On vous parlait dans notre dernier article du Mag de la part de plus en plus effrayante de fake music générée par IA sur les plateformes de streaming, mais on vient de lire un papier encore plus stupéfiant sur une nouvelle tendance : le slop. Le slop, qu’est-ce que c’est ? C’est une musique générée par IA qui cherche à copier le style d’un·e artiste moyennement exposé·e (pour éviter de se faire choper trop vite), et qui tente alors de détourner des royalties directement sur les pages desdits artistes en jouant sur la confusion du public. Avec plus ou moins de réussite quand même parfois. Le mythique groupe de trash-metal Anthrax a ainsi découvert il y a quelques semaines sur ses plateformes qu’il était devenu l’auteur bien involontaire d’un album d’EDM pas terrible terrible… Un slop pas toujours très propre, donc. Déontologie oblige, nous sommes bien sûr allés investiguer avant de publier cet article : tous les disques qu’on vous présente ci-dessous sont bien d’authentiques œuvres certifiées d’artistes du 49. Vous pouvez lire les yeux fermés. Enfin, on se comprend…
Dans l’un des nombreux reels que le groupe a publiés pour la promo de ce nouvel album, une petite phrase s’est d’ailleurs glissée, comme en écho au présent article : CERTIFIED AI FREE. Et croyez-moi que les gars de Zentone s’y connaissent… en échos, delays, reverbs et autres sorcelleries dub pour nous envoyer dans le cosmos. Ce « Messenger » est probablement ce que Zenzile et High Tone ont fait chacun de plus proche du reggae depuis presque 30 ans. Peut-être parce que tous les morceaux (sauf un) sont ici transportés par la voix d’ange de Jolly Joseph. Mais c’est un reggae débarrassé de son folklore rasta, qui n’en garde que la spiritualité et le groove universels. Il n’y a qu’à écouter « Trouble I See », « Messenger », « Make You Cry » ou « Riverside » pour deviner qu’on tient là quelques classiques instantanés qui vont transformer les foules en un seul corps fluide se déhanchant lentement -presque en lévitation- à tous les concerts… Confirmation début 2026 où le groupe devrait passer défendre ce nouvel album au Chabada. (Spoiler alert : on a vu des bouts de leur résidence la semaine dernière > les darons restent les patrons)
Puisqu’on en est à parler de gens qui transcendent la scène, autant enchaîner avec Grise Cornac. Le duo vient de dévoiler son très beau troisième album, « Premier Ciel », dont on fêtera la sortie ce vendredi 3/10 au Chabada. Ne venez pas pleurnicher après si vous avez loupé le coche. Les concerts de Grise Cornac sont toujours des explosions d’émotions fortes qui vous font vous sentir un peu plus vivant·es… Écoutez par exemple « Nuages » (mais ça marche avec la plupart des chansons de ce disque), le dernier single » sorti sur les plateformes : si vous n’êtes pas soudainement envahi·e d’un long frisson entre euphorie et mélancolie, c’est que vous êtes une IA. Et encore, on n’est pas sûr que Grise Cornac ne réussirait pas à faire frissonner un bot.
Au petit jeu de l’arbre généalogique des musiques angevines, on peut avancer sans trop craindre de se tromper que Grise Cornac a poussé sur la branche Lo’Jo. L’orchestre poétique de Denis Péan a par ailleurs laissé une autre de ses enfants spirituel·les, Coline Linder (dont on s’aperçoit qu’on a honteusement laissé passer le premier EP en solo > on se rattrape au plus vite !), s’occuper de la mise en images d’un des morceaux tirés de son dernier album, « Feuilles Fauves ». Ça s’appelle « Le Temps », et ça n’a visiblement pas de prise sur Lo’Jo.
Bash Barrow est plutôt un enfant du hip hop, mais il aurait assurément pas mal de choses à partager avec Lo’Jo ou Grise Cornac sur la façon d’aimer les mots, la poétique de l’alphabet, les rimes du quotidien. Le chanteur à la voix grave et nonchalante vient de sortir un nouvel EP où folk, bossa nova et rap désenchanté fricotent sur trois titres mélancoliques. Surveillez ce nom, vous allez en réentendre parler…
On vous avait déjà touché quelques mots de cette collaboration il y a quelques mois, Nerlov et le pianiste Romãn (ex-Joanne O Joan) ont remis le couvert avec cet EP « Piano Voix ». Cinq relectures minimalistes et puissantes de quatre morceaux de son dernier album « Pas si grave » + un tiré de l’EP « Prophéties ». On vous prévient, ce disque est dangereux. Attention à ne pas en abuser au risque de l’isolement social, de la perte d’appétit et de longues heures assis·e par terre dans la pénombre. Mais c’est beau.
Décidément, Le Mag du Chabada = toujours premier sur l’actu (locale). On vous avait déjà annoncé le grand retour d’Arnaud Fournier en solo à l’occasion d’un premier titre alors encore orphelin il y a presque deux ans. Le guitariste souffleur de Hint, La Phaze, Dead Hippies ou Atonalist sort bientôt sur l’excellent label Ici D’Ailleurs un premier album sous son seul nom, mais parfois accompagné d’invités de luxe. Comme le chanteur Herman Düne sur ce deuxième titre très post-western sorti en amuse-bouche mais aussi a priori un morceau avec Hervé Thomas, l’autre moitié de Hint, qui constituerait alors la première composition inédite du duo depuis 1999 !
Voici un disque qu’Arnaud Fournier a dû écouter avec intérêt. Le guitariste avait en effet rejoint le trio Rest Up pour une Chabada Session d’anthologie pour les 30 ans de la salle. À l’écoute de ce premier album, il pourra être fier de la relève punk-noise arty dans sa ville d’origine. Ce « Real Sensations » est effectivement une grande réussite : oscillant entre boucan magnétique et morceaux planants, expérimental tout en étant accrocheur, Rest Up a trouvé un juste équilibre qui lui permet d’explorer toutes les facettes de sa personnalité sans perdre en cohérence. Imaginez Refused, Radiohead, Gilla Band et Pneu enfermés 48h dans un local sans fenêtre. Si vous voulez choper un exemplaire vinyle (et vu la beauté de la pochette, ça serait dommage de ne pas le faire), on se retrouve au stand de merch le 7 novembre prochain au Chabada pour une release-party, certes un peu tardive, mais pleine de promesses.
Vous aurez d’ailleurs droit à deux release-parties pour le prix d’une puisque Fragile fêtera également la sortie de son deuxième album, « Big Big Smile », le même soir. Pour vous faire patienter, le groupe emo-core vient de sortir un deuxième très bon single avec à nouveau un clip super classe signé par son guitariste Josic Jegu. Vu son titre et son ambiance plus joviale qu’à l’habitude, on imagine que ce nouveau morceau aura une résonance particulière lors de cette relase-party angevine. Travaillez dès à présent vos levers de genoux !!
Rédaction : Kalcha

