C’est le morceau par lequel la célébrité internationale auprès du grand public arrive enfin… près de trente ans après son enregistrement. Au départ, la chanson fut composée par Walter Donaldson sur des paroles de Gus Kahn pour « Whoopee! », une comédie musicale qui triompha  à Broadway en 1928, et qui sera également portée à l’écran en 1930. Incluse sur le premier album de Nina Simone en 1958, cette reprise fera donc un carton très tardivement, grâce à une pub pour un célèbre parfum en 1987, sans que Nina Simone ne touche de droits sur le morceau en raison d’un contrat de cession signé trente ans auparavant. Entre 1958 et 1987, Nina Simone ne s’était pour ainsi dire plus intéressée à ce morceau et ne l’a que très peu (voire jamais) interprété sur scène pendant cette période. Étrangement, le morceau a pourtant eu un certain succès auprès de la communauté jamaïcaine sur l’île et en Angleterre comme en témoignent plusieurs reprises en reggae.

C’est le premier succès de Nina Simone, qui la place sur l’échiquier du blues et du jazz professionnel en 1958, à la sortie de son premier album « Little Girl Blue ». Pourtant cette fois aussi, il s’agit d’une reprise d’une chanson issue de l’opéra « Porgy And Bess » de George et Ira Gershwin, créé en 1935. En 1948, Billie Holiday s’était déjà emparée de la chanson, mais c’est la version de Nina dix ans plus tard qui marquera les esprits, et à qui on continue de relier la chanson aujourd’hui encore.

C’est probablement aujourd’hui un des morceaux les plus emblématiques de l’œuvre de Nina Simone. Elle a enregistré sa version en 1965 pour son album « I Put A Spell On You », mais le morceau original était sorti l’année précédente et faisait partie de la bande sonore de la comédie musicale anglaise « The Roar of the Greasepaint – The Smell of the Crowd » (dont vous entendrez ci-dessous une version ré-enregistrée quelques mois après le spectacle par un des interprètes de la comédie musicale). Le spectacle fut ensuite présenté à Broadway en 1965 et Nina fut la première à s’en emparer. C’est aujourd’hui probablement un des titres de Nina Simone le plus repris par les groupes actuels (Muse, Meshell Ndegeocello, Michael Bublé, Lauryn Hill, Ben l’Oncle Soul…) mais déjà à l’époque John Coltrane lui-même l’avait enregistré, probablement juste après avoir découvert la version de Nina.

Nina Simone, l’emblème du combat pour les Droits Civiques des Noirs-américains. Et « Mr. Bojangles », un de ses classiques, qui inspira même le récent roman à succès « En attendant Bojangles » (dont l’adaptation cinématographique sort en ce moment-même). Eh bien, ce « Mr. Bojangles » fut au départ l’œuvre d’un chanteur de country, Jerry Jeff Walker, en 1968. Ce qui peut paraître assez éloigné de l’image du mouvement des Droits Civiques. Nina Simone en enregistra une version magnifique dans son album le plus pop « Here Comes The Sun » en 1971, parmi d’autres reprises des Beatles, Bob Dylan et… Claude François (bon, « My Way », quoi !). Bob Dylan lui renvoya l’ascenseur en 1973 en reprenant également « Mr. Bojangles » dans une version beaucoup plus calquée sur celle de Nina que sur l’originale de Jerry Jeff Walker, pourtant plus proche de lui musicalement parlant au départ.

« Sinner Man » était à la base un negro spiritual chanté depuis les tout débuts du 20ème siècle. Le compositeur Les Baxter en enregistra une première version en 1956, régulièrement reprise à la fin des 50s. Mais Nina tua le game en revisitant complètement le morceau dans une version de plus de dix minutes sur son disque « Pastel Blues » en 1965. Ce morceau est devenu un des morceaux les plus forts du catalogue de Nina Simone. Le rappeur Abd Al Malik avait d’ailleurs construit le « Gibraltar » qui a fait son succès en 2006 sur un sample de ce morceau, qui va le remettre au goût du jour auprès d’un public beaucoup plus jeune.