) !
Bon, en revanche, c’est bien gentil, mais nous on n’a plus 20 ans, ni 30 ans. Donc on ne va pas tenir cette cadence pendant des heures. Ralentissons donc un brin avec deux nouvelles live-sessions de Zentone. La dernière fois, on vous a présenté leur deux nouveaux singles joués live pour Baco. Cette fois-ci, le groupe angevino-lyonnais (rencontre de Zenzile et High Tone pour les retardataires) ressort du chapeau deux des tubes de leur précédent album, et c’est toujours aussi classe. Du dub-reggae cosmique à souhait. Les darons ont l’air en forme, ça sent bon pour la future tournée !
On termine avec le nouveau single d’Ennio. La nouvelle photo de presse accompagnant la sortie de ce « Cri du Corbeau » donne le ton : le jeune rappeur devient de plus en plus gothique dans ses thématiques et ses ambiances crépusculaires. Dans ce nouveau single, Ennio explore ainsi les effets du deuil et ses propres réactions face à la perte d’un être cher. L’instrumentale fourmille comme d’habitude de petits détails qui renforcent cette atmosphère très cinématographique chérie par Ennio et son équipe. Pour que le plaisir fût encore plus intense, il eut peut-être juste fallu que le morceau dépassât les deux minutes (ok, j’avoue, j’ai vérifié trois fois la concordance des temps pour cette phrase !). Comme quoi c’est en tout cas possible de commencer un article en regrettant que certaines choses prennent trop de temps, et de le terminer en regrettant que certaines autres passent trop vite…
Rédaction : Kalcha