WHAT THE FAKE?!

07.02.2024

Je ne sais pas si vous avez lu cette arnaque incroyable qui vient de se passer à Hong Kong ? Un employé d’un centre financier chinois a effectué des transactions pour un montant total de 26 millions de dollars à la demande d’un de ses supérieurs lors d’une visio-conférence avec certains de ses collègues. Problème, il était en fait le seul véritable être humain participant à cette visio. Tous les autres n’étaient que des deep fakes créés par Intelligence Artificielle. Oooops ! J’espère qu’il ne comptait pas demander une augmentation prochainement… Et dire qu’il y a tout juste un an, personne ou presque n’avait encore entendu parler de ces IA. Comment va-t-on réussir désormais à séparer le bon grain de l’ivraie ? Je vous rassure au moins sur un point : tous·tes les artistes d’ici cité·es dans cet article existent bel et bien. Enfin, je crois…

Pour Da Pontcé, en tout cas, on en est sûr, on les croise régulièrement dans la vraie vie. Le trio de pop dadaïste (constitué pour rappel de deux Des Lions Pour Des Lions et d’un Loire Valley Calypsos) vient de sortir deux titres inédits en live-session : « L’Été » et son épopée pysché-synthétique, et « Opéra », trip krautpop avec envolée de flûte à son paroxysme. Il était question d’un EP il y a quelque temps, qui tarde à venir, nous allons donc mener l’enquête auprès des intéressé·es pour voir où ça en est. Au cas où on aurait finalement eu affaire à des hologrammes.

© Franck Potvin

Cet EP-là est bien sorti en revanche. « Voyages Organik » est la première parution de Lulla Sauvage sous ce nom (mais vous avez peut-être croisé dans d’autres vies la chanteuse Virginie Brebion dans Misstrip, Dandy Dub ou Insan Zoo). Ce nouveau projet explore plus précisément la transe permise par le pouvoir du chant et de la répétition. Armée de ses loopers, Lulla Sauvage embarque donc en cinq titres les auditeurs·rices dans une quête spirituelle qui doit autant à Camille qu’à Dead Can Dance.

Le guitariste de jazz Alex Grenier cherche probablement le même but, mais avec des moyens presque aux antipodes. Son nouvel album « Groov’othéose », sorti le 2 février, n’a pas le moindre soupçon de voix à l’horizon et probablement aucun looper non plus. Et pourtant le quartet embarque lui aussi dans un groove à la cool, entre soul-jazz et funky rock, avec un son très 70s. Comme d’habitude, Alex poste régulièrement des extraits en mode live-session sur ses réseaux sociaux. À les regarder opérer, ça semble tellement fluide et facile que ça en devient presque suspect. Et si… ?

Son nouvel album est sorti lui aussi le 2 février. Pete Byrd revient donc avec son folk-rock bien calibré et maîtrisé, avec néanmoins de nouvelles notes un peu plus country et/ou rock indé fort bienvenues (comme vous pourrez l’entendre par exemple dans ce très beau « Deep Through The Woods » ci-dessous ou encore sur le tout aussi réussi et majestueux « Hummingbirds »). On a souvent cité Ben Harper ou Xavier Rudd pour parler de la musique de Pete Byrd, mais on peut cette fois-ci également évoquer Pearl Jam, Neil Young ou Wilco. De la belle ouvrage dans les nuages.

On reste d’ailleurs dans un nuage puisque c’est le titre du nouveau single de Nathan Simonin en amont d’un 3ème EP. Le chanteur poursuit son périple entre chanson française et pop bricolée, qui pourrait bien séduire entre autres les fans de Vianney. On le sent en tout cas franchir un cap à chaque nouvelle sortie, et cette dernière marche n’est pas la moins impressionnante. On va peut-être aller vérifier son historique de recherches sur Internet…

Ça aussi, c’est louche. Une chanteuse franco-brésilienne dont on n’avait encore pas entendu parler, qui vivrait dans la campagne angevine, et qui donne déjà des concerts à Londres. Et surtout qui sort un p#tain de muito bom single ! La dame s’appelle Bia Lética et sa chanson « Sempre Agora » a assurément le potentiel pour faire chavirer un paquet d’esgourdes. On y découvre un groove chaloupé et nonchalant qui ne dépareillerait pas dans bien des disques multi-platinés, de Manu Chao à Bebel Gilberto, avec une superbe mélodie de trompette (d’un ancien Santa Macairo Orkestar) qui reste dans le crâne pour la journée. C’est ce qu’on appelle une arrivée en fanfare !

Et pour un départ tout en douceur (de cet article), quoi de mieux que le nouveau single de Cornac (la moitié masculine du duo Grise Cornac) qui vient de sortir son deuxième titre en solo ? Comme pour son premier single, Quentin dessine des paysages sonores qui défilent lentement dans notre imaginaire. On pense à Érik Satie, aux Boards Of Canada. Ce « Charente » laisse en tout cas dans un état un peu second, comme engourdi, la tête ailleurs. Là où aucune Intelligence Artificielle ne saura vous duper.

Rédaction : Kalcha