Eustache
Le groupe En Attendant Ana sur scène

UNE VOIX POUR TOUS⸱TES : l’association More Women On Stage

14.05.2025

Une voix pour toustes, c’est une série d’articles pour l’égalité des genres dans les musiques actuelles. Aujourd’hui, nous nous penchons sur le travail de l’association More Woman On Stage.

Le 8 mars dernier au Chabada, s’est déroulée une soirée spéciale en partenariat avec l’association More Women On Stage, afin de mettre en avant une programmation féminine et promouvoir plus largement des espaces pour que les femmes s’épanouissent dans le monde de la musique.

En première partie le groupe d’indie-pop français Championne, dont la chanteuse Mathilde Lejas fait remarquer au public que “C’est bizarre qu’on doive encore faire des événements avec cette étiquette”. Dans la foulée, En attendant Ana, groupe pop-rock teinté de garage, a ébloui les fans venu·es pour l’occasion. Pour finir en beauté, un mix spécial avait été concocté par les deux DJ-setteuses Ana Flash et DJ Poppins du Collectif 112 vkrm où ont retenti des dizaines de tubes de grandes artistes de tous horizons.

Collectif 112 VKRM sur scèneAna Flash et DJ Poppins (112 vkrm) sur la scène du Chabada – mars 2025 © Héloïse Nouet

Plus tôt dans la soirée, j’avais rencontré une des bénévoles de l’association More Women On Stage, Julia Mena Rossini. Témoin et victime de réflexions sexistes et ayant souvent travaillé ou accueilli des groupes masculins, elle s’est très vite ralliée à la cause. Le collectif associatif a été lancé par Lola Frichet, bassiste du groupe punk Pogo Car Crash Control, qui s’est produit plusieurs fois au Chab’ (et de retour le 4 décembre prochain ! (2025)). Forte de son expérience d’artiste en tournée, elle fait le constat que les musiciennes se font rares dans le milieu, et décide, lors d’un concert en juillet 2021, d’arborer sur le derrière de sa basse le slogan “More Women On Stage” écrit en scotch gaffer. La devise est très vite reprise et partagée par d’autres musicien·nes. Avec d’autres, elles décident alors d’en faire des stickers puis passent très vite à l’étape suivante en réalisant en 6 semaines leur première édition du festival à Paris “More Women On Stage festival”.

En dehors de la programmation musicale, elles proposent des masterclass et tables rondes en mixité choisie (ouvertes aux minorités de genre, trans et femmes cis) en laissant carte blanche à une musicienne. Les thématiques varient entre des sujets spécifiques comme la découverte de métiers de la régie, le booking, la technique, dans un but d’autonomie artistique, ou sur des sujets plus généraux comme l’égalité et la parité dans la musique. “On commence à intervenir dans les écoles, auprès de niveaux post-bac dans des filières spécialisées dans le spectacle vivant, et on aimerait le faire de plus en plus.” Cela leur permet alors d’explorer ce milieu sans jugement et de leur donner des armes. “C’est un espace intime, safe et propice à l’échange, pour amatrice et pro, qui permet de sortir de son cocon, trouver des cohésions et se construire un réseau”.

Atelier de bassistes fémininesAtelier Créer Avec Une Basse © Gaëlle Bordier

C’est un peu dans le même principe que les ateliers mis en place par Le Chabada tout au long de cette année, comme “monte ton groupe” ou de découverte/approfondissement de certains instruments. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs eu lieu l’après-midi de cette journée du 8 mars, en concertation avec l’association.

Une fois l’association constituée, les sollicitations furent nombreuses de la part des salles de concerts ou autres collectifs en dehors de Paris, preuve que le sujet importe. La thématique pouvait cependant devenir un moyen de se racheter une conscience féministe auprès des programmateurs, et profiter de l’aura de l’asso. Malgré tout, Julia constate que les mentalités changent, les organismes de subventions axent d’ailleurs beaucoup leurs financements dans ce domaine et les organisateur·rices des festivals en prennent conscience et font attention à proposer des programmations plus paritaires.

Dans notre festival à Paris, on est à 60-70% de femmes, sur et derrière la scène. On fait nos actions de notre côté, on propose des programmations et on montre que c’est possible. Mais quand on lit les statistiques, 14% de lead féminin sur scène, on est loin d’un semblant d’équité”.

Dans l’organisation du festival, l’équipe est entièrement féminine. Pour la technique, elles demandent à la salle de spectacle Petit bain d’engager un maximum de femmes. “C’est agréable de ne bosser qu’avec des femmes, ça permet de se remettre en question et d’avancer. Même si on marche un peu sur des œufs, on aimerait bien s’affirmer un peu plus mais nous sommes toutes à peu près d’accord sur les principes généraux. “ Elles étaient 4 au départ, et 10 aujourd’hui, ce qui fait beaucoup de travail pour une petite équipe totalement bénévole ! Concernant le public, il n’est pas que féminin, “Ça touche beaucoup les minorités de genre, les femmes et les jeunes mais toutes les générations peuvent s’y retrouver. On ne fait pas un festival que pour des gens acquis à notre cause, c’est pour cela qu’on va ailleurs qu’à Paris.

Logo More Woman On Stage
L’association tient, par ailleurs, simplement sur les recettes du merch (vêtements et stickers) avec quelques financements par le CNM (Centre national de la musique). Bien que pas directement touchée par les baisses de subventions, celles-ci auront évidemment des impacts sur les salles qui la contactent. Alors soutenez le travail de l’association en assistant à la 4ème édition du festival le 13 et 14 juin prochain à Paris !

Shotgun Live
More Woman On Stage – le site

Rédaction : Angélique Meih

Angélique :
Passionnée d’art et d’événements culturels  depuis toujours, c’est tout naturellement qu’elle a voulu en faire son métier. Vous la croiserez dans les salles obscures du cinéma, durant les concerts de Chabada, dans les festivals du coin, et plus encore ! 

Eustache
Eustache, le Fanzine des bénévoles du Chabada, s’intéresse à celles et ceux qu’on n’entend pas forcément au Chabada. Vous ! Les usager·es de ce lieu. Spectateur·rices, passionné·es, musicien·nes amateur·rices, membres de la scène locale, ce Fanzine veut mettre en lumière tout ce qui vous fait aimer cette salle qui vient de fêter ses 30 ans.